mardi 26 novembre 2024 14:24

UE/Migrants-Fragile accord à 28 sur une proposition à la Turquie

Les dirigeants de l'Union européenne se sont mis d'accord jeudi soir à Bruxelles sur une série de propositions visant à trouver avec la Turquie une solution pérenne pour tarir le flux de migrants qui frappe à la porte de l'Europe.

Divisés sur le sujet à leur arrivée, les 28 ont trouvé un terrain d'entente au terme d'un dîner de travail même si des questions sensibles ont été laissées de côté dans l'immédiat -- notamment celle relative à l'ouverture de nouveaux chapitres menant à une éventuelle adhésion de la Turquie à l'Union européenne.
Les conclusions seront présentées lors d'un déjeuner ce vendredi au Premier ministre turc, Ahmet Davutoglu. A Ankara jeudi, ce dernier a fait savoir qu'il n'accepterait aucun accord conduisant à transformer son pays en "prison à ciel ouvert" pour les migrants.

"Je ne peux pas vous garantir qu'il y aura une conclusion heureuse", a déclaré le président français François Hollande au terme de cette première journée de travaux. "On est en bonne voie mais on n'est pas encore arrivés."

Angela Merkel a aussi manifesté sa prudence. "Les négociations de demain avec la Turquie ne seront pas très faciles", a dit la chancelière allemande, qui a tracé les grandes lignes de ce projet avec Ahmet Davutoglu lors d'un précédent sommet il y a 10 jours avant de le présenter à ses homologues européens pris de court.

François Hollande dit souhaiter un accord "global" donnant des "garanties" vis-à-vis d'Ankara et prévoyant une aide financière pour la Grèce, où se massent des dizaines de milliers de réfugiés qui souhaitent passer dans d'autres pays de l'UE.

Les Européens ont l'intention d'intensifier leur aide à Athènes de manière à ce que les dossiers des candidats à l'exil bloqués dans les centres d'accueil ("hot spots") soient rapidement examinés.

Le président chypriote a quant à lui menacé d'opposer son veto à un accord entre l'Union et la Turquie dont les termes ne lui conviendraient pas.

Nicos Anastasiades juge qu'il ne peut y avoir d'accélération dans les négociations d'adhésion de la Turquie à l'UE tant que les autorités turques refusent à Chypre l'accès à leurs ports et aéroports, ce refus étant la conséquence de la non-reconnaissance de Chypre par Ankara.

DROITS DE L'HOMME EN TURQUIE

Plusieurs autres dirigeants européens promettent aussi d'être vigilants quant au contenu d'un accord dénoncé par certaines organisations non gouvernementales comme une capitulation face aux mouvements anti-immigration en Europe.

"Un accord avec la Turquie ne peut pas être un chèque en blanc", a dit le Premier ministre belge, Charles Michel.

Outre l'accélération du processus d'adhésion de la Turquie à l'UE, le projet d'accord sur lequel ont travaillé les 28 prévoit une hausse de l'aide de l'Union européenne -- en plus des trois milliards d'euros déjà promis -- et la libéralisation des visas pour les citoyens turcs.

Est aussi prévu le retour en Turquie de toutes les personnes arrivant illégalement sur les îles grecques de la mer Egée, selon le principe du "un pour un": pour chaque Syrien ainsi reconduit en Turquie, un Syrien réfugié en Turquie serait accueilli dans un Etat membre de l'Union.

Angela Merkel a insisté sur l'importance de mettre en place un système efficace où les transferts ne prendraient que quelques jours. L'objectif est de décourager les candidats à l'exil, qui meurent parfois en mer et viennent gonfler les camps de réfugiés.

En an, plus d'un million de personnes en provenance du Moyen-Orient, le plus souvent chassées par la guerre et totalement démunies, sont arrivés aux portes de l'Europe.

Le projet d'accord soulève des questions juridiques, notamment en ce qui concerne le système "un pour un".

Plusieurs pays, dont la France, ont en outre des exigences en matière de levée des visas pour les Turcs alors qu'Ankara ne remplit pas les 72 critères fixés par l'Union européenne. Ces critères doivent être "effectivement respectés", a répété François Hollande.

Le président français a aussi souligné qu'un accord avec la Turquie ne suffirait pas à régler la question des migrants, qui dépend du règlement du conflit en Syrie mais aussi de la crise en Libye, livrée au chaos.
Au-delà du dossier des réfugiés, le président français a reconnu que la question du respect des droits de l'homme et de la liberté de la presse se posait en Turquie.

"Si l'on peut comprendre que la Turquie veuille se protéger du terrorisme, il ne peut pas être accepté des entorses au droit de l'homme et au droit de la presse, cela fait partie des discussions qui doivent s'engager, au-delà même de la question des réfugiés", a-t-il dit.

"Nous serons d'une totale franchise par rapport à ce qui se fait et ce qui ne se fait pas", a-t-il ajouté. "Et cette opposition est partagée par la plupart des pays européens".

18 mars 2016, Elizabeth Pineau, Alastair Macdonald, Paul Taylor et Gabriela Baczynska

Source : Reuters

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