dimanche 24 novembre 2024 21:53

Réunification familiale au Canada: une réforme nuisible, selon une étude

Les récents changements apportés à la politique canadienne sur l'immigration ont des conséquences néfastes sur les familles immigrantes, conclut une étude du Conseil ethnoculturel de Calgary.

En novembre 2011, le gouvernement fédéral a cessé d'accepter les nouvelles demandes en vertu du Programme des parents et grands-parents. Il n'a recommencé à le faire que le 2 janvier dernier, pour un maximum de seulement 5000 demandes par année. Ce maximum pour 2014 a été atteint le 3 février dernier. Ottawa a aussi introduit le super visa, qui permet des entrées multiples au Canada et qui demeure valide durant 10 ans.

Au cours de la dernière année et demie, le Conseil ethnoculturel a recueilli les témoignages de 10 nouveaux arrivants qualifiés, un réfugié, un immigrant du Programme des candidats des provinces et deux immigrants parrainés par leurs époux.

Son étude publiée vendredi stipule que le super visa ne constitue pas toujours une solution de rechange viable pour la réunification. La majorité des participants ont indiqué qu'ils ne pouvaient pas se payer les coûts « prohibitifs » qui y sont associés.

Pas un fardeau

Les participants ont aussi confié que les parents et grand-parents parrainés par leurs familles ne représentaient pas un fardeau pour la société. Ils aident plutôt à élever leurs petits-enfants, ce qui permet à leurs enfants de travailler. « Quand ces parents et grands-parents ne peuvent venir au Canada, les familles doivent se débrouiller avec un seul revenu (réduisant ainsi leurs cotisations fiscales annuelles) et les femmes, surtout, n'arrivent pas à accéder au marché de l'emploi », peut-on lire dans l'étude.

Yvonne Frederick, Camerounaise d'origine qui demeure au Canada depuis 2002, en témoigne. « Je trouve cela très difficile pour moi de joindre les deux bouts avec mes enfants, aller au travail et pouvoir continuer mes études », dit celle qui veut faire venir son grand frère de 57 ans du Cameroun, un assureur à la retraite.

« Je ne sais pas pourquoi le gouvernement aurait pensé que nos parents qui viennent ici automatiquement iront sur l'aide sociale et deviendront une charge pour le gouvernement. » —

Les minorités visibles particulièrement touchées

L'étude du Conseil souligne aussi que de nombreux participants doivent supporter financièrement leurs parents à l'étranger et ressentent l'obligation de se rendre dans leurs pays d'origine quand leurs parents y tombent malades ou y sont hospitalisés.

Elle conclut aussi que les implications économiques des changements à l'immigration affectent le plus les immigrants provenant des « pays du Sud » et risquent d'exacerber les disparités socioéconomiques entre les Canadiens ou immigrants issus des minorités visibles et les autres.

La directrice de recherche du Conseil, Bronwyn Bragg, prévient que les immigrants qualifiés iront ailleurs qu'au Canada si la réunification familiale demeure difficile.

14/2/2014 , Ralph-Bonet Sanon

Source : radio-canada

 

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