Le Marocain du monde n’a pas encore trouvé sa voie dans son pays d’origine. C’est ce qui ressort de toutes les interventions collectées auprès des officiels et des institutionnels publics et privés contactés dans le cadre de la réalisation de ce dossier. Pour faire simple, notre dossier souligne, encore une fois, le lien qu’entretient le Marocain du monde avec son pays d’origine. Qu’il soit Français, Belge ou Hollandais, la marocanité du MRE prend toujours le pas. La première expression de ce lien se concrétise à travers le transfert de devises. Après une période d’essoufflement, les transferts d’argent vers le Maroc reprennent légèrement. Selon le secteur bancaire, à fin mai 2010, ceux-ci ont progressé de 11%, atteignant ainsi plus de 20 milliards de dirhams, contre 18 milliards pour la même période de l’année 2009. Quant aux dépôts des Marocains du monde auprès du secteur bancaire marocain, ils ont atteint près de 125 milliards de dirhams, enregistrant ainsi un additionnel, durant cette période, de 2 milliards de dirhams.
Les raisons des transferts
Nous savons par expérience que ces transferts ne sont pas la résultante de politique publique et encore moins d’une quelconque incitation bancaire. Le Marocain du monde transfère son argent, essentiellement pour deux raisons principales : soutenir sa famille et construire un pied-à-terre au «bled». Ces deux gestes simples dans la vie d’un être humain ont un impact monstre sur l’économie marocaine. Pour illustration, faisons appel à des indicateurs de 2007 (les seuls disponibles) pour démontrer le poids de l’argent des MDM dans la dynamisation de la consommation au Maroc. Globalement, en 2007, les transferts ont représenté pour l’ensemble des banques 25,29% des dépôts, 17,90% des ressources et 22,40% des dépôts non rémunérés. Dans le secteur touristique, les MRE sont (fort heureusement pour les statistiques de la Vision 2010) comptabilisés parmi les visites des étrangers. Ils représentent ainsi 44% de la clientèle en 2007. Cette proportion sera certainement maintenue en 2010.
Quant à l’investissement dit productif, il ne représente que 10% des transferts des MRE. Les raisons de cette faiblesse sont toujours les mêmes : l’insuffisance d’une véritable dynamique de l’investissement orientée vers cette formidable ressource qu’est la communauté marocaine à l’étranger, la méfiance des candidats investisseurs à l’égard de l’économie de leur pays d’origine demeure très grande. Les trois domaines les plus stigmatisés sont le faible accompagnement du porteur du projet, la rareté et la cherté du foncier et les lenteurs et les dérives d’ordre administratif. Le coût en temps et en argent pour un investisseur expatrié pour prospecter, préparer et réaliser un projet est si exorbitant qu’il préfère l’abandonner en chemin et s’orienter vers des placements moins casse-tête.
C’est dire que les fonds d’investissement ne suffisent pas, les fonds de garantie non plus. Ce qui manque vraiment, c’est une véritable réforme touchant de fond les procédures de création, d’accompagnement et de concrétisation des investissements pour les MDM (Marocains du monde), mais aussi pour les MM (Marocains du Maroc).
Source : Marocéco