La mort par noyade d'un groupe de migrants d'origine subsaharienne, le 6 février dernier, alors qu'ils tentaient de gagner le préside occupé de Sebta, continue de susciter des polémiques en Espagne surtout après la déclaration au parlement du ministre de l'Intérieur, Jorge Fernandez Diaz (PP), dans laquelle il a admis l'usage de balles de caoutchouc contre les clandestins.
Suite à ces déclarations faites, jeudi devant le Congrès des députés, des voix de l'opposition se sont élevées dans le pays ibérique critiquant notamment l'action des agents de la garde civile, qui auraient provoqué ce drame humain. Certaines demandaient la démission du directeur général de la garde civile et d'autres réclament l'ouverture d'une enquête indépendante sur cette tragédie.
Le ministre espagnol de l'Intérieur avait affirmé, lors de sa comparution devant la Commission de l'intérieur de la Chambre basse du Parlement, que la garde civile avait tiré des balles en caoutchouc et envoyé des fumigènes dans l'eau en direction des migrants, dont certains sont morts par noyade.
Il a reconnu l'usage par la garde civile de matériel antiémeute contre les immigrés subsahariens comme réponse à leur "attitude violente" manifestée lors de la tentative d'assaut de ces irréguliers.
Le ministre a souligné, en se basant sur le rapport détaillé élaboré par la garde civile, que les migrants subsahariens ont fait montre d'une "attitude violente" à l'égard des forces de sécurité, qui tentaient de les empêcher d'accéder à la ville de Sebta.
Les clandestins ont commencé à jeter des pierres sur les agents de la garde civile déployés dans le poste de Tarajal à Sebta, avait relaté le responsable espagnol.
Diaz a reconnu que la garde civile a utilisé de balles en caoutchouc pour repousser et "dissuader" les immigrés, soulignant toutefois que ce matériel n'a pas atteint les clandestins subsahariens.
"Aucun immigrant n'a été touché" , avait indiqué M. Diaz, soulignant qu'il "n'y a pas de lien de cause à effet" entre la mort de ces immigrants et l'usage de ce matériel antiémeute. "La réponse proportionnelle a été déclenchée à cause de l'attitude belliqueuse des immigrés", avait-il expliqué devant les députés, notant que les clandestins sont morts par noyade, et qu'il n'y a eu aucun "signe de violence" sur le corps des victimes.
Suite à cette déclaration, la numéro deux du Parti Socialiste Ouvrier Espagnol (PSOE, opposition), Elena Valencia, élue récemment tête de liste du Parti socialiste pour les prochaines élections européennes, a appelé, samedi sur son compte Facebook, à l'ouverture d 'une "enquête de fond" sur ce drame pour en "déterminer les responsabilités".
De son côté, le Secrétaire général du PSOE, Patxi Lopez, président du gouvernement régional du Pays-Basque, a fustigé les "mensonges" du gouvernement central sur les circonstances de la mort des clandestins subsahariens, en allusion aux déclarations contradictoires du responsable de la garde civile sur cette mort.
Le Coordinateur fédéral de la Gauche Unie Izquierda Unida (opposition), Cayo Lara, a appelé au départ du ministre de l'Intérieur, estimant que ce qui s'est produit constitue "une violation claire et flagrante des droits humains", à savoir le droit à la vie .
Le Parti Socialiste avait exigé, au cours du débat dans la Commission parlementaire, la démission du directeur général de la Grade civile, Arsenio Fernandez de Mesa, pour avoir apporté une version contradictoire avec celle du ministre de l'Intérieur.
Fernandez de Mesa avait annoncé, mercredi, qu'une plainte pour diffamation sera déposée contre ceux qui profèrent de "fausses accusations" à l'encontre de la garde civile, qui a annoncé samedi la découverte du corps d'un autre immigrant subsaharien.
A Rappeler que plus de 20 ONGs avaient déposé lundi dernier une plainte auprès du Procureur général de l'Etat espagnol pour l'ouverture d'une enquête sur ce drame.
15 févr. 2014
Source : MAP