lundi 25 novembre 2024 02:37

Marocains résidant à l'étranger Les droits des migrants, une priorité nationale

Face aux dénis de droits dont sont victimes nos compatriotes marocains à l'étranger, le ministère chargé des MRE a appelé à une journée de réflexion sur les actions à entreprendre pour la protection de ces droits.

La situation de migration n'est pas une sinécure à fortiori en période de crise. Fort de ce constat, le ministère chargé de la communauté des marocains résidant à l'étranger a organisé à Rabat une journée sur le thème de «la protection des droits des MRE en temps de crise».Compte tenu des menaces persistantes de récession économique et par là même, du recul des droits des migrants, ces travaux s'imposent de toute évidence comme une priorité absolue pour la défense et l'accès aux droits sociaux et juridiques des migrants, conformément aux résolutions onusiennes des droits de l'homme.

Il apparaît, en effet, que les migrants, moins informés de leurs droits, sont ipso facto plus vulnérables et sujets à tous les types d'exploitation, de marginalisation et de discrimination à la faveur de la crise économique. Ils sont notamment les premiers à perdre leur emploi, même si tous les pays et toutes les régions ne sont pas touchés dans les mêmes proportions par ces phénomènes discriminants. Selon Philippe Boncour, Chef de la Division du Bureau International du travail (BIT), l'Espagne est un exemple éclairant à ce titre dans la mesure où en 2008, la population migrante touchée par le chômage était de 20, 8% par opposition aux nationaux touchés à hauteur de 12, 5%. Ces droits des migrants trop longtemps bafoués ou ignorés, en l'absence d'une véritable politique de protection à l'échelle internationale ne doivent plus être à l'ordre du jour a déclaré Khadija El Madmad, titulaire de la Chaire Unesco « Migration et Droits humains et auteur d' «un rapport général des droits des migrants » devant faire l'objet d'une publication prochaine.

«Le Maroc s'est résolument engagé sur la voie des réformes du développement humain, et la protection des droits de la diaspora en fait indubitablement partie », a-t-elle rappelé en substance. A cet égard, le discours du roi Mohammed VI, notamment le discours de Casablanca est particulièrement éloquent en matière de protection des droits des migrants mais aussi en faveur de ceux des immigrés, le Maroc étant devenu un pays de destination pour les réfugiés subsahariens.
Par ailleurs, au plan international, le Maroc est particulièrement actif et affiche une réelle volonté de relever les défis des questions de politique migratoire dans l'optique d'une responsabilité partagée entre pays d'origine, de transit et de destination, a-t-il été relevé d'une même voix.

Toutefois, les disparités caractéristiques de la communauté marocaine du monde et ses différentes facettes autant au plan social, économique que juridique rend ce travail de réflexion et d'action en faveur des migrants, particulièrement malaisé, plaide Khadija El Madmad. Qu'importe ! « Nombre d'instruments juridiques internationaux des droits humains existent et pourraient être appliqués aux MRE», témoigne Abdelhamid El Jamri, président du comité ONU-CMW. La Déclaration Universelle des droits de l'homme de 1948 et notamment la Convention des Nations unies sur la protection des droits de tous les travailleurs migrants et des membres de leur famille adoptée en 1990, pour ne citer que ces dispositifs, devraient suffire à protéger indistinctement les MRE et à faire respecter leurs droits. Un bémol, néanmoins, cette charte n'a, pour l'heure, été ratifiée que par les pays du sud. Or, l'adhésion par la communauté internationale est plus qu'une nécessité car la protection des migrants garantit aussi leur productivité.
Il ne faut pas perdre de vue que «le flux de migration répond à un besoin de main d'œuvre permanent et à la problématique des populations locales vieillissantes», insiste Philippe Boncour. Il faudra donc conserver des couloirs de migration ouverts et continuer à promouvoir les liens et les partenariats entre les populations migrantes et les différents acteurs institutionnels ou issus de la société civile. Les nombreuses conventions bilatérales conclues par le Maroc avec plusieurs pays européens notamment en matière de sécurité sociale est une amorce dans ce sens. Cette journée nationale des migrants permettra donc d'effectuer un état des lieux de droits de nos compatriotes à l'étranger, à la lumière de la crise économique internationale et d'y répondre de façon empirique.

Un rapport sera établi, qui présentera une nomenclature de mesures de protection sociales et juridiques à même de garantir les droits des étrangers marocains en leur double qualité de migrant et de travailleur.

La convention des Nations unies

Cette convention garantit la protection des droits de tous les travailleurs migrants et des membres de leur famille. Elle a été adoptée en 90 mais n'est entrée en vigueur qu'en 2003. Cette convention couvre les obligations et les responsabilités des pays d'origine d'accueil et de transit quel que soit le statut du migrant. Si les Etats sont souverains en matière d'accueil des migrants, par cette convention, ils doivent veiller à ce que les travailleurs migrants et leur famille voient leurs droits reconnus et respectés en matière d'accès à l'emploi, de justice et de sécurité sociale.

12.08.2010

Source : Le Soir

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