jeudi 28 novembre 2024 11:56

Ramadan pour la communauté musulmane de New York: qui a dit dépaysement?

Si le mois de Ramadan est par définition celui du recueillement, du rapprochement et de la générosité dans le monde arabo-musulman, ces vertus s'amplifient considérablement et prennent des allures de modes de vie dans les pays hôtes de ces communautés qui rivalisent d'inventivité pour vaincre les sentiments de dépaysement.

D'Iftars collectifs aux tables-rondes sur les bienfaits du jeûne en passant par des conférences sur l'importance de faire preuve de davantage de piété et de multiplier d'actes de bienfaisance, les associations et autres groupements des communautés musulmanes de New York affichent des programmes particulièrement riches pour le mois béni. Résultat: les membres la communauté musulmane qui s'engagent dans ces activités ressentent moins les méfaits de l'expatriation.

En effet, ces cadres de groupement des Musulmans ne lésinent sur aucun moyen pour recréer, souvent au détail près, l'atmosphère et l'ambiance qui règnent normalement lors du Ramadan dans les pays d'origine, tant sur le plan culinaire que celui religieux et relationnel.

A cet égard, l'Association des Marocains de New York a organisé un iftar collectif dans la région du Brooklyn, qui connait une remarquable concentration de la communauté marocaine newyorkaise. Cet évènement, auquel ont pris par des dizaines de Marocains et d'autres membres de la communauté musulmane, a été l'occasion de resserrer les liens de fraternité et d'appartenance, mais également de se mettre autour d'une table embellie de mets marocains traditionnels, notamment la célébrissime harira, qui constitue pour beaucoup une condition sine qua non pour un ftour dans les règles de l'art.

Ces rencontres sont également l'occasion de mettre en relief la générosité et la proverbiale tradition d'accueil dont est connue la société marocaine depuis des millénaires, et de faire la lumière sur la richesse et la diversité de la culture marocaine, souligne Mouhssine Ettaouti, membre de l'Association.
De l'autre côté de New York, dans la ville de Yonkers, le centre islamique andalous, qui regroupe une école, une mosquée et un centre culturel, organise des iftars similaires qui réunissent des nombres grandissants de musulmans de différents pays, contribuant à briser "l'enclavement culturel" de la communauté musulmane.

Abdellah H. un quinquagénaire marocain et un membre actif du centre, qui redouble d'engagement lors du mois de Ramadan, confie à la MAP qu'il n'a raté "aucun Iftar collectif du centre depuis l'avènement du mois sacré".

Dès le début de l'après-midi, l'épouse de ce natif de Marrakech conduit leurs trois enfants au centre où, munie des ingrédients de préparation de la harira, du thé marocain et de différents types de jus, elle retrousse ses manches pour participer avec d'autres dames, en majorité arabes, à la préparation du repas du ftour, raconte-t-il à la MAP.

"Je tiens toujours à ramener mes enfants ici chaque jour pour qu'ils rencontrent d'autres enfants marocains et arabes pour maintenir et consolider les liens à la fois avec la culture marocaine et avec la langue arabe", confie pour sa part, Nadia S., une marocaine mariée à un musulman américain, une décision que son époux, Ahmed-Peter S. approuve volontiers, ajoutant qu'il se sent en famille lors de ces Iftar collectifs.

Toujours à Yonkers, le maire de cette petite ville de l'Etat de New York, Mike Spani, a organisé, vendredi dernier, le premier Iftar annuel en l'honneur de la communauté musulmane de cette ville. Il a, dans une brève allocution liminaire, souligné l'apport positif et grandissant de cette communauté, et sa contribution au progrès que connait Yonkers.

De son côté, Abdallah Makhlouf, président du Conseil consultatif de la communauté musulmane des Etats-Unis, a estimé que cette réception reflète la place importante qu'occupent les Musulmans de Yonkers, appelant les membres de cette communauté à s'engager encore plus dans les activités politiques, économiques et culturelles de la ville et au-delà.

La majorité des musulmans approchés par la MAP jugent qu'alors que rien ne vaut le fait de passer ce mois sacré parmi les siens en terre musulmane où le rythme de la vie (travail, études..) s'adapte avec l'horloge spécifique au Ramadan, le sentiment de dépaysement se fait, en effet, moins sentir lors du mois béni grâce à la multitude d'activités qui rapprochent les membres de la communautés et dissipent tout sentiment de solitude.

14 juil. 2015 ? Aziz Rami

Source : MAP

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