vendredi 29 novembre 2024 18:47

La binationalité, ce "cadeau empoisonné"

Souvent perçue comme un luxe parce qu’elle permet de choisir entre deux sélections, la binationalité peut vite se transformer en "cadeau empoisonné" pour les joueurs concernés, dixit le néo-international congolais Cédric Bakambu. Cloué au pilori après avoir fait faux bond à l’Algérie, Nabil Fekir vient de l’apprendre à ses dépens.

"On ne choisit pas ses parents, on ne choisit pas sa famille", dit le proverbe. Un adage dont les joueurs binationaux pourrait faire leur hymne. Bien loin de l’image dorée qu’elle renvoie au premier abord et des jalousies qu’elle peut susciter, la binationalité ne représente pas toujours un avantage. Au contraire. Pour Cédric Bakambu, elle peut même se transformer en "cadeau empoisonné".

Né en France et international tricolore jusqu’en U20, l’attaquant de 23 ans vient tout récemment de répondre favorablement à l’appel de la RD Congo, le pays de ses origines (il s’est blessé en club depuis et ne pourra tenir sa place). Non sans avoir hésité pendant quelques années. "J’ai été en contact avec la RDC depuis deux ans via Claude Le Roy (ancien sélectionneur, ndlr). Je m’étais laissé le temps de la réflexion", rappelle-t-il à Lequipe.fr.

Bakambu : "Plein de paramètres à prendre en compte"

"C’est une décision hyper difficile, parce qu’elle est lourde de conséquences et qu’il y aura forcément de la déception dans l’un des deux camps", explique l’ancien Sochalien. "D’un côté, il y a la famille, les amis, la carrière, de l’autre, l’histoire de chacun. Il y a plein de paramètres à prendre en compte. J’ai suivi l’histoire de Nabil Fekir, ça a dû être un choix difficile pour lui aussi."

En faisant faux bond aux Fennecs, le Lyonnais s’est attiré la foudre des supporters algériens. Désormais surnommé le "harki" (Algériens qui ont combattu du côté de la France pendant la guerre d’indépendance, ndlr), il a aussi profondément déçu son grand-père, apparu au bord des larmes à la télévision algérienne.

"Nous sommes toujours sous le choc. On ne s’attendait pas du tout à ce que Nabil choisisse la France. On avait vraiment espoir de le voir porter un jour les couleurs nationales, mais que voulez-vous...", déplore l’ancien. "Bien sûr qu’on est énormément déçus. Pourtant, il m’avait assuré qu’il allait jouer pour les Verts et même son père était confiant. Je ne comprends pas ce qui s’est passé".

Afin d’éviter de se retrouver dans pareille situation, certains binationaux choisissent… de ne pas choisir. Quitte à faire une croix sur une carrière internationale. Né en France d’un père sénégalais et d’une mère marocaine, le "tri-national" Abdoulay Konko a régulièrement été annoncé dans les petits papiers des trois sélections lorsqu’il était au sommet de son art en 2009/2010.

Konko : "Epargner des souffrances à mes parents"

Mais le défenseur notamment passé par la Lazio Rome et le FC Séville n’a jamais franchi le pas. De peur de faire mal autour de lui. "J’ai été appelé par le Maroc et le Sénégal mais j’ai décliné respectueusement parce que je ne voudrais pas blesser l’un ou l’autre de mes parents en choisissant une sélection plutôt qu’une autre", confiait-il récemment à la BBC. "Je ne voulais pas créer des tensions dans ma famille, j’ai décidé de rester neutre".

"J’aime mes parents et je préfère leur épargner les souffrances engendrées par la réaction de fans déçus. Personne n’en serait sorti vainqueur", assure le Laziale qui dément avoir snobé les deux sélections africaines. "J’ai lu dans la presse que j’attendais d’être appelé en équipe de France. Ce n’est que pure spéculation." C’est souvent le lot lorsqu’il est question de binationaux.

22 MARS 2015, ROMAIN LANTHEAUME

Source : afrik.com

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