mardi 26 novembre 2024 19:31

Migrants: l'UE tente de mettre fin à la cacophonie sur la route des Balkans

Les pays membres de l'UE se retrouvent jeudi à Bruxelles, au lendemain de la réunion d'un comité restreint à Vienne, avec l'espoir de mettre fin aux décisions en ordre dispersé face à l'afflux de migrants sur la route des Balkans, menacée d'une "crise humanitaire".

La Serbie et la Macédoine, pays non-membres de l'UE traversés par les migrants remontant vers le nord, ont aussi été conviées, pour un "petit-déjeuner" en amont de la réunion des ministres de l'Intérieur des 28.

Comme l'Autriche ou la Slovénie (membres de l'UE et de l'espace Schengen), ces pays seront invités à expliquer le filtrage décrié qu'ils appliquent désormais à leurs frontières et qui a provoqué un engorgement en Grèce.

"Nous voulons que tous ces contacts permettent d'éviter les surprises, il faut éviter qu'un pays soit surpris par les mesures prises par un autre", a expliqué une source au sein de la présidence tournante de l'UE, assurée par les Pays-Bas.

L'enjeu d'une réponse collective est d'autant plus fort que la menace d'une "crise humanitaire" plane désormais sur certains pays, en particulier la Grèce, insistent la présidence néerlandaise et la Commission européenne.

Les 28 continuent de voir dans la Turquie l'une des principales clés de la crise en cours et d'ailleurs accueillent jeudi le vice-ministre de l'Intérieur turc, Sebahattin Öztürk.

L'objectif est de faire le point sur les efforts d'Ankara pour freiner les flux de migrants vers l'UE, avant un nouveau sommet qui sera spécialement consacré à la question le 7 mars à Bruxelles.

Malgré les engagements de la Turquie, ces flux restent "beaucoup trop élevés", ne cessent de répéter les dirigeants européens. Depuis début janvier, plus de 102.000 migrants ont ainsi gagné la Grèce par la Méditerranée, selon l'Organisation internationale pour les migrants (OIM).

'Signal clair'

Les autorités grecques sont d'autant plus débordées que le plan de répartition des demandeurs d'asile arrivés sur son sol vers d'autres pays de l'UE peine toujours à démarrer. Moins de 600 réfugiés ont été répartis depuis l'Italie et la Grèce ces derniers mois, sur les 160.000 qui doivent l'être en deux ans.

Dans ce contexte, la décision de la Macédoine de refuser le passage aux Afghans à sa frontière avec la Grèce, et d'exiger des Syriens et Irakiens des papiers d'identité, a alourdi la tâche des Grecs.

La Commission devrait une nouvelle fois appeler jeudi les Etats membres à prendre des mesures concertées, et à mettre fin à la politique du "laisser passer" des migrants. L'Autriche, qui a instauré un quota journalier de 3.200 migrants en transit à laisser passer sur son territoire, est particulièrement visée par les critiques de Bruxelles.

Selon la Commission, les pays européens doivent refuser l'entrée aux migrants économiques. Et ils doivent faire de même avec ceux qui peuvent prétendre au droit d'asile, mais qui disent vouloir déposer leur demande dans un autre pays situé plus loin sur leur parcours.

En revanche, tous les demandeurs d'asile se présentant à la frontière d'un pays doivent pouvoir accéder aux procédures d'asile, même s'ils peuvent ensuite en théorie être renvoyés vers le pays par lequel ils sont entrés dans l'UE.

L'Autriche s'est défendue mercredi en expliquant, par la voix de son ministre des Affaires étrangères Sebastian Kurz, qu'elle voulait envoyer "un signal clair" sur sa volonté de "réduire le flux de migrants".

M. Kurz s'exprimait lors d'une réunion organisée mercredi à Vienne, à laquelle était invités des pays des Balkans (Albanie, Bosnie, Bulgarie, Croatie, Macédoine, Monténégro, Serbie, Slovénie, Kosovo) - mais pas la Grèce, qui s'en est offusquée.

Les ministres de l'Intérieur des 28 vont aussi tenter de progresser sur une position commune concernant le projet d'un corps européen de gardes-frontières.

La Commission y voit désormais un moyen incontournable de sauver l'espace Schengen, ébranlé par la crise migratoire, en garantissant une gestion collective des frontières extérieures de l'Union.

"Dans des circonstances habituelles, on mettrait au moins deux ans pour la mise en place" d'un tel outil, souligne-t-on à la présidence néerlandaise de l'UE, qui s'est cependant fixé l'objectif ambitieux d'aboutir à une position commune des Etats membres d'ici le printemps.

25 fév. 2016,Cédric SIMON

Source : AFP

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