mercredi 27 novembre 2024 01:35

Quand la déchéance de nationalité choque les Français de l'étranger

Le projet du gouvernement visant à constituer deux catégories de citoyens rencontre logiquement un écho défavorable chez nos compatriotes résidant hors de France. Un choix qui pourrait se retourner contre la gauche en 2017.

Manuel Valls a présenté mercredi 27 janvier 2016 à l'Assemblée nationale le projet du gouvernement sur le délicat thème de la déchéance de la nationalité. Depuis un mois la polémique fait rage sur le sujet et le départ de Christine Taubira a porté le coup de grâce entre pros et antis au sein du PS et au-delà.

Loin du repli identitaire

Aussi, pour trouver le compromis politique nécessaire au prochain vote du Congrès de la révision constitutionnelle, le Premier ministre a édulcoré le dossier en évitant le terme de binational. Mais dans les faits, la décision poussée par l'Elysée pour lutter contre le terrorisme marque bien une distinction en deux catégories de citoyens français : ceux disposant de la seule nationalité française et les autres.

Mesure inutile sur le plan d'une quelconque efficacité sécuritaire, la portée symbolique n'a toutefois pas échappé aux 2,5 millions de Français résidant à l'étranger. Logique, tous sont confrontés à l'Autre au quotidien, et la-plupart n'assimilent heureusement pas le danger à une forme de citoyenneté. Loin du repli identitaire, ils ne voient donc pas l'intérêt d'une justice à deux vitesses basée sur le seul passeport.

Plus de 40% des Français de l'étranger bi-nationaux

Presque la moitié des Français de l'étranger sont des binationaux (42%), soit plus d'un million de personnes. Français nés à l'étranger de parents français. Français nés de parents de deux nationalités différentes. Français devenus français par choix, par mariage bien souvent... Tous doivent être interloqués aujourd'hui devant le message du gouvernement de la France : Français binationaux, vous n'êtes pas des Français comme les autres !

 Au delà du clivage politique

Hors de nos frontières, le tollé a également dépassé le clivage politique. Députés et sénateurs des Français de l'étranger de droite comme de gauche sont pour la-plupart montés au créneau. L'ancienne ministre socialiste, la sénatrice Hélène Conway Mouret, a ainsi publié une tribune co-signée par de nombreux responsables politiques rappelant que « binationaux, nous le sommes tous intimement ». Une pétition a même été lancée sur le web à l'appel de personnalités et politiques représentant les Français expatriés pour demander au Président Hollande de retirer cette mesure.

Pour l'heure, le gouvernement a décidé d'aller au bout de sa logique au risque de diviser sa majorité et les Français. Plus d'un million d'électeurs Français de l'étranger jugeront aussi à l'aune de ce choix le candidat Hollande lors de la Présidentielle de 2017.

Hervé HEYRAUD. Président et fondateur du site www.lepetitjournal.com, le quotidien en ligne des Français à l'étranger

02/02/201, 6Par Hervé Heyraud  

Source ; latribune.fr

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