Une cinquantaine d'immigrants subsahariens sont parvenus lundi matin à entrer dans l'enclave espagnole de Melilla depuis le Maroc, lors d'un assaut contre la frontière grillagée lancé par environ 200 clandestins, ont annoncé les autorités locales.
Cette nouvelle tentative d'entrée en force sur le sol européen témoigne de la forte pression migratoire à laquelle est soumise Melilla, une ville autonome espagnole enclavée en territoire marocain, comme celle de Ceuta, où au moins 14 migrants sont morts le 6 février, un drame qui a déclenché une vive polémique en Espagne sur l'action de la Garde civile.
Lundi à 05H30 GMT, "environ 200 immigrants ont lancé un assaut contre la frontière, dont un peu plus de 50 ont réussi à passer", a indiqué une porte-parole de la préfecture de Melilla.
Ceuta et Melilla constituent les deux seules frontières terrestres entre l'Afrique et l'Europe. Des centaines de migrants venus d'Afrique subsaharienne se regroupent régulièrement aux portes de ces deux enclaves, du côté marocain, attendant le moment propice pour tenter de passer en force.
A Melilla, les migrants subsahariens lancent des assauts contre la frontière elle-même, composée d'un triple grillage de sept mètres de haut, tandis qu'à Ceuta ils tentent de passer par le poste-frontière lui-même ou par la plage voisine.
C'est une de ces tentatives qui a tourné au drame le 6 février à Ceuta, lorsque les forces marocaines et la Garde civile espagnole ont repoussé un assaut de plusieurs centaines de migrants.
Ne parvenant pas à donner l'assaut contre la frontière elle-même, les clandestins avaient gagné la plage voisine et tenté de contourner l'épi qui sépare les deux pays en s'avançant dans la mer. Les autorités marocaines ont annoncé avoir retrouvé neuf corps tandis que cinq autres ont été découverts du côté espagnol, les deux derniers samedi.
La tragédie a provoqué une très vive polémique en Espagne. Le gouvernement a reconnu que la Garde civile avait utilisé du matériel anti-émeutes, notamment des balles en caoutchouc, mais jamais en visant directement les immigrés.
Des migrants, dont les témoignages ont été diffusés par des médias et des défenseurs des droits de l'homme, ont affirmé au contraire que la police a tiré des balles en caoutchouc en direction de ceux qui se trouvaient dans l'eau et des billes en plastique pour crever les bouées auxquelles s'accrochaient les migrants, dont beaucoup ne savaient pas nager.
16 févr. 2014
Source : AFP