vendredi 29 novembre 2024 02:45

Un rapport expose ‘’les violations flagrantes et généralisées’’ des droits des immigrés en Libye

Un rapport de la Fédération internationale des droits de l'homme (FIDH), de Migreurop et Justice sans frontières pour les migrants (JSFM) expose ‘’les violations flagrantes et généralisées des droits humains fondamentaux dont sont victimes les immigrés, pris au piège de milices incontrôlées’’.

Publié jeudi, ce rapport ‘’accablant’’ concerne la situation des migrants, réfugiés et demandeurs d'asile en Libye, en particulier ceux originaires d’Afrique subsaharienne.

Intitulé ‘’En finir avec la traque des migrants’’, il dresse également ‘’un examen critique du rôle de l'Union européenne (UE) et de ses États membres dans la définition et la mise en œuvre des politiques migratoires en Libye, alors même que de nouveaux accords de coopération se négocient".

‘’Ces constats résultent d'une mission d’enquête, réalisée en juin 2012, durant laquelle nos organisations se sont rendues dans 7 camps de détention à Tripoli, à Benghazi et dans la région de Djebel Nafoussa’’, indiquent les auteurs du rapport.

‘’Avant la guerre en Libye, les travailleurs migrants et leurs familles constituaient près d'un tiers de la population’’, indiqué les auteurs de l’étude, soulignant que ‘’le conflit a provoqué un exode massif, dans des conditions documentées dans un précédent rapport de la FIDH’’.

‘’Pour les migrants d’Afrique subsaharienne qui entrent en Libye par le Sud, le voyage est particulièrement dangereux : ils sont souvent victimes de réseaux de passeurs, d’extorsions de fonds et de violences, abandonnés dans le désert ou refoulés aux frontières’’, mentionne le rapport.

Le document ajoute : ‘’En Libye, les étrangers considérés comme « illégaux » risquent d’être capturés au passage de check points ou arrêtés à leur domicile ou sur leur lieu de travail par des groupes d'ex-rebelles (Katiba), hors de tout contrôle des autorités gouvernementales’’.

Selon le rapport, ‘’les arrestations se font +au faciès+ et les migrants d’Afrique subsaharienne sont les premiers visés, sur un fond de racisme très prégnant’’.

''Des milliers de migrants sont aujourd'hui détenus dans des camps gérés par des Katibas, sans perspective de solution légale ou de possibilité de recourir à des instances nationales ou internationales pour en sortir’’, relèvent la FIDH, Migreurop et JSFM.

Les trois structures rappellent la ‘’co-responsabilité’’ de la Libye, de l’Union européenne et de ses États membres, ainsi que des États dont sont originaires les migrants.

Elles demandent aux autorités libyennes de ‘’mettre fin immédiatement aux pratiques d’arrestation et de détention arbitraire perpétrées par les groupes d’ex-rebelles et de reprendre le contrôle des questions liées à l’immigration’’.

La FIDH, Migreurop et JSFM invitent la Libye à ‘’fermer immédiatement les camps de détention pour migrants qui sont des lieux où les conditions de vie constituent une violation de la dignité humaine’’ et à ‘’régulariser la situation administrative des migrants détenus qui souhaitent travailler’’ dans le pays.

Les trois ONG demandent aussi aux autorités ‘’d’interdire immédiatement les pratiques de +travail forcé+, d’élaborer une politique migratoire qui s’inscrive dans le cadre d’un État de droit et dans le respect du droit international, en rupture avec les politiques répressives, meurtrières et illégales de la période précédente’’.

Elles invitent les États membres de l’UE à ‘’suspendre toutes les activités de coopération en matière migratoire avec la Libye en l’absence de mesures garantissant la protection des droits humains dans ce pays’’ et à ‘’mettre fin à la politique d'externalisation du contrôle des frontières européennes dans les pays voisins, et tout particulièrement en Libye’’.

A cela s’ajoutent la renégociation des accords de coopération ‘’dans le plein respect du droit international et européen relatif aux droits humains’’ et leur publication, la renonciation ‘’à toute mesure qui viserait ou aurait pour effet d’empêcher le plein exercice de leurs droits par les migrants, les demandeurs d’asile et les réfugiés présents sur le territoire libyen’’.

Pour la FIDH, Migreurop et JSFM, les Etats africains, dont sont originaires les migrants, doivent ‘’veiller au respect des droits fondamentaux de leurs ressortissants immigrés en Libye et d’assurer leur défense et leur protection en cas de violation de ces droits’’.

Le rapport les invite ‘’dans l'immédiat, d'exiger des autorités libyennes la libération de leurs ressortissants des camps d'enfermement où ils subissent des traitements inhumains et dégradants, ainsi que la condamnation de toutes les pratiques et attitudes xénophobes qui stigmatisent les ressortissants de l'Afrique subsaharienne’’. (Cosulter le rapport en ilgne)

11 octobre 2012

Source : Agence de presse sénégalaise

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