lundi 25 novembre 2024 08:36

Une agence pour les marocains du monde peut elle être une chance pour la régionalisation avancée?

Dans le monde entier, la démocratie, qui ne se limite plus à une simple représentation, a besoin de l'implication d'une société civile qui s'approprie l'espace public à travers des consultations, des concertations et des co-constructions des politiques publiques: c'est la démocratie participative. Elle se nourrit d'initiatives locales pour enrichir les débats publics et contribuer à l'édification d'une citoyenneté active qui ne peut se réaliser sans véritable démocratie représentative.

Le colloque international «Marocains du Monde et la régionalisation avancée», organisé à Rabat par la Chambre des Conseillers et le Conseil de la Communauté Marocaine à l’Étranger a posé plusieurs questions notamment sur le rôle de la société civile MRE dans la mise en œuvre de cette nouvelle donne. Comment la régionalisation avancée peut elle être une chance pour les marocains d'ailleurs et comment ces derniers peuvent ils, à leur tour, être une véritable chance pour ce processus vital pour le Maroc de demain.

Nécessité de nouveaux opérateurs MDM

Les recommandations du colloque ont insisté sur l'intégration des MDM dans le projet de la régionalisation avancée, l'identification de leurs besoins et ceux de leurs familles dans les régions. Mais si les intervenants ont également recommandé l'installation de « services spécialisés dans la gestion des affaires des MDM dans chaque région », on ne peut qu'espérer plus de discernement pour favoriser l’émergence de nouveaux opérateurs, à la hauteur des défis, tranchant avec tout clientélisme. L'avenir du projet en dépendra.

Cependant, si la centaine de marocains venus de plusieurs pays a pris connaissance de la nouvelle loi organique 111-14 relative aux régions, des possibilités d'appui de la migration dans le développement du territoire ou du Programme Régional Initiatives MRE dans l'Oriental (PRIMO)... la question de la participation politique s'est invitée, presque naturellement, dans les débats et plusieurs représentants de le société civile ont souhaité plus d'échanges, de dialogue et de concertation à ce sujet.

Plus de démocratie participative et d'écoute active

La régionalisation avancée sera marquée par le transfert de compétences du gouvernement aux régions. Cette décentralisation touchera évidement les marocains du monde qui sont en droit, non seulement de s'informer sur les dispositifs qui seront mis en place en leur faveur dans chaque région, mais aussi de participer activement à leur élaboration avant la prise de toute décision les concernant. Pour plus d’efficacité, les consultations futures devraient accorder encore plus de place aux propositions des MDM.

Ces marocains d'ailleurs ont également le devoir de contribuer à la réussite de ce processus de régionalisation avancée notamment par le transfert des savoir-faire dans tous les domaines. La délégation des pouvoirs aux régions suppose plus de compétences dans l'élaboration des politiques publiques locales, leur mise en œuvre et le renforcement de la démocratie participative. Les MDM peuvent être des relais pour la mise en place de partenariats décentralisés avec d'autres régions dans le monde, des ambassadeurs pour le rayonnement de nos régions à l'étranger et la promotion de leurs atouts.

Une agence des MDM pour coordonner avec les  agences régionales

Afin d’accélérer la mise en œuvre de la décentralisation, l'expertise des MDM, souvent élus dans des régions européennes dont le produit régional brut se compte en centaines de milliards d'Euros, sera déterminante dans la renforcement des capacités des politiques et des cadres qui accompagneront cette première phase. Le Maroc pourra compter, en même temps , sur l'apport de ces expatriés par le transfert de devises, la réalisation de projets d'investissements et la contribution au développement des régions.

Ces marocains d'ailleurs, qui sont une chance pour le Maroc, ont des attentes espèrent plus de rigueur et d'efficacité dans les stratégies publiques et les dispositifs les concernant. Cette 13 ieme région, que représenterait la diaspora, même si le libellé avait choqué, mériterait, à l'instar des nouvelles régions, une agence, transversale, pouvant dépasser la multiplicité des intervenants et le manque de coordination entre les instances. Cette structure dédiée pourrait hériter de certaines compétences déléguées par le ministère chargé des MRE, en coordination avec le CCME et en partenariat avec les régions et les agences régionales, afin de rompre avec les malheureuses approximations, l'absence d'évaluations et de suivi, et ce , en vue de palier aux vides occasionnés par les batailles électoralistes.

Pas de décentralisation sans médias participatifs régionaux qualifiés

Le transfert des savoirs pourrait concerner également le champs médiatique régional d'autant que la régionalisation ne peut avancer sans outils de proximité impliquant la société civile. Les télévisions participatives, les radios associatives ou les journaux alternatifs auront besoin de professionnels locaux formés aux médias de territoire, informatifs, participatifs et citoyens et résolument tournés vers des problématiques citoyennes, sociales, solidaires, culturelles, écologiques et attachés à la convivance.

Si les nombreux MDM experts des médias participatifs à vocation territoriale pourront accompagner la création de ces outils et la qualification des ressources, la Haute Autorité de Communication Audiovisuelle devrait elle veiller à l'équilibre entre médias publics, privés et médias régionaux. Dans son ensemble, la diaspora, vecteur de développement et de stabilisation et de rayonnement du royaume, jouera tout son rôle dans l'avancement de la régionalisation avancée surtout si leurs contributions sont écoutées et valorisées dans une démarche réellement participative. 

1 août 2016, Boubker BENDINE TAOUFIK 

Source: mdmpost.com

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