dimanche 24 novembre 2024 21:00

Le recul de l’immigration menace la croissance de la zone OCDE

Le flux migratoire est en recul au sein des pays de l'OCDE, à cause d'un marché de l'emploi difficile. Mais à contre-courant, l’immigration a continué à augmenter à l’intérieur des frontières belges.

Sur l’année 2008, 4,4 millions de migrants se sont installés dans un des pays de l’OCDE. En un an, le flux migratoire a reculé de 6%. Un  retrait directement lié à la crise économique internationale. Au cours des cinq années précédentes, le mouvement avait connu une croissance annuelle moyenne de 11%.

Pour l’Organisation de coopération et de développement économiques, le reflux est lié à la baisse de la demande de travailleurs étrangers dans les entreprises des pays industrialisés. "La tendance s’est poursuivie en 2009 et ne devrait pas s’inverser avant 2011, note John Martin, responsable emploi et affaires sociales auprès de  l’organisation. Le climat économique a beau s’améliorer, le marché de l’emploi reste mauvais."

Dans la nouvelle édition des "Perspectives des migrations internationales" présentée hier, l’OCDE constate que les travailleurs migrants ont plus souffert de la détérioration de l’emploi. Et parmi eux, les plus touchés ont été les jeunes et les hommes. Mais le constat n’est pas uniforme. Les pays où les flux sont traditionnellement plus importants comme l’Espagne ou la Grande-Bretagne ont plus souffert. Et les secteurs qui emploient plus de main d’oeuvre immigrée comme la construction ont aussi été ceux qui ont le plus subi la crise.

"Si l’emploi masculin a trinqué, on constate dans la plupart des pays une augmentation de l’emploi immigré féminin, note le secrétaire général de l’OCDE Angel Gurria. Les femmes se sont mises en quête d’un travail pour compenser la perte de revenu de leurs conjoints."

Mais si l’OCDE et, à travers elle, l’Union européenne s’inquiètent, c’est parce que le vieillissement de nos populations rendra ces mouvements nécessaires pour combler les demandes des entreprises en termes d’emploi une fois la croissance repartie.

"Les gouvernements gèrent assez mal le problème des migrations en période de crise en adoptant des politiques plus restrictives, il faut regarder sur le long terme", observe Angel Gurria. Et selon l’étude de l’OCDE, une des mesures les plus importantes à prendre est de faciliter l’accès aux naturalisations.

Et en Belgique?

Contrairement au mouvement enregistré au sein des pays de l’OCDE, l’immigration a continué à augmenter à l’intérieur des frontières belges. En 2008, 43.900 personnes ont obtenu un permis de résidence contre 40.300 un an plus tôt. C’est 9% de plus. Malgré cela, la migration nette en Belgique reste inférieure à la moyenne OCDE.

La migration liée au travail reste aussi en hausse. En 2008, dernière année de statistiques complètes, la Belgique a accordé 25.000 permis de travail, 8% de plus en un an et, précise le rapport, un quasi doublement depuis 2006. Il s’agit pour la plupart de permis pour des travailleurs peu qualifiés et essentiellement originaires des nouveaux pays membres de l’Union européenne. La moitié de ces "visas de travail" a été accordée à des ressortissants polonais, 5.500 à des Bulgares et des Roumains.

Les travailleurs hautement qualifiés sont proportionnellement en recul. Ils ne représentent plus qu’un sixième des migrants pour raisons professionnelles alors qu’ils étaient encore un tiers en 2006. Parmi ceux-ci,on compte 2.000 Indiens, 700 Américains, 500 Japonais et 350 Chinois.

Même avec un taux assez faible par rapport à l’ensemble de la population, le phénomène migratoire assure, en Belgique, 70% de la croissance démographique de ces dernières années. Mais les nouveaux entrants connaissent toujours plus de difficultés à s’intégrer dans le monde du travail.

En 2008, le chômage chez les hommes nés hors du territoire belge atteignait 15,3% contre seulement 5,5% parmi ceux qui sont nés en Belgique. Au niveau des femmes, les chiffres sont encore un peu plus élevés (15,7% contre 6,8%). En poussant l’analyse plus loin, on constate aussi que les ressortissants de l’UE sont moins atteints par le chômage (9%) que ceux qui sont nés hors de l’espace communautaire (20,7%).

Source : L’Echo.be

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