samedi 30 novembre 2024 13:35

Légaliser les refoulements d'immigrants met en péril le droit d'asile

Légaliser les refoulements d'immigrants à la frontière comme le prévoit l'Espagne, "signifierait le début de la fin du système de droit d'asile", a affirmé vendredi à Madrid le commissaire aux droits de l'Homme du Conseil de l'Europe.

L'Espagne est accusée par plusieurs organisations de défense des droits de l'Homme de refouler dès leur arrivée des immigrants dans les enclaves espagnoles au Maroc de Melilla et Ceuta, y compris parfois de façon violente, sans les laisser demander l'asile, un droit prévu par les conventions européennes.
Le Parti populaire de droite au pouvoir a introduit un amendement dans un texte en discussion au parlement visant à repousser "les étrangers qui sont repérés sur la ligne frontière de démarcation territoriale de Ceuta et Melilla", seules frontières terrestres entre l'Afrique et l'Europe.

"J'ai vu des refoulements dans de nombreux pays, mais nulle part de forme légale ou légalisés", a déclaré le commissaire Nils Muiznieks, lors d'une conférence de presse en anglais, après s'être rendu à Melilla.

"Ce serait un très mauvais précédent si de telles pratiques étaient ancrées dans la loi parce que cela signifierait le début de la fin du système de droit d'asile", a poursuivi le responsable du Conseil de l'Europe, qui compte 47 pays.

Il a soupçonné le gouvernement espagnol de légiférer dans "l'espoir que s'ils (les immigrants) voient que les conditions sont très difficiles, le signal se répandra en Afrique, ou ailleurs, qu'il ne faut pas venir à Ceuta et Melilla".

"Mais ça ne marche pas, et pour un pays de l'Union Européenne, rien que l'idée de penser à violer les droits de l'Homme pour envoyer un signal, ça n'est pas acceptable", a-t-il estimé.

Interrogé sur la vague d'attaques en France de la semaine passée, il a souligné qu'il n'y avait "pas de lien intrinsèque ou direct entre l'immigration et le terrorisme". "Nous avons vu à Paris que les terroristes étaient des Français", a-t-il souligné.

"La plupart de ces personnes qui ont fui ces conflits, ce ne sont pas des terroristes, mais les victimes de ces conflits, des violations des droits de l'Homme que ce soit en Afrique, en Syrie ou dans d'autres pays", a-t-il ajouté.

16 janv. 2015

Source : AFP

Google+ Google+