jeudi 28 novembre 2024 00:24

Maroc : Les Sénégalais se plaignent de brutalités policières à Casablanca

Les tensions entre les ressortissants étrangers résident à Casablanca et la police marocaine ont été très vives ces dernières semaines dans la capitale économique. En cause, la volonté pour les autorités de réguler le flux des personnes en situation irrégulière dans le territoire. Lors d’une rencontre tenue hier samedi, plusieurs personnalités sénégalaises parmi lesquelles le consul du Sénégal à Casablanca ont exhorté nombre de leurs compatriotes résident à Casablanca à régulariser leur séjour et à se conformer à la réglementation en vigueur dans le Royaume.

De vives tensions ont éclaté ces dernières semaines à Casablanca entre forces de l’ordre et étrangers subsahariens suite aux fréquents contrôles des titres de séjour de ces derniers. Au cours d’exécutions d’un arrêté du wali de la ville autorisant depuis quelques semaines l’expulsion d’étrangers en situation irrégulière, de nombreux ressortissants sénégalais notamment ont été arrêtés et brutalisés par les policiers marocains. En plus de « leurs biens saccagés surtout dans les quartiers de Casablanca, notamment au marché de la Médina où ils officient », selon des témoignages cités par un quotidien sénégalais.

« Sénégalais périmés », « africains périmés »

Selon Babacar Diop, l’une des personnes interrogées, « les rafles concernaient au début les vendeurs à la sauvette, mais depuis quelques jours, c’est devenu un délit de faciès. Les policiers ne procèdent plus à la vérification des papiers, mais ils embarquent les gens jusqu’au commissariat pour ensuite le faire. On ne distingue même plus les étudiants des autres. On rafle tout le monde ». « Nous exigeons le respect de nos droits humains même si la police marocaine nous détient en prison », a indiqué à Yabiladi, un jeune homme qui a requis l’anonymat.

Ces arrestations massives et les menaces de reconduction à la frontière ont conduit le personnel du Consulat du Sénégal à Casablanca mais aussi plusieurs autres résidents à rencontrer leurs compatriotes en situation irrégulière établis dans la capitale économique. « Nous avons décidé d’organiser une réunion afin de discuter entre nous de la situation qui prévaut à Casablanca depuis quelques semaines. Le Maroc et le Sénégal entretiennent de belles relations de coopération et de fraternité et puisque nous en sommes arrivés à des violences et à des querelles, nous avons jugé nécessaire d’en débattre », a confié à Yabiladi Doudou Sène, membre du Conseil des Sénégalais de l’extérieur.

Sur la même lancée, Cheikh Tidiane Sal, consul général du Sénégal au Maroc, présent lors des échanges et débats d’hier samedi, a salué les efforts de ses administrés en vue de parvenir à une meilleure cohabitation entre Sénégalais et Marocains. Plusieurs appels à la solidarité, au calme et à la cordialité ont été lancés.

Obtenir des papiers en règle relève du parcours du combattant

Plusieurs personnes ont notamment émis des complaintes inhérentes aux procédures d’obtention des titres de séjour de plus en plus contraignantes. « Les termes de la Convention qui lie le Sénégal au Maroc datée du 27 mai 1964 doivent être éclaircis » s’est insurgé un participant à la rencontre. « Il nous est difficile d’obtenir la carte de séjour au vu des papiers requis et constamment renouvelés par les Marocains sans que nous ne soyons au courant. Nous effectuons ainsi des va-et-vient incessants à la préfecture de police pour finir par corrompre à coups de quelques dirhams les fonctionnaires. Si l’opération échoue, possibilité est également donnée de se procurer de faux documents que la police accepte sans broncher », a indiqué à Yabiladi une jeune femme exerçant dans un centre d’appel de la place.

La loi marocaine impose aux étrangers de régulariser leur situation dans le royaume dès les quinze premiers jours à l’arrivée. Une dérogation de trois mois est en vigueur pour les ressortissants sénégalais. Des doléances ont ainsi été posées concernant l’augmentation de la durée de validité de la carte de séjour (un an).

27/5/2012, Halima Djigo

Source : Yabiladi

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