Le gouvernement autonome de Catalogne n'appliquera pas la décision de Madrid sur l'interdiction de la gratuité des soins médicaux au profit des sans-papiers, dont l'entrée en vigueur est prévue à partir du premier septembre, a réaffirmé, dimanche, un responsable catalan.
Engagé dans une politiqué d'austérité sans précédent, le gouvernement conservateur espagnol avait annoncé, en avril, que les sans-papiers n'auront plus le droit, à partir du premier septembre, d'accéder aux prestations médicales gratuites en vertu d'une nouvelle réforme du système de santé.
Cette décision "est de nature à aggraver davantage la situation de marginalité dont souffre ce collectif", a mis en garde Xavier Bosch, directeur général de l'Immigration du gouvernement catalan, soulignant que l'accès à la santé est un "droit universel".
M. Bosch a également exprimé le soutien de la Catalogne à l'initiative d'un mouvement de médecins espagnols "objecteurs de conscience" qui ont fait part de leur rejet d'appliquer la décision de Madrid, accusant le gouvernement espagnol de "faire l'amalgame entre tourisme sanitaire et immigration".
La décision de Madrid "porte un coup dur à l'Etat de bien-être, dans la mesure où elle ne vise pas seulement les étrangers sans-papiers, mais aussi les Espagnols qui ne cotisent pas à la sécurité sociale", a encore estimé le responsable catalan.
La décision de Madrid de priver les sans-papiers de la Carte sanitaire a suscité l'indignation des partis politiques et des ONG de défense des droits des immigrés en Catalogne. Le Médiateur de cette communauté autonome, Rafael Ribo, a défendu, la semaine dernière, le droit des immigrés sans-papiers d'accéder gratuitement aux soins de santé dans les hôpitaux publics d'Espagne, précisant que des recommandations seront adressées prochainement à ce sujet à l'exécutif régional.
Pour pouvoir bénéficier gratuitement du système de santé espagnol, les étrangers doivent être affiliés à la Sécurité sociale et payer des impôts.
Selon une information rapportée par le quotidien espagnol El Pais, les sans-papiers désireux de recevoir des soins médicaux dans les hôpitaux publics doivent souscrire à une assurance de 710 euros par an, qui peut atteindre jusqu'à 1.864,80 euros pour les personnes de plus de 65 ans. Le gouvernement espagnol compte ainsi réduire les dépenses de la santé publique d'un milliard d'euros.
Outre les sans-papiers, les Espagnols ayant des revenus annuels supérieurs à 100.000 euros et qui ne cotisent pas à la Sécurité sociale ainsi que les ressortissants européens qui profitaient du système de santé espagnol dans le cadre du "tourisme sanitaire" seront privés de la gratuité des soins.
L'exécutif catalan avait "déploré" en mai cette décision "unilatérale" de Madrid, soulignant qu'il envisage de mettre en place un "mécanisme administratif", en vue de permettre aux immigrés sans-papiers de continuer à bénéficier gratuitement des soins médicaux.
D'après les médias espagnols, plus d'un demi-million de sans-papiers se verraient privés de la Carte sanitaire à laquelle tous les immigrés, justifiant d'un certificat de résidence municipale, pouvaient prétendre.
En vertu de cet amendement, l'accès aux soins de cette catégorie d'étrangers, hors pays de l'Union européenne, sera limitée aux seuls cas d'urgence médicale, d'accouchement et du suivi des enfants mineurs.
Les familles des immigrés, légalement établis en Espagne, n'ayant pas encore obtenu leurs papiers devront se contenter, elles aussi, de ce service minimum.
12 août 2012
Source : MAP
La Catalogne n'appliquera pas la décision de Madrid sur l'interdiction de la gratuité des soins médicaux au profit des sans-papiers (responsable)
Publié dans Médias et migration
- Cinéma et Migration : Entretien avec le réalisateur Moumen Smihi sur l'évolution de l'image de l'immigré à l'écran
- Nora El Hourch : Une réalisatrice engagée, porte-voix des femmes et des invisibles
- Selon une étude, l’Allemagne doit attirer 288 000 travailleurs étrangers par an
- Partenariat NIMAR-CCME: Rencontre avec Chafina Bendahmane
- Une étude de l’Insee met en lumière les paradoxe de l’intégration en France