L'universitaire américaine Ruth Klüger, survivante de la Shoah, a salué mercredi la politique "héroïque" de la main tendue aux réfugiés de la chancelière Angela Merkel, devant les députés allemands réunis pour le 71e anniversaire de la libération d'Auschwitz.
Le mantra de la dirigeante allemande "Nous allons y arriver!"' qu'elle a martelé durant des mois alors que le flot de réfugiés ne cessait de grossir est "un slogan simple et par là héroïque", a estimé Ruth Klüger, 84 ans, lors d'un discours émouvant devant le Bundestag, qui commémore chaque année la libération du camp d'extermination nazi le 27 janvier 1945.
Devant la chancelière qui assistait à ce discours, Mme Klüger, qui a survécu à l'horreur d'Auschwitz, a souligné être l'une de ceux "qui sont passés de l'étonnement à l'admiration" en voyant l'Allemagne ouvrir ses portes l'an dernier à quelque 1,1 million de réfugiés jetés sur les routes de l'exil par la guerre, la terreur ou la misère.
"Ce pays, qui il y a 80 ans fut responsable des crimes les plus atroces du siècle, a aujourd'hui gagné les applaudissements du monde entier grâce à l'ouverture de ses frontières et la générosité avec laquelle il a pris et prend encore en charge le flot de réfugiés syriens et d'autres nationalités", a dit l'intellectuelle, née en Autriche et qui a immigré aux Etats-Unis au lendemain de la Guerre.
Angela Merkel, invoquant son "devoir" de porter secours à des réfugiés en détresse, leur a ouvert grand les portes de son pays à la fin de l'été 2015, assurant malgré les doutes et les interrogations que "nous allons y arriver!".
Des centaines de milliers de migrants avaient alors rejoint le pays, au bout d'une odyssée périlleuse à travers l'Europe, accueillis dans les gares avec des roses par des Allemands enthousiastes. Mais depuis, l'ambiance a quelque peu changé en Allemagne.
Face notamment à la fronde de certains de ses alliés politiques, elle a promis de réduire drastiquement le nombre de migrants accueillis cette année.
Née en 1931 à Vienne, Ruth Klüger, spécialiste de littérature germanique, a été déportée à l'âge de 11 ans. A 14 ans, elle a rejoint Auschwitz avant d'être envoyée dans un autre camp où elle fut victime du travail forcée.
Immigrée aux USA à l'âge de 15 ans, elle a notamment publié "Refus de témoigner" en français sur son expérience des camps de la mort.
Chaque année, le Bundestag allemand marque l'anniversaire de la libération du camp d'extermination en invitant un survivant de l'Holocauste. Quelque six millions de Juifs ont péri sous le joug nazi.
27 janv. 2016
Source : AFP