lundi 25 novembre 2024 00:44

Les jeunes Marocains résidant à l’étranger à la fois très attachés au Maroc et fort intégrés dans les pays d'accueil

Les jeunes Marocains résidant à l'étranger entretiennent un lien très fort avec le Maroc tout en étant parfaitement intégrés dans les pays de résidence, révèle une enquête réalisée par l'Institut français BVA auprès des jeunes marocains en Europe.

Présentée lundi soir à Casablanca en présence MM. Mohamed Bernoussi, secrétaire général du ministère chargé de la communauté marocaine résidant à l'étranger et Driss El Yazami, président du Conseil de la communauté marocaine à l'étranger (CCME), cette enquête révèle ainsi que 94 pc des jeunes sondés continuent à se sentir Marocains, 82 pc pensent qu'ils sont vus comme des Marocains dans le pays de résidence, mais seuls 28 pc estiment qu'il faut faire oublier ses origines pour y être accepté.

Selon ce sondage réalisé à la demande du CCME et du ministère chargé de la communauté marocaine résidant à l'étranger, 93 pc des sondés déclarent pouvoir pratiquer plus ou moins bien la langue arabe dont 50 pc savent la parler, la lire et l'écrire. Quant à ceux qui ont suivi des cours de langue arabe en Europe, il déclarent l'avoir fait à 31 pc dans une mosquée, 25 pc à l'école dans le cadre des cours assurés par le gouvernement marocain et 13 pc dans une association.

Ce qui dénote d'un un fort attachement à la langue arabe et à son apprentissage, estime l'enquête.

Quant à la maîtrise des langues des pays de résidence, l'enquête révèle que 99 pc des natifs d'Europe communiquent dans la langue du pays de résidence, indiquant aussi que 88 à 100 pc des sondés font de cette compétence linguistique une priorité majeure.

Sur un registre proche, 50 pc des répondants et 66 pc des natifs d'Europe s'identifient à leur seconde nationalité, outre leur marocanité très largement affirmée. En outre, 76 pc de l'ensemble et même 83 pc des natifs d'Europe se sentent ''tout à fait'' ou '' plutôt'' chez eux là où ils vivent

Quant à l'engagement politique dans les pays d'accueil, l'enquête relève que 53 pc en moyenne et presque les 74 pc des jeunes de la seconde génération ayant le droit de vote et l'occasion de l'exercer déclarent participer à toutes les élections ou du moins aux plus importantes dans leur pays de résidence.

Les sondés déclarent aussi être membre d'une association en pays de résidence avec, entre autres, 20 pc dans les associations sportives, 9 pc dans les associations religieuses et seulement 4 pc dans les partis ou mouvements politiques.

Selon l'enquête, ces chiffres dénotent d'un début d'implication civique significative de ces jeunes, qui, en revanche et dans leur majorité témoignent une forte confiance aux institutions des pays d'accueil, entre autres, l'école (80 pc), la justice (65 pc) ou la police (58 pc).

Cependant l'enquête fait état d'un sentiment majoritaire de discrimination, indiquant que les discriminations dont pensent avoir été victimes les jeunes sondés apparaissent en hausse par rapport à 2009. Et pour cause, 53 pc de ces jeunes déclarent s'être sentis victimes de discriminations, soit 4 points de plus qu'en 2009.

Si les discriminations constatées restent faibles en ce qui concerne la religion (13 pc) ou l'éducation (14 pc à 21 pc selon les domaines testés), il n'en reste pas moins, toujours selon l'enquête, qu'elles seraient plus nombreuses dans le travail (38 pc) et notamment l'accès à l'embauche (32 pc).

Ainsi, les sondés estiment largement plus difficile de s'en sortir dans le pays de résidence lorsqu'on est d'origine marocaine, principalement sur le travail (75 pc) mais aussi sur le logement (60 pc).

Ces taux chutent toutefois à 19 pc en ce qui concerne l'accès aux soins médicaux et à 33 pc pour l'accès à la formation et au crédit bancaire.

Sur un autre registre, en l'occurrence celui de la situation familiale et matrimoniale, l'enquête tout en soulignant que les jeunes sondés entretiennent des relations plutôt souples et paisibles avec les parents, déplore des mariages tardifs et endogames avec une percée de l'exogamie.

Ainsi, presque les 2/3 des sondés ne sont pas mariés. Une proportion qui est d'autant plus significative que la tranche d'âge 25-35 ans représente 57 pc de l'échantillon, ce qui dénote l'insertion des jeunes marocains émigrés dans la tendance, plutôt générale par ailleurs, au célibat plus prolongé que par le passé.

Parmi les 35 pc qui se déclarent mariés, 84 pc vivent entre Marocains et Marocaines, révèle l'enquête, indiquant que l'exogamie pointe néanmoins avec 16 pc de cette même minorité mariée.

Quant à la vie religieuse des jeunes sondés, 36 pc déclarent fréquenter régulièrement une mosquée ou un lieu de prière, dont 9 pc quotidiennement et 27 pc une fois par semaine.

Deux enseignements majeurs se dégagent de cette enquête comme l'a souligné en guise de conclusion M. Gaël Sliman, directeur général adjoint de BVA: En premier lieu un sentiment d'identité duale particulièrement marqué pour les deuxièmes générations. Ceux-ci se sentent à la fois Marocains mais aussi de leur pays de résidence où ils se sentent ''chez eux''.

Selon lui, ces jeunes vivent des discriminations (en hausse cette année de 49 pc à 53 pc), notamment sur l'embauche et le logement, qu'ils ressentent d'autant plus durement qu'ils sont nés dans leur pays de résidence.

Cette enquête, inédite et menée du 17 mai au 11 juin 2010, a concerné un échantillon de 2610 jeunes, âgés de 18 à 34 ans, et résidant dans les six grands pays d'émigration d'Europe (Allemagne, Belgique, France, Espagne, Italie, Pays-Bas).

Elle a été réalisée à la demande du ministère délégué chargé de la communauté marocaine résidant à l'étranger et du CCME en préparation du 1er Forum des Jeunes marocains du monde (27 et 28 juillet 2010 à Ifrane)

Cette rencontre qui se tient sous le Haut Patronage de SM le Roi Mohammed VI, réunira pas moins de 500 participants en provenance d'une trentaine de pays.

Il s'agit de jeunes choisis en raison de leur engagement dans l'action citoyenne, l'entreprenariat ou la création culturelle.

Source : MAP

Google+ Google+