samedi 30 novembre 2024 06:26

La France et l’Allemagne encouragent la Turquie à juguler les départs de cargos de réfugiés

La Turquie est dans la ligne de mire. Au goût des ministres français et allemands de l’intérieur, elle a trop fermé les yeux sur les départs de cargos de migrants à destination de l’Europe.

Bernard Cazeneuve et son homologue allemand, Thomas de Maizière, viennent donc d’adresser une lettre au commissaire européen à la migration, Dimitris Avramopoulos, l’enjoignant de renforcer la coopération avec cet état qui « constitue au regard de la problématique de la traite et du trafic des personnes dans la zone méditerranéenne, un partenaire particulièrement important ».

Le 31 décembre 2014 et le 2 janvier, alors que l’Europe était assoupie entre deux réveillons, deux « cargos poubelle » ont accosté sur les côtes du sud de l’Italie avec 1 200 migrants à leur bord, tous Syriens. Ces deux bateaux fantômes, à la dérive aux abords des côtes de l’Italie, ont dû être secourus, faute de quoi les migrants, abandonnés par les passeurs, étaient en danger de mort. Le Blue Sky M, c’est le nom du premier, et l’Ezadeen, le second, étaient tous deux partis du port de Marsin au sud de la Turquie. Or la missive des deux ministres rappelle que ces deux cargos ne sont pas des cas isolés et que « cinq autres cas ont été enregistrés » entre septembre et début décembre.

Plus globalement, durant l’année 2014, ce sont 150 000 migrants qui auraient emprunté la très meutrière route de la méditerranée, aux mains de passeurs pour tenter de pénétrer la forteresse Europe, la situation en Irak et en Syrie ayant encore au fil des mois renforcé les masses de réfugiés en quête d’une nouvelle vie.

Un contrôle actif « 24 heures sur 24 »

Face à cette situation, MM. Cazeneuve et de Maizière demandent aujourd’hui qu’on associe davantage la Turquie, certes, mais aussi qu’on élargisse les missions de Frontex, l’agence européenne chargée de la surveillance des limites extérieures de l’espace Schengen. « Frontex devrait, être sollicitée encore plus intensément, précise le courrier. Il serait en particulier souhaitable que Frontex et l’Agence européenne pour la sécurité maritime coopèrent plus étroitement afin de mettre en place, sous les hospices de l’agence, un dispositif complémentaire de surveillance aérienne ou maritime des mouvements de bateaux suspects à proximité des côtes turques ou chypriotes ». Un contrôle actif « 24 heures sur 24 ».

L’idée des deux ministres reste « d’empêcher les départs depuis les côtes turques ». Il en va de « la crédibilité de l’Union européenne » estiment-ils, précisant que « ces pays doivent être mis en mesure » de faire cesser ce trafic. Un usage du passif qui en dit long sur la prise en main souhaitée de la part de l’Union.

La réponse du commissaire Dimitris Avramopoulos devrait arriver avant la révision de la politique migratoire européenne, attendue pour le printemps. Le courrier franco-allemand cherche à cadrer les discussions. Depuis le 16 janvier, l’agence Frontrex, qui va fêter ses dix ans au printemps, est dirigée par un Français, Fabrice Leggeri. Sa mission risque d’être plus large que celle de son prédécesseur.

06.02.2015, Maryline Baumard

Source : lemonde.fr

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