Après ses derniers succès xénophobes (contre les minarets ou pour l’expulsion des délinquants étrangers…), l’UDC, le parti de droite extrême de Christoph Blocher, voudrait en remettre une couche.
Sa nouvelle initiative politique, qui sera soumise au vote populaire dimanche prochain, demande en effet la réintroduction de quotas pour l’immigration selon les besoins de l’économie (avec, donc, un coup d’arrêt au regroupement familial, etc. ) et une renégociation avec l’Union européenne sur la libre circulation des personnes (l’ALCP, signé en 2002, chapitre important des accords bilatéraux Suisse-UE). Ainsi, alors que leur cote politique s’érodait, ces dernières années, les nationaux populistes repiochent dans leur fonds de commerce populiste-xénophobe pour se refaire une santé. Ils savent qu’après des années de crise économique, de recul des budgets publiques (notamment pour le logement et les transports), de stagnation du pouvoir d’achat des salariés et d’augmentation lente mais continue d’une immigration notamment européenne (environ 60 000 travailleurs originaires de l’UE se sont installés annuellement en Suisse depuis 2002), un fond de mécontentement populaire existe dans le pays. À son habitude, l’UDC compte engranger les bénéfices politiques de ce malaise, quitte à proposer des solutions éculées qui avaient déjà échoué à leur grande époque dans les années 1960-1970, quand, malgré les quotas, l’immigration avait connu une plus forte croissance qu’aujourd’hui. Les derniers sondages font pourtant état d’une remontée du oui (atteignant les 43 %). La votation s’annonce donc serrée… Or, en cas de succès de l’initiative, si le résultat est douteux sur l’immigration, la secousse pourrait être sérieuse pour les relations bilatérales durement négociées par la Suisse avec l’UE. José Manuel Barroso a d’ailleurs évoqué lui-même un risque de crise bilatérale...
5/2/2014, Ramine Abadie
Source : L’Humanité