lundi 25 novembre 2024 09:24

Les aides au retour ont encore peu d’impact

En 2009, 600 étrangers ont bénéficié d’une aide à projet pour se réinstaller dans leur pays

C’est un jeune Sénégalais qui vient d’ouvrir à Dakar une entreprise de conseil en management. Ou bien un couturier sri-lankais qui emploie désormais une vingtaine d’ouvriers dans son atelier de textile. Tous deux font partie des 600 étrangers qui ont bénéficié en 2009 d’une aide à projet de la France.

Depuis trois ans, l’Office français de l’immigration et de l’intégration (Ofii) met en œuvre ce dispositif d’accompagnement à la création d’entreprise pour des étrangers qui veulent repartir chez eux. Cette aide, dont le montant s’étale de 4 000 € à 7 000 €, se distingue de la simple aide au retour volontaire dont ont bénéficié l’an dernier environ 3 000 étrangers extra-communautaires, à hauteur de 2 000 € par personne. Chaque projet fait l’objet d’une validation, bénéficie d’un appui technique et d’un suivi pendant un an grâce à des opérateurs présents sur place.

Encore confidentiel, le programme connaît une forte augmentation. Il touche aujourd’hui des ressortissants de 37 pays et le profil des candidats a évolué. « Le bouche-à-oreille fonctionne bien, explique-t-on à l’Ofii. On voit aujourd’hui arriver des jeunes diplômés porteurs de projet ambitieux qui n’ont plus rien à voir avec la petite épicerie de brousse. De plus en plus, nous sommes amenés à prendre en considération la création d’emplois dans la sélection des projets. »

Le "million Stoléru"

Les premiers dispositifs d’aide au retour sont apparus en France avec la mise en place d’une politique migratoire à la fin des Trente Glorieuses et l’apparition d’un chômage de masse. En 1977, le ministre Lionel Stoléru lance ainsi la première prime de 10 000 francs (1 500 €) d’aide au retour qui sera connue sous le nom de « million Stoléru ». Mais tous les programmes qui se sont depuis succédé ont connu des résultats très modestes.

La communauté des chercheurs spécialistes des questions migratoires estime dans l’ensemble que le thème du retour relève d’un « mythe ». Une analyse que résume le géographe Patrick Gonin, de l’université de Poitiers : « C’est bien l’intention de retour qui, pour les migrations contemporaines, permet de comprendre les départs », écrit le chercheur dans un hors-série de la revue Altermondes publié en 2008. Mais, dans la réalité, cette perspective s’avère « globalement un leurre », poursuit-il.

L’expérience du séjour dans un pays étranger forge une identité de migrant qui inscrit sa vie dans une logique de mobilité, de va-et-vient entre les pays d’origine et d’accueil. Autrement dit, on ne naît pas migrant mais on le devient et on le reste. Dans nombre de foyers de travailleurs immigrés, la forte présence de retraités qui ont renoncé à une réinstallation définitive et se contentent de séjours temporaires dans leur pays est significative de ce mythe du retour.

Prudence dans les associations

La crise économique actuelle peut-elle inciter de jeunes immigrés à repartir développer des projets dans leur pays ? À l’Ofii, on constate bien une montée en charge du programme d’aide à projet, mais, précise-t-on, « aucun élément ne nous autorise à lier cela à la situation économique en France ».

Du côté des associations d’immigrés, on reste aussi très prudent. Sidibé Makan, président du Haut Conseil des Maliens de France, affirme que la crise n’a pas poussé ses compatriotes à repartir au pays. « Pour l’instant, rien ne nous permet de dire que les difficultés les incitent à rentrer. Ce qui est certain, en revanche, c’est que la crise est ressentie douloureusement et que l’envoi d’argent au pays est souvent moins important, voire totalement stoppé pour certains. »

Source : La Croix

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