jeudi 28 novembre 2024 07:50

Les quotas migratoires, la question qui divise l'Europe

François Hollande et Angela Merkel se sont ralliés jeudi à la position de la Commission européenne qui préconise l'instauration de quotas migratoires contraignants en Europe. A l'Est en revanche, on s'y refuse toujours.

Au lendemain du choc provoqué par la diffusion de la photo d'Aylan, cet enfant kurde de 3 ans retrouvé mort sur une plage turque, les Européens sont toujours divisés sur les solutions à apporter à l'afflux de migrants qui se pressent aux frontières de l'Europe. Jeudi, Angela Merkel et François Hollande ont annoncé réfléchir à des "quotas contraignants" et un "mécanisme permanent et obligatoire" pour gérer la recrudescence des demandeurs d'asile en Europe. Au mois de juin pourtant, François Hollande avait signifié son opposition à ce principe de contrainte.

Face aux événements, les lignes bougent donc - David Cameron a lui aussi largement revu sa position sur l'accueil de réfugiés ce vendredi en annonçant que son pays allait en faire davantage -, mais un consensus européen est encore loin d'être trouvé, d'autant que s'ouvre également ce vendredi 4 septembre une réunion entre les chefs de gouvernement polonais, slovaque, hongrois et tchèque, tous opposés à des quotas migratoires contraignants.

Des procédures uniformisées pour tous les pays

"L'Europe n'a pas le droit de se diviser face à un tel défi", a lancé Frank-Walter Steinmeier, le ministre des affaires étrangères allemand, en arrivant à Luxembourg pour une réunion des ministres des Affaires étrangères. C'est tout l'enjeu des semaines qui arrivent et qui seront décisives. Quitte à mettre la pression sur les partenaires européens, Angela Merkel et François Hollande entendent bien accélérer le rythme. Ce vendredi, "Le Monde" a rendu publique la lettre adressée aux autorités européennes par les deux dirigeants.

Les "pistes" seulement évoquées jusque-là se font de plus en plus précises. Le couple franco-allemand appelle à la création "sans délais" de "hotspots" en Italie et en Grèce, pour faciliter la distinction entre migrants économiques et réfugiés, et l'établissement d'une liste de "pays sûrs" - dont les pays des Balkans -, commune à tous les Etats de l'UE.

Les dispositifs d'accueil ("hotspots") doivent être pleinement opérationnels au plus tard avant la fin de l'année", écrivent les deux chefs d'Etat. 

Autre proposition : la mise en oeuvre "à terme" d'un "système d'asile unifié" pour tous les pays européens, "tant en ce qui concerne les procédures que les normes en matière d'hébergement et de prise en charge des réfugiés". Les deux dirigeants demandent aussi à la Commission européenne d'"utiliser tous les moyens dont elle dispose" pour s'assurer que les Etats membres respectent les règles à propos du régime d'asile européen entré en vigueur depuis le 1er juillet. 

A l'Est, ça coince

Désormais, plus question de parler de "quotas". Selon l'expression de François Hollande et Angela Merkel, il convient désormais d'évoquer une "répartition des réfugiés équitable et dans un esprit de solidarité entre les Etats membres". Mais la question reste sensible. A l'origine, ces quotas devaient se baser sur des critères tels que le PIB, la population, le taux de chômage et le nombre de réfugiés accueillis par chaque Etat membre depuis 2010. Le 25 juin dernier, l'Europe a échoué à trouver un consensus sur l'accueil de 40.000 réfugiés et convenu d'une répartition basée seulement sur le volontariat. 

Face à l'urgence de la situation, Jean-Claude Juncker, le président de la Commission européenne, a annoncé vendredi vouloir porter de 40.000 à 160.000 le nombre de demandeurs d'asile arrivés en Hongrie, Italie et Grèce, à répartir dans les autres pays de l'Union sur la base de quotas nationaux. Attendu sur la question par l'opinion publique britannique, David Cameron a lui fait ce vendredi un pas supplémentaire vers la position de la Commission et affirmé que son pays "était prêt à accueillir des milliers de réfugiés syriens supplémentaires."

Reste un problème majeur à la mise en oeuvre de cette nouvelle politique pour l'Europe : à l'Est, la Hongrie, la Pologne, la République tchèque et la Slovaquie, nouvelles portes d'entrée pour des milliers de migrants, s'opposent toujours fermement à un système de quotas. Les quatre chefs d'Etat se rencontrent ce vendredi pour établir une position commune à opposer à la Commission et au couple franco-allemand. "Si un tel mécanisme était adopté, nous nous réveillerions un matin avec 100.000 Arabes à nos portes !", avait lâché le Premier ministre slovaque dimanche dernier. Et depuis, la situation a largement évolué cette semaine, notamment en Hongrie, où la capitale Budapest n'arrive plus à gérer l'afflux de réfugiés et où les autorités ont décidé de fermer les lignes ferroviaires internationales.

Il y a comme une division entre l'Est et l'Ouest de l'Union européenne", s'est inquiété Donald Tusk, le président du Conseil européen, jeudi matin.

A charge maintenant pour Bruxelles, Paris et Berlin de trouver des solutions pour réunir toutes les positions. Les propositions de la Commission seront présentées devant le Parlement à Strasbourg le 9 septembre prochain. 

Lucas Burel

Source ; nouvelobs.com

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