lundi 25 novembre 2024 04:27

Mobilisation contre la politique sécuritaire du gouvernement français

Une centaine d’associations de tous horizons organisent demain des manifestations contre l’action gouvernementale

Réunies à l’initiative de la Ligue des droits de l’homme (LDH), plus de 110 organisations différentes appellent demain à des rassemblements dans une centaine de villes de France et devant les ambassades françaises de l’Union européenne « contre la xénophobie et la politique du pilori ».

Associations humanitaires, confessionnelles, politiques et syndicales dénoncent notamment la stigmatisation des Roms et des gens du voyage, la proposition de déchéance de la nationalité pour les Français d’origine étrangère et la responsabilisation des parents d’enfants délinquants. Quatre d’entre elles livrent à La Croix les raisons de leur mobilisation.

« L’intervention de notre association dans le débat politique est rarissime, mais il était important pour nous de sortir de notre silence. La dernière fois que nous nous sommes mobilisés de cette manière, c’était pendant l’entre-deux tours de l’élection présidentielle de 2002. Nous avons un rôle de veille, de vigilance : les orateurs publics doivent être attentifs à ne pas diffuser d’idées stigmatisantes dans leurs propos. Car un discours fort marque les esprits et amène par la suite à agir.

Si les situations restent bien différentes, je remarque que, après la débâcle de 1940, la France avait remis en cause des naturalisations et pointé du doigt l’étranger, “l’ennemi intérieur”. Cela se rapproche des préoccupations actuelles d’un débat national où l’on tend à dresser les citoyens et les générations les uns contre les autres. La mise à l’index de groupes ethniques ou sociaux est toujours dangereuse, surtout lorsqu’une société est en crise. La stigmatisation et l’exploitation des émotions restent les ennemies d’une citoyenneté éclairée. »

« Le CCFD-Terre Solidaire ne fait pas partie des organisations qui appellent à la manifestation du 4 septembre, mais y sera présent. Nous sommes une association de solidarité internationale, et le mot d’ordre du mouvement de demain est basé sur des questions de politique nationale. Néanmoins, nous avons informé l’ensemble de notre réseau de 15 000 bénévoles des lieux de ces manifestations, afin qu’ils puissent y participer s’ils le souhaitent.

En effet, nous constatons des abus inadmissibles de la part des pouvoirs publics vis-à-vis de la population rom, pour laquelle le CCFD-Terre Solidaire appuie des actions en France via le réseau Romeurope et surtout en Roumanie avec, en particulier, l’ONG locale Romani Criss. Sous l’effet d’un discours stigmatisant, les Roms deviennent des boucs émissaires.

De plus, nous sommes une organisation chrétienne, notre engagement a donc des racines spirituelles. Dans l’étranger ou l’immigré stigmatisé, nous voyons le visage du Christ, qui déclarait dans l’évangile de Saint-Matthieu : “J’ai eu faim et vous m’avez donné à manger, j’ai eu soif et vous m’avez donné à boire, j’étais étranger et vous m’avez accueilli.” J’ai moi-même été très choqué quand j’ai vu les images à la télévision de bulldozers écrasant des caravanes. C’est inacceptable ! Il y a d’autres solutions et d’autres méthodes, plus respectueuses des droits humains. »

« Nous avons décidé de nous mobiliser après les différentes annonces sur la déchéance de la nationalité et la responsabilité pénale des parents de mineurs délinquants. Ces deux projets ont des implications directes sur la fonction de juge des enfants. La jeunesse y est considérée comme une classe dangereuse, et non plus comme une génération porteuse d’espoir. Or la justice des mineurs doit être éducative et tournée vers l’insertion de chacun. Ce qui est proposé aujourd’hui, c’est une logique d’exclusion reposant sur le seul levier de la peur de la sanction. Ce sont des réponses injustes, inutiles et inefficaces. Aujourd’hui, notre travail est souvent rendu compliqué par certains choix politiques. Des justiciables que je croise au tribunal, notamment les parents d’origine étrangère, vivent dans la peur à cause des annonces du gouvernement. »

« Deux choses nous ont scandalisés. D’abord, le fait que des citoyens français puissent avoir des droits différents en fonction de leur origine. Ensuite, l’amalgame entre immigration et délinquance. Ces condamnations d’une population dans son ensemble sont inadmissibles. Les travailleurs étrangers et français doivent bénéficier des mêmes droits et être rassurés.

Historiquement, l’engagement de la CFDT sur ce type de questions n’est pas nouveau. Dans les années 1970 et 1980, déjà, la CFDT luttait pour les droits des travailleurs immigrés. Ce combat n’a pas cessé, puisque nous suivons toujours des dossiers de régularisation de personnes sans papiers. Il est d’ailleurs fréquent que l’on se rapproche d’associations diverses pour défendre certaines idées : rassemblements contre la guerre en Irak, sur la Palestine…

J’imagine que les récentes annonces sont destinées à faire oublier d’autres dossiers, comme les retraites ou les affaires politico-médiatiques. Nous ne sommes pas dans une logique anti-sarkozyste, mais là, ça dépasse les bornes. Toutefois, nous distinguons bien notre combat sur les retraites, avec un rassemblement prévu le 7 septembre, et la manifestation de samedi. Pas question de tout mélanger. »

Source ; La Croix

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