lundi 25 novembre 2024 00:10

Najat Vallaud-Belkacem, une rentrée sous le signe du changement

Première femme ministre de l’éducation, cible de nombreuses attaques de la part de l’opposition, Najat Vallaud-Belkacem voit dans cette rentrée l’aboutissement de la « refondation » de l’école engagée en 2012.

Même si elle se prépare six mois à l’avance, une rentrée est toujours un exercice délicat pour un ministre de l’éducation. A fortiori lorsque le retour en classe coïncide avec la mise en application de plusieurs réformes. C’est le cas ces jours-ci pour Najat Vallaud-Belkacem.

Lorsque, à la veille de la rentrée 2014, l’ancienne porte-parole du gouvernement Ayrault, fine communicante aguerrie par des années passées au sein de l’appareil socialiste, a succédé rue de Grenelle à l’éphémère Benoît Hamon, congédié pour avoir critiqué la ligne de l’exécutif, certains pensaient que c’en était fini du changement. Que l’action de la nouvelle venue se bornerait à déminer les dossiers sensibles, à commencer par les rythmes scolaires.

Deux ans plus tard, force est de constater que Najat Vallaud-Belkacem ne s’est pas contentée de « gérer » cette immense maison (plus de 800 000 professeurs pour 12 millions d’élèves) de façon moins hautaine que certains de ses prédécesseurs, auréolés de leur propre passé d’enseignant.

Une ministre très critiquée, notamment à droite

Non, la première femme nommée à la tête de l’Éducation nationale a rajouté au moins un étage à la « refondation » engagée par la gauche dès 2012. Armée, comme le dit un proche collaborateur, « de convictions et de détermination », elle a multiplié les réformes avec un souci de cohérence : éducation prioritaire, socle commun, programmes du CP à la 3e, collège, brevet, évaluation, etc.

De quoi lui attirer des critiques acerbes. Là où un François Portzer, président du Syndicat national des lycées et collèges, parle de « passage en force » et de« pédagogisme », d’autres n’hésitent pas à faire référence à son statut de « jeune »femme (elle n’a que 38 ans) et à ses origines (deuxième d’une famille de sept enfants venue du Maroc, elle a conservé la double nationalité).

Ancré à la droite de la droite, l’hebdomadaire Valeurs actuelles allait en septembre 2014 jusqu’à la surnommer à sa Une « L’ayatollah », en l’accusant notamment d’avoir voulu imposer la « théorie du genre » à travers l’ABCD de l’égalité, programme élaboré lorsqu’elle était ministre en charge des droits des femmes.

Sans parler des multiples rumeurs qui ont circulé à son sujet et dont elle avait feint, l’an dernier, de s’amuser lors d’un séminaire consacré à l’éducation aux médias et la lutte contre les théories du complot.

« Je me verrais bien retrouver mon fauteuil actuel »

Pur produit de l’école républicaine, fille d’un ouvrier du bâtiment, passée par Sciences-Po, l’ancienne adjointe à la jeunesse à la mairie de Lyon « a su s’appuyer sur son propre parcours personnel pour cerner les enjeux de son ministère et placer avec courage la lutte contre les inégalités au cœur de son action », salue le linguiste Alain Bentolila.

Lors de sa conférence de presse de rentrée, hier, Najat Vallaud-Belkacem a pris soin de détailler son bilan. Sans se priver d’égratigner – ce qu’elle n’avait jamais fait dans pareil exercice – les élus de droite qui, de l’Eure aux Hauts-de-Seine en passant par la Somme, rognent sur diverses aides à la scolarité. Signe que la bataille pour 2017 est bel et bien lancée.

Najat Vallaud-Belkacem s’engagera-t-elle dans la primaire socialiste, comme certains lui en prêtent l’intention ? Non, assure-t-elle. « Je me verrais bien retrouver mon fauteuil actuel dans l’hypothèse d’un deuxième quinquennat à gauche, confie-t-elle en revanche à La Croix. Ce ministère a bien besoin de continuité. »

Elle se pencherait alors « bien sûr » sur le lycée, dont la réforme de 2010 est en cours d’évaluation. Mais elle mettrait surtout l’accent sur l’enseignement supérieur, dont elle a également la charge. Objectif, déjà validé par François Hollande : « Emmener 60 % d’une classe d’âge au niveau de la licence. » Ce qui suppose de « conjuguer démocratisation et excellence. Car a contrario, disposer d’un petit vivier ne permet pas de renouveler les élites. »

29/08/2016, Denis Peiron

Source : La Croix

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