mercredi 27 novembre 2024 23:26

Livre -Enfants de l'immigration : halte aux clichés

Après la performance exceptionnelle de la candidate du Front national à l’élection présidentielle et un quinquennat marqué par les débats sur l’identité nationale et les saillies de Claude Guéant, il devient urgent de s’emparer du livre d’entretiens avec Marie Rose Moro. Cette pédopsychiatre, fille d’immigrés espagnols devenue professeure à l’Université Paris Descartes et directrice de la Maison des adolescents de l’hôpital Cochin à Paris, ouvre des pistes concrètes pour mieux connaître et enseigner le fait migratoire. Au fil des pages, elle pose surtout les bases d’une éducation à la diversité. Et fait la peau à quelques croyances trop ancrées. Comme celle qui consiste à voir le nombre croissant d’enfants issus de l’immigration comme un problème. Il y a peu, Claude Guéant laissait entendre que les deux tiers des échecs scolaires étaient ceux d’enfants de migrants. Or, parmi les élèves sortis du système éducatif sans qualification, ils sont en réalité 16% selon l’Insee. Certes, statistiquement, ils sont plus touchés que les autres : « Cela tient notamment au fait que leurs parents sont proportionnellement plus représentés que ceux des autres élèves parmi les ouvriers et les artisans. Or le système éducatif français peine à atténuer les effets de l’origine sociale », souligne Marie Rose Moro. Selon l’OCDE, la France est, après la Nouvelle Zélande, le pays dans lequel la performance en compréhension de l’écrit varie le plus en fonction du milieu socio-économique des élèves. « Mais s’il est déterminant, le facteur social n’explique pas tout, poursuit-elle. Beaucoup d’enfants de migrants sont placés dans une situation de vulnérabilité en raison de leur appartenance à une minorité culturelle qui n’est pas reconnue comme telle, pas valorisée ». Alors, oui, on peut aider ces élèves à réussir à l’école. Pour peu que le bilinguisme soit encouragé et que l’attachement au pays d’origine cesse d’être interprété comme un manque de loyauté.

21-05-2012 , F.W

Source : Le Nouvel Observateur

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