lundi 25 novembre 2024 04:59

Paris baisse d'un ton la rhétorique mais maintient les expulsions des Roms

Les dirigeants français ont cherché à allier apaisement et fermeté mercredi, plaidant la concertation avec Bucarest sur le dossier des Roms mais aussi la poursuite des expulsions de membres de cette communauté, en dépit d'une réprobation internationale. Lors du Conseil des ministres de rentrée, en pleine tempête provoquée par sa politique sécuritaire renforcée, le président Nicolas Sarkozy a demandé mercredi à ses ministres de "redoubler de dialogue, de pédagogie face aux inquiétudes et interrogations". "Nous ne cèderons pas à ceux qui cherchent la polémique systématique", a-t-il ajouté. La veille, le Premier ministre François Fillon avait appelé à agir "sans laxisme ni excès", se démarquant des propos offensifs tenus pendant l'été par Nicolas Sarkozy et son ministre l'Intérieur Brice Hortefeux. En déclarant la "guerre" à la criminalité, ils avaient ciblé les Français d'origine étrangère et les Roms. Les responsables français ont baissé d'un ton leur rhétorique, alors qu'ils recevaient à Paris le secrétaire d'Etat roumain chargé des Roms, Valentin Mocanu, et celui chargé de la Sécurité publique, Dan Valentin Fatuloiu. Le ministre de l'Immigration Eric Besson a cependant prévenu, dans un entretien avec l'AFP, que deux vols transportant des Roms partiraient jeudi, l'un de Paris (Roissy), avec 158 personnes, et l'autre de Lyon (centre-est) avec 125 personnes. "Il n'y a pas eu de reproche fait par les Roumains" à la France, a déclaré Eric Besson, louant le climat "amical" de la rencontre. "Nous allons mieux coopérer en matière de réintégration" des Roumains dans leur pays, a-t-il assuré. "On ne peut pas parler de tensions" entre les deux pays, a dit de son côté M. Fatuloiu. Un communiqué commun a souligné "la volonté des gouvernements roumain et français de mieux gérer les flux migratoires bilatéraux, de soutenir le renforcement des politiques d'intégration des populations défavorisées". Une visite à Bucarest d'Eric Besson et du secrétaire d'Etat aux Affaires européennes Pierre Lellouche a été programmée aux 9 et 10 septembre. Ces discussions franco-roumaines, qui se poursuivront jeudi, interviennent alors que le débat sur la ligne sécuritaire française est très vif, alimenté par des déclarations politiques et des mises en garde venues de l'étranger. La commissaire européenne chargée de la Justice et des Droits fondamentaux Viviane Reding a de nouveau confié mercredi voir avec "une certaine inquiétude l'évolution de ces derniers jours en France". A l'ONU, au Vatican et au Conseil de l'Europe, la position française a aussi été critiquée. En France, Nicolas Sarkozy a été attaqué à gauche mais aussi dans son propre camp. Son ennemi juré, l'ex-Premier ministre Dominique de Villepin, a estimé que sa politique sécuritaire est "indigne" et fait porter une "tache de honte" sur le drapeau français. Après plusieurs faits divers médiatiques, M. Sarkozy avait annoncé le 30 juillet que les camps illégaux de Roms seraient démantelés et certains criminels d'origine étrangère déchus de leur nationalité française. Les expulsions devant les caméras de télévision de plus de 200 Roms vers la Roumanie, la semaine dernière, ont marqué le début de la mise en œuvre de ces mesures renforcées, qui établissent un lien entre immigration et insécurité. Eric Besson a cependant déclaré mercredi à l'AFP que 8.313 Roumains et Bulgares avaient été renvoyés depuis le début de l'année dans leur pays. Environ 15.000 Roms vivent en France, où ils bénéficient des règles de libre-circulation de l'UE mais vivent souvent dans des abris de fortune. Après trois mois passés en France, sans domicile ni sources de revenus, ils sont dans l'illégalité et deviennent expulsables.

Source : Le Monde/AFP

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