mardi 26 novembre 2024 12:31

Radioscopie de l’immigration en Espagne : Les Marocains représentent plus de 30% des extracommunautaires en 2011

La présence de la communauté marocaine en Espagne a augmenté de 1,78%  en 2010 en dépit de la crise économique qui affecte fortement le marché du travail. Au 31 décembre de 2010, il y avait 757.809 ressortissants marocains munis de papiers en règle, soit une augmentation de 13.525 en comparaison avec 2009. Ils se composent de 460.226 hommes (60,73%) et 297.583 femmes (39,26%), une proportion qui est quasi-similaire à celle de 2009.

Si le total des immigrés s’est stabilisé en 2010, la communauté marocaine conserve cependant le premier rang comme la plus nombreuse devant le reste des collectifs des étrangers extracommunautaires, ont indiqué les dernières statistiques officielles publiées, mardi, par le ministère espagnol du Travail et de l’Immigration. Celle-ci représente, en outre, 15,38% du total des étrangers, qui est de 4.926.608, et 30% des 2.524.976 immigrés recensés non originaires de l’Union Européenne.
Le collectif marocain est aussi majoritaire, jusqu’à fin janvier, en termes d’affiliations d’étrangers à la Sécurité Sociale, selon le rapport mensuel du ministère espagnol du Travail et de l’Immigration sur les affiliations, rendu public fin février à Madrid. Ce sont 214.315 marocains, soit 12% du total des 1.777.567 étrangers qui cotisent à cet organisme. Par secteurs, les marocains se répartissent entre l’ensemble des régimes de la Sécurité Sociale avec 114.713 affiliés au régime général, 75.009 au régime agraire, 12.425 au régime du service domestique, 11.390 au régime des travailleurs autonomes, 775 à celui de la mer et deux seulement au régime du charbon.  Au total, ce sont 28,28% du collectif marocain qui cotisent à la Sécurité Sociale en Espagne. Toutefois, 46,5% des Marocains sont affiliés aux Régimes Spéciaux qui comptent moins de couverture sociale. Il s’agit  de régimes institués pour certaines activités caractérisées généralement par la précarité pour assurer un minimum de garanties pour les travailleurs saisonniers, la basse rémunération et la discrimination par rapport aux affiliés au Régime général en termes de prestations sociales. La catégorie des  travailleurs marocains exerçant dans le petit commerce et dans des conditions précaires et cotisant à ces régimes, a été fortement touchée par l’effondrement des secteurs économiques qui emploient une main d’œuvre nombreuse et moins qualifiée, tels le bâtiment, l’agriculture et le travail domestique.

Il est surprenant de constater dans l’analyse des dernières statistiques sur la présence des immigrés en 2010, que l’Espagne compte autant d’étrangers de l’Union Européenne (communautaires) que d’immigrés provenant d’autres continents (extra-communautaires). C’est une réalité qui corrige les stéréotypes véhiculés dans les médias quant à la composition de la population étrangère.

De manière que sur les 4.926.608 étrangers résidant en Espagne jusqu’au 31 décembre dernier, il y a 2.401.632 citoyens de l’Union Européenne (48,75%) et 2.524.976 extra-communautaires (51 25%). Le collectif étranger se compose de  53% d’hommes et 47%, de femmes, ce qui démontre que le taux de « masculinisation » du collectif immigré a baissé graduellement depuis les années 80.

Autre réalité statistique, le nombre des communautaires a augmenté de 185.86 personnes, soit une hausse de 7,7% en comparaison avec 2009. Uniquement au quatrième trimestre de l’année dernière, 43.709 nouveaux communautaires sont venus s’installer en Espagne, ce qui représente une augmentation de 1,82% sur le total.  Ils  résident et travaillent actuellement en Espagne 840.682 roumains, 228.829 britanniques et 170.051 italiens entre autres.

Par contre, le collectif des extracommunautaires s’est réduit de 1,45% perdant 37.056  membres en l’espace d’un an. L’accès à la nationalité espagnole et l’entrée en vigueur de programmes du retour volontaire (encouragé par le gouvernement espagnol), le départ spontané sous la pression de la crise du marché du travail sont avancées comme principales causes qui sont à l’origine de cette réduction.

S’agissant de la répartition géographique, les immigrés se concentrent traditionnellement dans les communautés autonomes au plus fort potentiel économique et offrant davantage d’opportunités d’emploi telles la Catalogne, qui abrite 706.282 étrangers extra-communautaires, Madrid avec 462.404, d’Andalousie avec 264.776 et la Communauté Valencienne avec 256.329. Ce sont les mêmes destinations préférées des immigrés durant les trois dernières décennies.

La population immigrée en Espagne est également jeune puisque la tranche d’âge 25 -44 ans englobe 50% de ce collectif. C’est une  population qui a été éduquée et formée aux frais de leurs pays d’origine. Elle est par conséquent apte à contribuer au fonctionnement de l’économie espagnole, occuper les postes d’emploi boudés par les autochtones, rajeunir la population et alimenter la trésorerie de la Sécurité Sociale par le  versement de cotisations. Il y a également 465.477 immigrés de moins de 16 ans. Par contre, le nombre de ceux qui sont âgés de plus de 64 ans ne dépasse guère 32.834 personnes, soit 1,3% du total de ce collectif. Cette donnée apporte un autre éclairage selon lequel, la proportion qui a accompli son cycle vital et consomme généralement d’énormes services sociaux au sein du collectif immigré est très réduite. En face, 17,9% des habitants au sein de la population espagnole, ont plus de 65 ans, la quasi majorité bénéficie d’une pension, dont 3.031.597 hommes et 4.231.444 femmes, selon les données de l’Institut Espagnol de la Statistique (INE) relatives au 1 er janvier 2009.

En 2010, les marocains ont obtenu 47.971 initiales de résidences, soit 31,29% du total des autorisations attribuées par les autorités compétentes. Cette donnée démontre  clairement que l’arrivée en Espagne des marocains s’opère selon les canaux légaux et dans des conditions régulières.

Les statistiques officielles ont le mérite de corriger certains stéréotypes attribués abusivement à la population étrangère extra-communautaire par certains secteurs conservateurs. Ceux-ci adoptent souvent des attitudes hostiles à la convivialité entre ressortissants de diverses cultures sans analyser objectivement les avantages que tire la société espagnole de la présence des immigrés. Il s’agit d’un collectif jeune, peu coûteux en termes de prestations sociales et qui contribue à la régénération démographique et à la prospérité de l’économie, dont les cotisations à la Sécurité Sociale.

4/3/2011, Mohamed Boundi

Source : Al Bayane

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