jeudi 28 novembre 2024 21:36

La grande migration humaine serait passée par l'Egypte

Voici une soixantaine de milliers d'années, des humains commençaient à s'installer en Europe et en Asie. Peu à peu, ils allaient remplacer les populations qui les avaient précédés, notamment l'Homme de Néandertal. Venus d'Afrique, ces Homo Sapiens étaient les ancêtres des Européens et Asiatiques d'aujourd'hui.

L'un des objectifs des scientifiques qui étudient cette période est de retracer le chemin pris par ces migrations humaines. Deux grandes théories s'opposent : celle qui privilégie un passage par le nord (l'Egypte), et celle qui verrait un passage plus à l'est, via l'Ethiopie et la Péninsule Arabique.

Deux études récentes viennent éclairer le débat, et dévoilent des éléments importants sur ce qui s'est produit durant cette période clé de notre (pré) histoire. La première, publiée dans The American Journal of Human Genetics, s'est appuyée sur la génétique : une équipe du Wellcome Trust Sanger Institute et de l'université de Cambridge (Angleterre) emmenée par le Dr Luca Pagani a analysé les gènes d'un échantillon de populations égyptiennes et éthiopiennes modernes, et ont déduit qu'il y avait une plus grande similarité génétique entre les Egyptions et les Eurasiens qu'entre les Ethiopiens et les Eurasiens. Les chercheurs ont ainsi pu déterminer que "les gens hors d'Afrique se sont séparés des génomes égyptiens plus récemment que de ceux des Ethiopiens : 55000 ans contre 65000 ans, ce qui confirme l'idée que l'Egypte était la dernière étape sur la route hors d'Afrique".

"Même si nos résultats ne résolvent pas les controverses sur la chronologie et les complexités possibles de l'expansion hors d'Afrique, elles peignent un dessin clair dans lequel la migration hors d'Afrique suit une route vers le nord plutôt que vers le sud", assure le Dr Toomas Kivisild, du département d'archéologie et d'anthropologie de l'université de Cambridge, et co-auteur de l'étude.

Et après l'Egypte ? C'est là qu'intervient la seconde étude, qui vient de paraître dans la revue PNAS. Cette fois, ce ne sont pas les gènes qui parlent, mais... les mollusques ! Une équipe internationale de chercheurs a analysé les fossiles de coquilles trouvées sur le site de Ksâr ‘Akil, au Liban. Les scientifiques ont pu dater les mollusques consommés par ces humains préhistoriques, qui ont donc utilisé des outils de pierre correspondant à une technologie plus avancée qu'auparavant... et ce avant l'apparition de ces technologies en Europe et en Asie.

"Le problème est que nous n'avons que peu de restes humains associés au paléolithique supérieur, que ce soit au Levant ou en Europe", explique Jean-Jacques Hublin, professeur au Max Planck Institute for Evolutionary Anthropology.

"L'importance de Ksâr ‘Akil réside dans le fait que nous avons deux fossiles humains modernes, surnommés 'Ethelruda' et Egbert par les auteurs des fouilles originelles, associés avec des outils du paléolithique supérieur", précise Marjolein Bosch, auteur principal de l'étude. Des ensembles d'outils similaires "ont également été découverts dans d'autres sites au Levant et en Europe. Leur association au Proche-Orient suggère une dispersion de population du Moyen-Orient vers l'Europe entre 55 000 et 40 000 ans dans le passé", ajoute la scientifique.

Les deux études, publiées séparément et à seulement quelques jours d'intervalle vont donc dans le même sens... On aurait ainsi assisté à une installation d'Homo Sapiens sur les côtes aujourd'hui libanaises, qui aurait suivi la migration au travers de l'Egypte, étape avant la colonisation de l'Europe et de l'Asie...

03/06/2015, JP Fritz

Source : nouvelobs.com

Google+ Google+