jeudi 28 novembre 2024 04:33

Terre d'accueil

Le Maroc est-il une terre d'accueil ou une terre d'écueil ? Pris en otage par l'Europe qui monnaye sa tranquillité, nous sommes assignés au mauvais rôle de gendarme, pour empêcher les candidats à l'aventure d'arriver à Sebta, Mellilia ou sur les côtes sud de l'Espagne voisine.

C'est ainsi que la police nationale se livre régulièrement à de véritables opérations de chasse aux Subsahariens en situation illégale. En septembre 2011, plus d'une centaine de personnes ont été arrêtées à Rabat et dans la région de Nador. Cette opération faisait suite aux pressions espagnoles dénonçant le laxisme marocain et le non respect des accords sur les migrations.

Ces derniers jours, c'est Taourirt qui a été le théâtre d'opérations musclées, sui vies par Rabat et Casablanca où plus d'une centaine de personnes ont été arrêtées.

Le CNDH a dépêché une commission à Taourirt pour recueillir les témoignages des personnes sur place, La police en a profité pour arrêter un jeune Camerounais à la sortie des locaux de la commission. Jugé en comparution immédiate, pour séjour illégal, il attendait jeudi après-midi son verdict.

Le problème des migrations est emblématique de cette période de l'histoire où pendant les cinquante dernières années, la richesse créée à travers le monde dépasse celle créée pendant plusieurs siècles. Cette période restera dans l'Histoire comme celle de la construction de murs, de bannissements et d'œillères appliquées sur la conscience de celles et ceux qui ne veulent pas renoncer à leur petit confort.

Le problème des migrations est un problème posé à l'envers. Ce n'est pas la liberté de mouvement qui doit être régulée, c'est plutôt l'accès, dans la dignité, au minimum vital.

Le Maroc n'a pas d'autre choix que d'appliquer aveuglément les directives européennes pour ne pas voir se tarir les flux financiers venus du Nord. Mais il est vital pour la morale et pour notre conscience collective de nous assurer que ces fonds sont utilisés à bon escient. Surtout, il serait judicieux de réfléchir à la manière d'intégrer les candidats à l'exil au lieu de les pourchasser comme des bêtes.

8/6/2012, Éditorial de SAÂDA. TAZI

Source : Le Soir

Google+ Google+