mardi 26 novembre 2024 18:38

Transferts financiers des Marocains résidant à l’étranger

Plus de visibilité à l'investissement productif

Les transferts des Marocains Résidents à l'Étranger ont pris tellement d'importance qu'ils constituent un enjeu national devant être pris en charge par l'ensemble des entités du pays, notamment celles de la diplomatie économique. À cet égard, un atelier sur la contribution des émigrés au développement du Royaume a été organisé lundi à Rabat par le Conseil de la communauté marocaine à l'étranger (CCME).

Le Conseil de la communauté marocaine à l'étranger (CCME) a organisé lundi à Rabat un atelier sous le thème des “Transferts financiers de la communauté marocaine à l’étranger, Quelle contribution au développement?” animé par divers experts internationaux.

Selon les statistiques avancées par ces intervenants sur les caractéristiques de la communauté marocaine établie à l'étranger, 29% des MRE ont moins de 15 ans, 68% sont en âge d'activité et 12% ont un niveau universitaire, ce qui représente “une force intellectuelle”, par ailleurs, 42% d'entre eux ont une double nationalité.

Si 70% des transferts MRE sont destinés à la consommation des ménages, ils représentent aussi un moyen énorme de lutte contre la pauvreté et sont un des meilleurs canaux pour le financement de la balance commerciale au Maroc. Il faut à cet égard souligner que l'écrasante majorité de la nouvelle génération des MRE préfèrent investir dans leur pays d’accueil plutôt qu'au Maroc.

307,12 milliards DH

C’est l’apport que la communauté marocaine à l’étranger a enregistré durant les huit dernières années, soit un volume annuel moyen de 38,39 milliards de dirhams. Pour 2010, les transferts des MRE sont estimés à 54 milliards de dirhams avec un taux de croissance de 8% par rapport à 2009.

Dans leurs argumentaires, les intervenants relèvent que 127 milliards DH de dépôts des MRE représentent, à titre d'exemple, 90% des crédits destinés à l'équipement des entreprises, et la totalité des crédits accordés à l'habitat, ajoutant que ces transferts participent largement au financement de l'économie marocaine.

Manque de communication

L’Orientation de ces transferts vers des investissements productifs est entravée par de nombreuses contraintes mises en exergue par les intervenants lors de l'atelier.

Il convient de signaler, en premier lieu, la conjoncture économique marquée par les conséquences de la crise économique et financière mondiale entre 2008 et 2010 et l’obligation pour le Maroc de rapatrier ses ressortissants installés en Egypte, Bahreïn ou Lybie, eu égard aux événements qui ont secoué ces pays.

L’absence d’un plan de communication clair et ciblé est un autre facteur, en dépit des bonnes initiatives qui existent ici et là. L’absence aussi de visibilité et de déclinaison des grands projets (Plan Emergence, plan Azur …) est à déplorer. En effet, les actions menées sont dirigées essentiellement vers l’immobilier alors que les investissements productifs sont ignorés. Les MRE se sentent par ailleurs désarmés devant la lenteur de l’administration et la complexité des rouages de la justice marocaine.

On déplore aussi une méconnaissance des opportunités d’investissement et des canaux de transfert dont les coûts sont prohibitifs. Par ailleurs les conditions imposées dans le cadre des règlements instaurés pour lutter contre le blanchiment d’argent sont de plus en plus sévères.

Autre faille relevée, les fonds d’investissements qui se limitent aux institutionnels. Il n’existe pas en effet de fonds d’investissement ciblant la communauté avec un rendement acceptable. De plus, la procédure de convertibilité de la devise est trop rigide et pas assez en phase avec la bancarisation. Il a ainsi été proposé de créer un fonds d’investissement géré par des spécialistes qui ciblent des projets rentables, accompagnés de campagnes de sensibilisation par les ambassades et les banques dans les pays d’accueil.

Donner plus de visibilité aux MRE

Dans le chapitre des recommandations, la priorité demeure selon les intervenants, de créer une cohésion de chaque acteur institutionnel (Etat, fonds Hassan II, CCME…) pour décliner les responsabilités de chacun et mettre au point une plateforme de travail claire.

D'une manière plus générale, il y a lieu de faciliter la bancarisation et d'en supprimer les coûts, aider les MRE dans leurs réalisations de projet, prévoir des projets communs financés par la diaspora d’une même région, et favoriser des conventions entre les banques marocaines et les banques des pays d’accueil.

6/4/2011, Rachid Loudghiri (et agences)

Source : Aufait

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