mercredi 27 novembre 2024 09:33

Parution d'un ouvrage mettant en avant le rôle des Marocains dans la vie socio-économique de l'Egypte du 18è siècle

"Les Marocains en Egypte durant le 18è siècle" est l'intitulé d'un ouvrage paru à la Bibliothèque d'Alexandrie, de son auteur, le chercheur égyptien Houssam Abdelmoati, professeur à la faculté des lettres de l'université Beni Suef (sud de l'Egypte).

Selon des responsables de la Bibliothèque d'Alexandrie, cet livré, publié à l'occasion d'une conférence prévue le 21 décembre courant à Rabat, en partenariat avec la Rabita Hassania des Oulémas du Maroc, sera dédié à la Bibliothèque Nationale du Royaume et à l'Université Mohammed VI de Rabat.

Le directeur de la Bibliothèque d'Alexandrie, Ismail Siraj Eddine, a souligné l'importance de cet ouvrage qui jette la lumière sur les familles marocaines installées en Egypte, ainsi que sur les maisons de commerce marocaines.

L'ouvrage donne également une idée claire sur les activités économiques et sociales auxquelles se livraient des familles marocaines établies en terre égyptienne, a-t-il ajouté, faisant savoir que "la page des relations entre l'Egypte et le Maghreb Arabe est des plus radieuses de l'histoire", comme en témoignent le legs civilisationnels mais aussi les livres d'histoire qui évoquent cette question.

Et de faire observer que les liens entre ces deux grandes nations remontaient aux siècles passés, souvent traversés par une série de périples et de voyages entre les deux pays.

"Nous constatons que le cachet et l'esprit marocains sont présents dans la ville d'Alexandrie, chez ses Saints religieux, les noms de ses quartiers et ses boulevards", a-t-il relevé, notant que cette présence marocaine s'est étendue à d'autres villes, à l'instar de la ville de Rosette (Rachid en arabe) ou encore la ville de Fowa, comme au Caire, à travers le quartier Ibn Touloun, qui fut un centre des Marocains et qui continue actuellement d'abriter des familles d'origine marocaine.

Pour sa part, l'auteur du livre, Houssam Abdelmoati, a relevé que cette étude repose sur une analyse des familles marocaines durant le 18è siècle en Egypte, de l'élite de commerçants marocains et son rôle dans la promotion de l'économie égyptienne durant cette période historique ainsi que sur la dimension géographique prise par leurs transactions commerciales dans leurs différentes formes, outre l'épanouissement économique que ces commerçants avaient connu à cette époque.

Le choix des commerçants marocains en tant qu'objet de cette étude tient au fait que la communauté marocaine établie en Egypte était considérée comme étant la plus grande communauté musulmane et arabe arrivée dans ce pays depuis l'époque Ottomane, a-t-il expliqué.

Et de faire observer que les familles marocaines ne s'étaient pas installées uniquement en Egypte mais disposaient ramifications dans plusieurs pays du monde islamique au cours de cette période, ce qui avait largement contribué à la dynamisation de leur rôle dans la promotion du commerce extérieur, à travers des réseaux commerciaux qu'elles avaient réussi à tisser entre elles.

Ce choix trouve sa justification également dans des circonstances d'ordre pratique et documentaire en grande partie, étant donné qu'à cette époque, des Marocains faisaient appel aux juridictions égyptiennes plus que n'importe quels autres ressortissants étrangers, notant que les Marocains étaient souvent soucieux d'enregistrer leurs biens et leurs transactions, afin de préserver leur identité et de consolider leur présence en Egypte, ce qui a permis de disposer d'un véritable fond documentaire ayant rendu possible la réalisation de cette étude.

La pertinence de l'étude de l'histoire des foyers commerciaux marocains en Egypte apparait clairement en ce sens qu'elle met en avant le développement socio-économique via la reconstruction endogène du mode de vie quotidien des gens et de la société, et non à travers l'Etat, les lois et les systèmes, outre le fait qu'elle permet d'avoir une vision multiforme des personnalités membres de ces foyers, avec un focus sur leurs relations avec la société égyptienne.

Cet ouvrage réparti en six chapitres, outre l'introduction et la conclusion, traite dans sa première partie des différents facteurs ayant favorisé l'immigration marocaine vers l'Egypte durant le18è siècle, tout en insistant sur le caractère "ancien" de la présence marocaine en Egypte.

Ce volet zoome aussi sur l'activité commerciale intense au Caire, ainsi que sur le pèlerinage annuel des Marocains et leur passage par l'Egypte.

Dans cette partie, l'auteur de l'ouvrage met l'accent aussi sur l'importance culturelle et scientifique dont jouissait l'Egypte, à même de placer le pays au cœur des intérêts de plusieurs Marocains ayant choisi de s'y installer. Il donne aussi un aperçu global des zones de concentration des Marocains en Egypte.
Le deuxième chapitre s'intéresse à la définition du concept "foyer" chez les familles marocaines établies en Egypte, avec un accent particulier sur l'activité de plusieurs familles, afin de mettre en avant leur rôle actif et effectif.

Quant au 3è chapitre, il s'intéresse aux facteurs du succès des familles commerciales marocaines installées en Egypte, les domaines de leur activité commerciale, en l'occurrence le commerce des produits et marchandises qui génèrent des bénéfices énormes, comme le café et les tissus en coton indien.
Il traite, en outre, de la question des engagements commerciaux et de l'octroi de crédits aux demandeurs parmi les émirs et les commerçants, tout en s'intéressant à leurs investissements.

Le quatrième chapitre de cet opus est consacré au rôle des commerçants marocains dans les organisations commerciales au sein des marchés égyptiens. Il examine aussi leur concurrence avec les Syriens, les Turcs, et les Egyptiens pour accéder au titre de "maitre" (Chahbandar) des commerçants qui se trouve à la tête du commerce égyptien, mais aussi la nature de leurs rapports avec le pouvoir en place.

Concernant le 5è chapitre, il est axé sur la vie sociale des commerçants marocains et de la communauté marocaine en général, le mariage, le divorce, la vie au sein du foyer marocain en Egypte, le rôle des commerçants marocains dans l'édification des aspects civilisationnels et urbanistiques de l'Egypte, comme la construction des foundouks, des mosquées et des quartiers, ainsi que sur la vie quotidienne dans les villes où ils s'étaient installés.

Le sixième chapitre est consacré aux Marocains d'Al Azhar et comment cette institution de la science et du savoir avait fasciné et drainé des Marocains pour y faire leurs études.

Un accent est également mis sur le Pavillon Maroc au sein d'Al Azhar, avec un focus sur les principaux Savants et leur contribution remarquable au développement de la doctrine Malikite, ou encore sur les différentes questions intéressant les sociétés égyptienne et marocaine.

17 déc. 2015, Noureddine Zouini.

Source : MAP

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