Une enquête a été ouverte pour déterminer les causes de la noyade de douze migrants lundi en Grèce pendant le remorquage de leur embarcation en perdition, mais ils ne s'agissait pas d'une opération de refoulement, a assuré vendredi le gouvernement.
"Il ne s'agissait pas d'une opération de refoulement. Il y avait une opération de remorquage vers les côtes grecques et les circonstances de l'accident font l'objet d'une enquête", a déclaré le ministre chargé des affaires maritimes Miltiadis Varvitsiotis. Le ministre s'exprimait à l'occasion d'une conférence de presse avec la commissaire européenne Cecilia Malmström à l'issue d'une réunion des ministres de l'Intérieur de l'UE à Athènes.
"Les ordres étaient clairs. Il s'agissait d'une opération de protection des frontières. En aucun cas, il ne devait y avoir de pertes humaines", a-t-il insisté.
"Nous ne savons pas ce qui s'est passé. Nous faisons confiance à l'enquête", a pour sa part déclaré Cecilia Malmström, après avoir rappelé que "les opérations visant à refouler les migrants sont illégales".
Le ministre grec a rejeté la demande de confier l'enquête à une autorité indépendante. Au plan juridique, "ce n'est pas prévu pour ce type d'enquête", a-t-il expliqué.
"Demain, nous allons rencontrer des députés qui ont demandé à être informés sur cette affaire", a ajouté M. Varvitsiotis.
Les circonstances dans lesquelles le sauvetage des 28 migrants a viré au drame font l'objet d'une âpre controverse entre les organisations de soutien aux réfugiés et les autorités grecques.
Sur la foi de témoignages des 16 rescapés, essentiellement afghans, le Haut commissariat de l'ONU aux réfugiés (HCR), le commissaire aux droits de l'Homme du Conseil de l'Europe et Amnesty International ont appelé à la Grèce à déterminer si une opération de refoulement vers la Turquie avait été tentée.
A leur arrivée jeudi à Athènes, où ils ont été accueillis dans des hébergements de la municipalité, des survivants ont mis en cause la vitesse des garde-côtes qui les remorquaient et fait état de violences.
Après avoir subi une panne de moteur, l'embarcation à bord de laquelle se trouvaient les migrants, qui était remorquée par les garde-côtes grecs, a chaviré dans la nuit de dimanche à lundi, dans le sud-est de la mer Egée, près de l'îlot de Farmakonisi.
Les victimes sont des femmes et des enfants. Les corps de deux d'entre eux ont jusqu'ici été retrouvés.
La police portuaire a rendu public vendredi le plan de situation des bateaux qui semble indiquer qu'entre l'endroit où l'embarcation des migrants a été prise en charge et celui où elle a coulé, elle n'avait pas été dirigée droit vers les côtes turques, mais plutôt vers les îles grecques.
Le communiqué s'indigne contre les "accusations stupides et mensongères" qui n'ont d'autre effet que de "saper le moral des équipes dans leur gigantesque effort de protection des frontières maritimes de l'UE, tout en portant secours sans distinction de couleur, de race, de religion".
Les autorités maritimes rappellent qu'entre 2011 et 2013, elles ont été saisies de 550 cas de passages de clandestins dans les eaux territoriales grecques, soit 11.741 personnes dont 3.186 ont fait l'objet d'une opération de sauvetage.
Jeudi matin, un groupe de 47 migrants en détresse a été récupéré en mer par les garde-côtes grecs près de l'île de Samos, non loin des côtes de la Turquie.
24 janv. 2014
Source : AFP