Arrivée au Québec en novembre 2009, Nagia, infirmière, a créé dès juillet 2011 une association, le Regroupement des Infirmiers Français du Québec (RIFQ). Elle savoure sa victoire après l’accord de revalorisation annoncé mercredi.
Le nouvel accord de reconnaissance des diplômes des infirmières françaises sonne comme une victoire éclatante pour Nagia. Cette infirmière française d’aujourd’hui 43 ans a en effet mené le combat pour en finir avec ce qu’elle voyait comme une injustice. Arrivée au Québec en novembre 2009, elle n’a pas ménagé sa peine, créant dès juillet 2011 une association, le Regroupement des Infirmiers Français du Québec (RIFQ)pour se joindre au mouvement initié par une poignée de collègues qui avaient eu l’idée de créer une page Facebook pour fédérer les infirmières . « Il nous fallait une existence juridique pour être pris en considération. Il fallait démontrer que ce n’était pas la lubie d’une ou de quelques personnes seulement ». Contacts avec les autorités françaises, avec le ministère québécois de la Santé et des services sociaux, l’ordre des infirmiers et des infirmières du Québec, le ministère des relations internationales, le ministère de l’immigration et des communautés culturelles, ce fut un long parcours du combattant.
Nagia, et le RIFQ, ont marqué des points décisifs grâce à Frédéric Lefebvre, qui, en pleine campagne électorale pour le siège de député des Français d’Amérique du Nord, s’est montré sensible à leurs arguments. Il est intervenu à l’Assemblée Nationale. Hélène Conway-Mouret, la ministre en charge des Français de l’Etranger, dont une des missions est précisément d’améliorer la situation des français établis hors de l’hexagone, s’est saisie de la question et a monté un groupe de travail. La machine était lancée.
Une expérience positive
Aujourd’hui, Nagia savoure sa victoire. Son histoire a de nombreux points communs avec celle des quelques 1.200 infirmières françaises actives au Québec. « Je suis née et j’ai grandi en Seine Saint-Denis, explique-t-elle, j’avais une vie trépidante en région parisienne avec des enfants en bas âge. Mais la chance d’avoir une profession exportable. Compte tenu de la pénurie de personnel poignant au Québec, les autorités locales traitent en priorité nos dossiers, prennent en charge une partie des frais liés au déménagement. J’avais envie de voir autre chose ».
Quatre ans plus tard, Nagia n’a que des choses positives à dire sur son expérience : « On a des conditions de travail plus souples ici, on a plus d’autonomie, c’est différent ». Et puis la vie en dehors du travail est bien douce : « vous avez ici une qualité de vie incomparable, de grands espaces, des logements spacieux beaucoup moins chers qu’en région parisienne, plus de possibilités d’activités pour votre famille ».
Des régions isolées
Nagia s’est peu à peu forgé la vie professionnelle qui lui faisait envie. Elle fait des remplacements, souvent dans des dispensaires situés dans des régions isolées, où il n’y a pas de médecin permanent. « Du coup, j’ai des activités beaucoup plus larges, je fais des examens, je prescris des médicaments, je m’occupe de personnes âgées, de bébés, des urgences vitales.
Il faut bien comprendre qu’il n’y a que trois hôpitaux pour tout le grand Nord Québecois. On peut être à 2000 km du plus proche. Et au-delà de la Baie-James, il n’y a plus de routes. C’est une autre manière de gérer les soins, l’espace, le temps », dit-elle avec des accents passionnés. Et une activité qu’elle préfère au travail en hôpital. Une chose est sûre : « je ne reviendrai jamais en arrière », à savoir en France.
7/2/201, Karl de Meyer
Source : lesechos.fr