lundi 25 novembre 2024 06:15

Le torchon brûle entre Paris et Bruxelles

La controverse sur le renvoi de Roms a plongé les relations entre la France et l’UE dans une phase de turbulences d’une rare intensité et particulièrement malvenue pour Nicolas Sarkozy au moment où il entend souder les Européens derrière sa présidence du G20

«La France, en termes d’image, voire sur le plan juridique, va avoir à en pâtir», estime Jean-Dominique Giuliani, président de la Fondation Schuman spécialisée sur les questions européennes. Les renvois de Roms roumains ou bulgares «sont dans l’Europe d’aujourd’hui des mesures qu’on ne peut plus prendre tout seul dans le cadre national, sinon ce sont les valeurs européennes de base qui seront bientôt mises en cause», ajoute-t-il.

La crise couvait depuis le mois d’août. Elle a éclaté cette semaine suite aux révélations sur l’existence d’une circulaire des autorités françaises ciblant spécifiquement les Roms pour les renvois, en contradiction d’engagements donnés par Paris à Bruxelles.

La Commission européenne a tapé mardi du poing sur la table. Elle a menacé la France de poursuites en justice pour non-respect de la législation de l’UE, qualifiant de «honte» l’attitude de Paris et tirant un parallèle avec les déportations de la Deuxième guerre mondiale.

Des termes particulièrement vigoureux à l’aune de l’histoire mouvementée des rapports entre Paris et Bruxelles, où les contentieux ne furent pas rares dans le passé, sur les déficits publics, le protectionnisme économique ou la politique industrielle.

En retour, les critiques fusent du côté français, où dans les rangs du parti de droite du chef de l’Etat (UMP) la parole contre l’Europe se libère.

Le secrétaire d’Etat aux Affaires européennes Pierre Lellouche conteste à Bruxelles le droit de s’ingérer dans les affaires de la France, pays «souverain», le chef des députés UMP, Jean-François Copé, accuse l’Europe de mener «un procès d’intention systématique» contre Paris avec «une arrière pensée politique».

Pendant ce temps, au Parlement européen la réputation de la France se retrouve particulièrement dégradée chez une majorité d’élus de gauche et du camp libéral, qui ont sèchement rappelé à l’ordre Paris sur les Roms la semaine dernière.

Et parmi les pays de l’UE, même si la plupart se retranchent sur le sujet derrière un silence tout diplomatique, la Roumanie n’est plus la seule à émettre des critiques. Le président autrichien a émis mardi des réserves face à l’attitude de la France.

Source : Le Temps.ch/AFP

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