L'Allemagne va placer le Maroc, l'Algérie et la Tunisie sur sa liste des "pays sûrs", durcissant ainsi les conditions d'asile pour leurs ressortissants, a annoncé jeudi soir le vice-chancelier allemand, Sigmar Gabriel.
"Maintenant, nous allons (...) inscrire dans la loi (allemande) les trois pays, Maroc, Algérie et Tunisie comme des pays sûrs", a indiqué à des journalistes M. Gabriel, patron du parti social-démocrate, après une réunion avec les chefs des deux autres partis de la coalition au pouvoir, la chancelière Angela Merkel (CDU) et le Bavarois Horst Seehofer (CSU).
A l'issue d'une rencontre à la chancellerie, à Berlin, les trois patrons de la coalition se sont mis d'accord, au terme de plusieurs semaines d'atermoiements, sur un nouveau train de mesure destinés à limiter le nombre de demandeurs d'asile en Allemagne, alors que le pays a accueilli en 2015 environ 1,1 million de migrants.
Ces mesures "sont là et peuvent très vite être présentées en conseil des ministres", a précisé M. Gabriel.
Voir son pays d'origine classé "pays d'origine sûr" limite drastiquement les cas dans lesquels le ressortissant d'un tel Etat peut voir sa demande d'asile accepté. Berlin, qui entend ainsi permettre un examen accéléré des demandes d'asile et faciliter les expulsions, espère ainsi juguler le nombre de migrants venus d'Afrique du Nord et qui a considérablement augmenté ces derniers mois.
A l'automne, l'Allemagne avait déjà classé pays sûrs l'Albanie, le Monténégro et le Kosovo, alors que des dizaines de milliers de demandeurs d'asiles venaient de ces Etats-là. Le nombre a depuis chuté, notamment aussi grâce à des campagnes médiatiques dans ces pays pour expliquer que les chances d'obtenir un titre de séjour en Allemagne étaient minimes.
La classe politique allemande avait multiplié les appels pour accélérer les expulsions de ressortissants des pays du Maghreb ces dernières semaines, notamment après qu'une large part des suspects des agressions du Nouvel An à Cologne se sont avérés être des Algériens et des Marocains, selon la police.
Ces évènements qui avaient scandalisé l'Allemagne avaient aussi coïncidé avec une hausse des demandes d'asile déposées par les ressortissants de ces pays : en juin 847 Algériens et 368 Marocains avaient lancé la procédure, pour le seul mois de décembre, ils étaient respectivement 2.296 et 2.896.
Mme Merkel devait ensuite participer à une réunion sur le même thème avec les patrons des seize Länder, les Etats régionaux allemands.
28 jan 2016
Source : AFP