mardi 26 novembre 2024 05:22

Propos controversés d’un ministre belge sur les musulmans : La polémique ne faiblit pas

Les récentes déclarations très controversées du ministre belge de l’Intérieur, Jan Jambon, qui a fait état de scènes de liesse dans la communauté musulmane après les attentats du 22 mars, continuent de susciter la polémique en Belgique, au sein de la classe politique en particulier.

Mercredi à la Chambre des représentants, le ministre s'est défendu de toute stigmatisation de la communauté musulmane, répétant toutefois que le phénomène du soutien dont jouissent les terroristes dans une partie de la population est ‘’connu’’.

‘’Tout le monde sait que de tels faits se sont produits. Faut-il attendre un procès-verbal pour confirmer l'existence de tels faits?’’, a lancé le vice-premier ministre, qui a dit s’appuyer sur les témoignages reçus des services de secours et de police, selon lesquels ‘’ce ne sont pas des rumeurs’’, mais des faits bien réels.

Toutefois, ces explications sont loin d'avoir convaincu l'opposition, qui a exigé du ministre d’étayer ses propos et de présenter des excuses, surtout qu’il a soutenu qu’une partie ‘’significative’’ de la communauté musulmane s’était réjouie des attentats du 22 mars.

Pour le parti des verts Ecolo, qui était parmi les premiers à être monté au créneau, M. Jambon ‘’a fait planer le doute sur une communauté entière’’.

‘’Quelle part exactement de cette communauté, selon le ministre de l’Intérieur, a réellement +dansé+ après les attentats’’, s’est interrogé le député Gilles Vanden Burre, avant de s’adresser au ministre : ‘’Si vous ne pouvez pas produire des faits, alors vous devrez présenter vos excuses à toute la communauté musulmane’’.

Sur le même ton, Catherine Fonck des Centristes démocrates humanistes (CDH) a estimé que si les propos du ministre ne sont pas fondés, alors ils sont ‘’scandaleux et irresponsables‘’. ‘’Vous pouvez générer des chaînes de réactions incontrôlées faites de peur et de haine’’, a-t-elle poursuivi.

Chez le Parti socialiste (PS), la principale formation d’opposition, la réaction est tout aussi virulente. ‘’Soit vous faites la preuve de ce que vous avancez, soit vous vous excusez ! C’est inacceptable de désigner ainsi les musulmans pour identifier une communauté, d’introduire la religiosité dans la sphère publique. Il faut que ces amalgames cessent’’, a lancé le député fédéral, Emir Kir.

Pas uniquement au sein de l’opposition, les propos du ministre de l’intérieur ont également soulevé une vive réaction au sein de la majorité gouvernementale.

Le député Veli Yuksel, du parti des Chrétiens démocrates flamands (CD&V), qui fait partie du gouvernement fédéral, a exigé des explications : ‘’Il y a 800.000 musulmans dans ce pays, qu’est-ce qu’une part +significative+ de cette communauté ? 1pc de 800.000, cela fait 8.000 personnes, 0,1pc, cela donne 800 personnes… Dites-nous ce qu’il en est’’.

Outre la classe politique, d’autres réactions ont fusé. L'Exécutif des musulmans de Belgique (EMB) n’a pas tardé à condamner les déclarations de M. Jambon, estimant qu'elles ‘’stigmatisent cette communauté et qu'elles sont inacceptables de la part d'un ministre qui a en charge la protection de tous les citoyens, y compris ceux de confession musulmane’’.

‘’Les musulmans de notre pays ont toujours condamné unanimement tous les attentats terroristes et ce, quels qu'en soient le lieu et les auteurs. Il en est de même pour les attentats qui ont touché notre pays et qui nous ont profondément meurtris’’, a réagi l'EMB dans un communiqué.

Le mouvement contre le racisme et la xénophobie (MRAX), qui a qualifié de ‘’scandaleuses’’ les déclarations de M. Jan Jambon, a décidé de réunir mardi prochain son conseil d'administration pour décider des suites juridiques à donner à ces propos.

20/04/2016

Source : MAP

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