mercredi 27 novembre 2024 08:53

Les immigrés doivent-ils voter aux municipales ?

Depuis trente ans, l’idée est avancée par la gauche. Mais les étrangers veulent-ils vraiment pouvoir voter aux élections locales ? Certains oui, d’autres non. Reportage en Côte-d’Or

Ils sont beaucoup à vivre en Côte-d’Or depuis parfois des dizaines d’années sans pouvoir exprimer leurs préférences politiques. Ils, ce sont des immigrés venus en majorité d’Afrique du Nord. Si leur droit de vote aux élections locales est en passe d’être proposé au Sénat par François Rebsamen, sénateur-maire de Dijon,ils n’ont pas tous la même approche du problème. Certains n’en voient ni l’utilité, ni la nécessité. C’est le cas d’Aïcha, une Algérienne, à Dijon depuis 20 ans, qui, en plus de parler très difficilement la langue française, s’avoue « trop peu informée de la politique locale pour pouvoir voter ». Christian, un bénévole au Secours Populaire, qui côtoie chaque année plusieurs centaines d’immigrés via l’association, le confirme : « En cinq ans de bénévolat, jamais aucun bénéficiaire n’a évoqué devant moi le désir de mettre le bulletin dans l’urne. Je crois que c’est un point de détail pour eux et qu’ils n’ont pas un besoin impérieux d’obtenir ce droit de vote. »

Pour Daouia, une Française d’origine marocaine résidant aux Grésilles, le droit de vote n’est pas un problème. A Dijon depuis 30 ans, elle porte fièrement sa carte électorale sur elle. « Je vote à chaque élection ! », s’exclame-t-elle en montrant tous les tampons au dos de sa carte. « Sauf pour celle d’hier (dimanche, Ndlr), je n’étais même pas au courant », confesse-t-elle dans un français approximatif. « Mais je ne vote pas pour le FN ! », lance-t-elle en riant en discutant avec ses amies, dont Sanaé, une Algérienne de 34 ans qui, malgré douze ans de vie en France, n’a pas obtenu la nationalité française et n’a donc pas le droit de vote.

Même s’ils n’ont pas la carte électorale, d’autres essayent quand même d’aller voter. « J’ai essayé, ça n’a pas marché », se lamente Labassi, un Algérien, qui s’est présenté dans un bureau de vote dimanche avec son titre de séjour.

Pour d’autres encore, pouvoir voter en France représenterait une chance qu’ils n’ont jamais eue dans leur pays. « Je n’ai jamais voté. Seuls les hommes peuvent le faire dans mon pays. Alors si je pouvais le faire ici, pourquoi pas ! », explique Montassir, 21 ans, qui est arrivée du Maroc il y a un an pour suivre une formation d’aide-soignante à Dijon.

Le débat est lancé pour tous ces immigrés qui souhaitent, ou pas, faire valoir leur droit dans leurs pays d’accueil.

19/10/2011, CORALIE MORELLE

Source : Le Bien public

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