mardi 26 novembre 2024 12:36

La difficile évacuation des étrangers aux frontières de la Libye

Près de 150 000 personnes se sont réfugiées en Tunisie et en Égypte depuis dix jours. L’Organisation internationale pour les migrations en prévoit plusieurs milliers au Niger

La situation a atteint un niveau de « crise » à la frontière entre la Libye et la Tunisie, s’est alarmé mardi 1er mars le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR). Selon les autorités tunisiennes, 75 000 personnes fuyant la Libye l’ont franchie depuis le 20 février.

L’Organisation internationale pour les migrations (OIM), qui fait état de « scènes de chaos », poursuivait mardi 1er mars évacuations, commencées lundi 28 février.

« Un besoin urgent d’assistance »

Environ 1 450 Égyptiens ont pris un bateau à Sfax vers le port égyptien d’Alexandrie. Cinq avions transportant 900 Égyptiens devaient aussi quitter l’île tunisienne de Djerba vers Le Caire. Le dispositif avait déjà été mis en œuvre lundi 28 février.

D’autres vols étaient programmés pour rapatrier des Bangladeshis. L’OIM venait aussi en aide,mardi 1er mars, à 1 000 Vietnamiens. D’autres groupes ont « un besoin urgent d’assistance », dont des Népalais, des Ghanéens et des Nigérians dormant dehors malgré des « températures glaciales ».

750 Bangladeshis devaient aussi partir du Caire vers leur pays

À la frontière entre la Libye et l’Égypte, franchie elle aussi par environ 70 000 personnes les jours derniers, la situation est un peu plus « stabilisée », selon Jean-Philippe Chauzy, porte-parole de l’organisation. 216 Ghanéens ont été transférés vers Le Caire, d’où un avion a décollé pour le Ghana.

Trois avions transportant 750 Bangladeshis devaient aussi partir du Caire vers leur pays. L’OIM essayait par ailleurs d’organiser des évacuations par bateau depuis Benghazi, en Libye. Les migrants ont aussi commencé à affluer à la frontière de la Libye avec le Niger. L’OIM se préparait mardi 1er mars à accueillir plusieurs milliers de personnes dans cette zone les jours prochains.

L’organisation « travaille 24 heures sur 24 pour mettre en place des structures d’accueil aux frontières », indique Jean-Philippe Chauzy. Samedi, un avion-cargo affrété par le HCR, transportant plus de 100 tonnes de matériel humanitaire pour aider 10 000 personnes, a atterri en Tunisie. Deux nouveaux avions sont prévus jeudi 3 mars.

« Décongestionner les zones frontalières »

Mais les deux organismes rappellent qu’il est essentiel de « décongestionner les zones frontalières », en particulier tunisienne. « Face à la pression migratoire, il faut que le programme d’évacuation humanitaire monte très vite en puissance », explique Jean-Philippe Chauzy. L’OIM a renouvelé son appel, lancé vendredi 25 février, à une aide d’urgence de 8 millions d’euros.

L’OIM et le HCR sont aussi très préoccupés par la situation des ressortissants d’Afrique subsaharienne « bloqués » en Libye, assimilés à des mercenaires étrangers de Kadhafi (lire ci-dessus). Leurs bureaux à Tripoli reçoivent des appels de détresse de ces migrants « effrayés et terrés chez eux », parmi lesquels figurent des réfugiés et des demandeurs d’asile.

Jean-Philippe Chauzy regrette que l’« équipe de l’OIM à Tripoli n’ait pas les moyens d’aider » cette population prise au piège, en raison des dangers encourus.

1/3/2011, Camille LE TALLEC

Source :AFP/ La Croix
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