dimanche 24 novembre 2024 23:56

Suisse : un vote sur l'immigration dimanche à l'issue incertaine

Les Suisses vont voter dimanche sur une proposition de limitation de l'immigration, un sujet cher au parti UDC (droite populiste) dont l'issue incertaine pourrait être lourde de conséquences pour les relations entre la Suisse et l'Europe.

"J'appelle les Suisses à voter avec leur tête et non pas avec leurs tripes", a lancé le ministre de l'économie Johann Schneider-Amman, à l'intention des Suisses romands, une région qui doit sa prospérité à une forte présence d'Européens et de frontaliers.

Selon un sondage réalisé fin janvier, 43% voteront "oui" pour une limitation de l'immigration, avec le rétablissement de quotas, alors qu'ils n'étaient que 37% début janvier. 50% ont répondu qu'ils allaient voter "non".

Toute la question est de savoir ce que feront les 7% d'indécis, qui feront pencher la balance d'un côté ou de l'autre.

Pour Pascal Sciarini, professeur de sciences politiques à l'université de Genève, les Suisses vont "peut-être se résigner à voter contre ce texte, car ils craignent les conséquences qu'un +oui+ pourrait avoir sur les relations avec l'Union Européenne".

Selon lui, "il est clair que l'immigration est un sujet de crispation en Suisse", et si le "oui" l'emporte, ce "sera le chaos".

Le gouvernement, les milieux économiques et les syndicats ont appelé à voter "non" au texte, qui touche directement les relations avec l'UE.

Depuis l'entrée en vigueur en 2002 des accords de libre-circulation de l'UE avec la Suisse, quelque 80.000 ressortissants de l'UE se sont installés tous les ans en Suisse, pour y vivre en famille et travailler, soit dix fois plus que les projections du gouvernement.

Cette immigration massive est la cause de tous les maux en Suisse, selon l'UDC, le premier parti du pays, qui dénonce pèle-mêle la pénurie des logements, des transports en commun bondés, un bétonnage des paysages et une dégradation de la qualité de vie dans le pays.

Le gouvernement répond que c'est faux, et que cette immigration massive a été l'une des composantes de la croissance économique insolente de la Suisse, par rapport à ses voisins européens.
En outre, ajoutent les autorités, le taux de chômage reste faible en Suisse, avec 3,5% en moyenne
En 2013, les étrangers représentaient 23,5% (1,88 million de personnes) de la population en Suisse, un pays qui compte plus de huit millions d'habitants.

Sur ces étrangers, 1,25 million sont issus de l'UE-27 ou de l'AELE.

Les Italiens et les Allemands sont les plus nombreux, avec respectivement 291.000 et 284.200 ressortissants.

Ils sont suivis par les Portugais (237.000) et les Français (104.000), selon des chiffres officiels.

A ces étrangers, il faut en plus ajouter, selon l'UDC, les frontaliers qui représentent dans la région de l'Arc Lémanique, autour du lac Léman, quelque 113.000 personnes et dans le Tessin 60.000.

Selon le député Norman Gobbi, au Tessin, le canton italophone au sud de la Suisse, frontalier avec l'Italie, le nombre de frontaliers italiens a doublé depuis 2002. Désormais, un emploi sur quatre dans ce canton est occupé par un frontalier.

Les sondages montrent que plus de 70% des votants au Tessin voteront "oui".

Dans le canton de Genève, un emploi sur trois à l'hôpital universitaire est occupé par un frontalier, tout comme dans les transports publics, dans les banques 35% du personnel est européen.
Le gouvernement suisse, où l'UDC est représentée par Ueli Maurer, ministre de la défense, ainsi que le Parlement, ont recommandé le rejet de cette initiative, car une acceptation aurait de graves conséquences pour le pays selon eux.

"Si l'on touche à la libre-circulation des personnes (...) on menace les places de travail de chacun", a indiqué le ministre Schneider-Amman, qui se déclare cependant "persuadé qu'à la fin, les Suisses vont suivre les recommandations du Parlement et du Conseil fédéral", car "dans tous les domaines, les Suisses réfléchissent et avancent avec prudence", et ils "votent de manière raisonnable".

Le résultat surprise de 2009 dans la votation pour interdire la construction de minarets revient pourtant dans les mémoires. Le non devait l'emporter selon les sondages et le oui a largement triomphé.

La nervosité sur le sujet est palpable. La semaine dernière l'annonce de la nomination de José Cachim, un vétérinaire exerçant actuellement dans l'administration portugaise, comme vétérinaire officiel dans le Canton du Jura, a été vivement commentée. "Sur huit candidats, trois étaient Suisses et ils n'avaient pas la formation requise", s'est excusée l'administration locale.

05 févr. 2014

 Source : AFP

 

Google+ Google+