lundi 25 novembre 2024 02:32

Retour prématuré des Marocains résidant à l’étranger : Un manque à gagner pour l'économie marocaine

L'opération retour de la campagne «Marhaba 2010» a débuté il y a exactement un mois, témoignant d'une rentrée au bercail précoce des MRE, et pour cause...  le mois de Ramadan et ses préparatifs.

Comme chacun le sait, les investissements et les dépenses des Marocains résidant à l'étranger (MRE) contribuent directement à la dynamique économique du Royaume. Outre les transferts d'argent durant l'année et qui ont dépassé les 50 milliards de dirhams en 2009 (notons au passage que ce chiffre, qui représente environ 9 % du Produit intérieur brut (PIB) du Maroc, couvre une grande partie de son déficit commercial et constitue la première source de devises), les MRE stimulent l'économie nationale et surtout en été. En effet, à chaque saison estivale, de juin à fin août, ce sont plus de 2 millions de « visiteurs » qui entrent dans le pays laissant sur leur passage quelque 30 milliards de dirhams injectés directement dans la sphère économique nationale. Beaucoup de secteurs comme l'immobilier, le tourisme, la téléphonie mobile, le commerce et même celui de l'informel en tirent énormément de bénéfices. Le hic cette année, c'est que les différents points de passage indiquent un retour avant l'heure des MRE, même la campagne «Marhaba 2010» est entrée prématurément le 15 juillet dans sa phase retour à cause de l'approche du mois sacré du Ramadan.

Depuis le début de cette phase, 478.904 personnes (à la date du 9 août) ont déjà emprunté le chemin du retour, alors qu'à la même période un an auparavant, elles n'étaient que 343.213, soit une augmentation de 40%. Rien que la journée du 9 août a enregistré 6.442 véhicules et 24.814 personnes qui ont quitté le territoire contre 2.925 véhicules et 10.622 individus arrivés.
Il est donc certain que l'été 2010 a été raccourci pour les émigrés marocains dans leur pays d'origine, ce qui n'est pas sans conséquences sur les retombées économiques de cet exode temporaire.

Si on considère et c'est logiquement le cas, que le manque à gagner est proportionnel à cet écart, on pourra penser qu'il se situera entre 20 % et 40 %, ce qui présentera (si on prend une moyenne de dépense par individus durant le séjour de 1500 euros) 3 milliards de dirhams qui n'iront pas rejoindre le tissu économique du Royaume en 2010 par rapport à 2009.
Certes, beaucoup diront que ce sont des prévisions faites approximativement, mais ce qui est indéniable, c'est que la moisson en devises qu'apporteront les MRE en 2010 sera nettement moins bonne qu'en 2009 (crise financière mondiale mise à part).
D'autre part, ce phénomène va être récurent pendant encore 3 ou 4 ans d'après le calendrier de l'Hégire.

De ce pas, le doute n'est plus permis et la visibilité est présente pour commencer à prendre une batterie de mesures dans le domaine du marketing touristique en créant par exemple des formules voyages incluant le ''f'tour'' et les pratiques spécifiques du mois sacré. Du reste, Les responsables gouvernementaux de ce secteur doivent redoubler d'efforts pour maintenir les liens entre les MRE et leur pays surtout que des études européennes ont fait savoir que, de génération en génération le cordon ombilical qui relie les émigrés au pays de leurs grands parents se fragilise et tombe en désuétude.

Les secteurs qui profitent du séjour des MRE...

Des secteurs comme l'immobilier, le tourisme, le commerce, les biens de grande consommation ou la téléphonie mobile profitent largement de l'arrivée des MRE pendant la période estivale et de la manne monétaire qu'elle draine.
En effet, certaines petites entreprises voient leur chiffre d'affaires grimper jusqu'à 200 % par rapport à la saison normale, plus que cela, la survie de l'activité de quelques unes d'entre elles dépend de cette clientèle, Cependant certains secteurs en profitent plus que d'autres. C'est notamment le cas de l'immobilier qui, selon l'Office des changes, accapare plus de 80 % des investissements des MRE, la majorité de ces achats se déroule pendant la période de l'été.

L'autre secteur qui bénéficie majoritairement de cette aubaine est le tourisme, car pendant longtemps, (et jusqu'à 2006) les MRE étaient les premiers clients du tourisme au Maroc (60 % des arrivées entre juillet et août), de plus, la durée moyenne de leur séjour est nettement supérieure à celle des autres touristes. 'autre part, l'été connaît une forte augmentation de la vente des cartes prépayées (en 2006, 1,3 million de cartes prépayées ont été vendues, sachant que les opérateurs n'en vendent pas plus de 13 millions par an.), et ce grâce aux MRE. Il est donc clair que pour beaucoup de sociétés, la saison du retour des RME est considérée comme la haute saison.

Source : Le Matin

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