Le Maroc, qui est doté d'une vision stratégique, jouit d'une stabilité politique "exceptionnelle" sur la rive sud de la Méditerranée ce qui lui a valu d'être "considéré comme un partenaire fiable de l'Europe", a affirmé le président du Sénat italien, Pierre Grasso.
"Le Maroc a eu le mérite de prévoir, prévenir et résoudre les problèmes qui pouvaient découler du printemps arabe avant qu'ils ne se présentent. Il est, en effet, doté d'une vision stratégique. C'est pour cette raison qu'il est, géopolitiquement, un pays important dans le Maghreb", a indiqué M. Grasso dans un entretien publié jeudi par le quotidien "Le Matin du Sahara et du Maghreb".
Le président du Sénat italien, qui a effectué une visite officielle dans le Royaume, du 2 au 4 février, à l'invitation de son homologue Mohamed Cheikh Biadillah, a souligné que "le Maroc et l'Italie ont la possibilité d'œuvrer, ensemble, dans le cadre de l'intégration européenne. Le Maroc est considéré comme un partenaire fiable de l'Europe. Nous devons travailler ensemble pour favoriser cette stabilité. Et dans ce cadre, le Maroc peut jouer un rôle important".
Après avoir fait remarquer que le Maroc est le premier pays arabe de la Méditerranée qu'il visite, M. Grasso a souligné qu'"il s'agit d'un choix au vu de l'importance géopolitique et stratégique dans le monde arabe et dans la Méditerranée", ajoutant que "le Maroc est un partenaire essentiel pour l'Italie sur le plan politique, économique, social et culturel".
"Les différentes entrevues que j'ai eues avec les responsables marocains ont confirmé la pertinence de mon choix", a-t-il affirmé.
Lors de son séjour dans le Royaume, le président du Sénat italien a eu des entretiens avec les présidents des Chambres des représentants et des conseillers et avec le Chef du gouvernement, Abdelilah Benkirane.
M. Grasso qui a tenu à souligner l'excellence des relations maroco-italiennes a, néanmoins, soulevé la nécessité de leur insuffler une nouvelle dynamique sur le plan économique.
"L'Italie et le Maroc ont des problèmes communs. En tant que représentants des deux pays, nous devons essayer de promouvoir le développement et la croissance dans une conjoncture marquée par les aléas de la crise", a-t-il dit, estimant que pour atteindre les objectifs escomptés, "il est important d'engager des investissements publics et privés dans tous les secteurs prometteurs, notamment les infrastructures et les énergies renouvelables. Il est lieu d'inciter les entreprises italiennes à investir au Maroc et les entreprises marocaines à faire de même en Italie".
Pour lui, la présence de la communauté des Marocains résidant en Italie, qui constitue la première communauté étrangère en dehors de l'UE avec quelque 600.000 ressortissants marocains, "crée un lien fort entre les deux pays d'autant plus qu'il s'agit d'une communauté bien intégrée, qui travaille et produit".
Répondant à une question sur la responsabilité qui incombe aux Parlements des deux pays pour promouvoir davantage les relations bilatérales, le président du Sénat italien a relevé que "j'ai toujours été convaincu que la diplomatie parlementaire est de la plus haute importance, car elle instaure les bases pour le développement des relations gouvernementales et diplomatiques. Des groupes d'amitié au niveau de la Chambre des représentants et celle des conseillers œuvrent dans ce sens-là".
Abordant l'impact négatif des flux migratoires sur les deux pays, M. Grasso a indiqué que "le Maroc, comme l'Italie, souffre du problème de la migration à plusieurs facettes. Ils sont, à la fois, des pays de transit et de destination permanente (Syriens, Subsahariens)", soulignant qu'outre la politique d'accueil, "il s'avère nécessaire de se doter d'une politique de répression contre la prolifération du crime organisé. Certains immigrés s'adonnent, en effet, à des trafics liés à la traite des êtres humains, à la drogue et au terrorisme".
Le Sénat italien a voté en janvier en faveur de l'abrogation de la loi criminalisant l'entrée clandestine sur le territoire national au moment où plusieurs pays européens ont tendance à resserrer l'étau autour des immigrés, a-t-il dit, ajoutant "le clandestin ne doit être incriminé que lorsqu'il commet des délits. Lampedusa n'est pas que la frontière de l'Italie, mais aussi de l'Europe. Dans ce cadre-là, on a besoin de l'aide de l'Europe pour faire face aux problèmes de l'immigration. Il est essentiel de se doter d'un plan d'immigration pour évaluer les besoins de chaque pays en matière d'emploi. Il faut des accords pour créer une porte légale facilitant les mouvements des immigrés. On doit travailler sur ce point-là et le développer", a-t-il dit.
06 fév 2014
Source : MAP