mercredi 27 novembre 2024 15:44

La santé des vieux immigrés passée à la loupe

Les travailleurs immigrés n’ont pas tous pu repartir au pays à l’âge de la retraite. Certains vivent toujours dans leur foyer et leur état de santé est parfois préoccupant.

s sont arrivés en France prêts à travailler dur pour pouvoir ensuite retourner au pays avec les signes extérieurs de la réussite. Quarante ans plus tard, à l’approche de la retraite, ou déjà retraités, la plupart occupent toujours les mêmes chambres des foyers pour migrants avec pour certains une santé déclinante.

Dans quelles proportions, personne ne le sait? Pour répondre justement à cette question, le réseau de santé Carmad, soutenu par l’agence régionale de santé (ARS), a décidé de lancer une vaste enquête auprès des résidants de plus de 50 ans dans 14 foyers Adoma pour travailleurs immigrés des Yvelines. Une tranche d’âge loin d’être anodine.

Aujourd’hui, 27% des résidants de ces établissements ont plus de 66 ans, et 13% plus de 71 ans, soit une moyenne de 40% de personnes vieillissantes ou âgées.

Dépister d’éventuels problèmes sanitaires

« La majorité des gens qui sont dans ces foyers sont en rupture sanitaire. La barrière de la langue, l’absence immédiate de médecin, la précarité… en sont les principales raisons, explique Marie-Thérèse Roos, la présidente du Carmad. L’objectif est de faire un bilan de leur santé afin de dépister d’éventuels problèmes sanitaires, puis d’assurer un suivi avec un plan de soins et une aide individualisée. » Pour cela, toute l’équipe, des infirmières, un médecin gériatre, se rend dans les foyers pour une journée de diagnostic.

Une initiative plutôt bien perçue par les résidants. « C’est important de prendre soin de soi », indique Diabé, sénégalais, qui a pris conscience de sa fragilité après un accident du travail en 2001. L’homme se livre volontiers aux examens — prise de tension, dépistage de diabète, tests d’acuité visuelle, saturation… — et au questionnaire qui l’accompagne. Au cours de l’examen, l’infirmière découvre que l’homme est en hypoglycémie. Avec ses deux emplois, il a oublié de manger. « J’ai une famille au pays, je ne peux pas rester sans bosser », indique Diabé avec un grand sourire. Cette consultation permet à un autre résidant de dire que cela fait des années qu’il « ne voit pas de l’œil gauche ».

Certains des hommes auscultés seront adressés à un hôpital de jour pour des examens complémentaires. « Ces gens minimisent énormément leurs pathologies, indique Céline, une des infirmières. J’ai rencontré deux personnes avec des valves cardiaques, un autre avec une jambe quasiment morte et pour eux tant qu’il n’y a pas de signes alarmants ça roule. Aussi, il est important qu’ils se rendent compte qu’ils peuvent être acteurs de leur santé. »

10.04.2012 Véronique Beaugrand

Source : Le Parisien

Google+ Google+