mercredi 27 novembre 2024 01:21

"La crise migratoire attise un feu qui consumait déjà l'opinion publique"

Face à la montée du nationalisme en Europe, le sociologue français Erwan Lecoeur estime mercredi dans une interview à la RTS que l'arrivée des migrants entretient un feu déjà existant dans l'opinion publique.

Interrogé dans le Journal du matin de la RTS, Erwan Lecoeur explique que le phénomène de repli nationaliste que connaissent des pays comme la Croatie, la Hongrie, la Pologne ou la France est plus large qu'une réaction à l'arrivée des migrants ou à "l'islamisation" des sociétés européennes.

Les mouvements d'extrême droite ont tous en commun le rejet du système politique traditionnel né après la Seconde Guerre mondiale. Ils insistent sur des clivages non pas sociaux, mais basés sur d'autres questions, dont celle de l'ethnicité.

Les "petits Blancs" concurrencés par la mondialisation

La crise migratoire actuelle intervient dans un contexte où tout est fait pour mettre le feu au poudre, poursuit le sociologue et politologue français. "L'Europe a longtemps été la 'maîtresse du monde', mais les 'petits Blancs' sont concurrencés depuis plusieurs décennies par la mondialisation", explique-t-il.

Les migrants se retrouvent être un bouc émissaire par effet de rebond, "alors qu'ils ne sont encore que quelques centaines de milliers, soit un petit nombre par rapport aux centaines de millions attendus à la suite de la crise climatique qui s'annonce selon la COP21".

La "déploration" d'un âge d'or

Pour Erwan Lecoeur, ce n'est pas une peur qui s'exprime dans l'opinion publique, mais une "déploration d'un monde ancien bien meilleur", d'un âge d'or mythique durant lequel le monde était plus ordonné, plus simple et dont on comprenait les règles sociales.

Pour répondre à ces phénomènes, il faut proposer une autre vision du monde, estime le chercheur, et aider les minorités actives qui inventent le monde de demain.

2/2/2016

Source : rts.ch

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