Le Conseil français du Culte musulman (CFCM) "ne comprend pas et n'accepte pas que l'islam et les musulmans servent de boucs émissaires dans cette campagne", a indiqué à l'AFP son président, interrogé sur les propos sur l'alimentation halal de Nicolas Sarkozy et François Fillon. (c) Afp
Le Conseil français du Culte musulman (CFCM) "ne comprend pas et n'accepte pas que l'islam et les musulmans servent de boucs émissaires dans cette campagne", a indiqué à l'AFP son président, interrogé sur les propos sur l'alimentation halal de Nicolas Sarkozy et François Fillon.
Cette déclaration de Mohammed Moussaoui intervient au lendemain de celle du président du Conseil représentatif des institutions juives de France (Crif), Richard Prasquier, "choqué" par la déclaration "stupéfiante" de François Fillon qui a suggéré de revenir sur les "traditions ancestrales" d'abattage rituel des animaux.
"Le CFCM n'a pas souhaité servir de caisse de résonance pour les déclarations des uns ou pour les polémiques des autres. En même temps, le CFCM ne comprend pas et n'accepte pas que l'islam et les musulmans servent de boucs émissaires dans cette campagne électorale", a déclaré Mohammed Moussaoui.
"Sur le fond, a poursuivi M. Moussaoui, il est évident que dans un état laïc, ni l'Etat ni la science profane ne définit les pratiques religieuses d'un culte. La seule limite qui peut être portée doit être proportionnée aux impératifs de l'ordre public".
M. Moussaoui a également exprimé ses réserves sur la proposition de Nicolas Sarkozy de mettre en place un étiquetage sur la méthode d'abattage des viandes: "Certaines associations souhaitent instrumentaliser cet étiquetage pour stigmatiser les musulmans et les juifs de France. Nous craignons qu'un étiquetage mal conçu stigmatise un mode d'abattage."
Lundi, François Fillon avait estimé sur Europe 1 que "les religions devaient réfléchir au maintien de traditions qui n'ont plus grand chose à voir avec l'état aujourd'hui de la science, l'état de la technologie, les problèmes de santé".
Deux jours plus tôt, Nicolas Sarkozy s'était prononcé en faveur de "l'étiquetage de la viande en fonction de la méthode d'abattage".
Le nombre de musulmans en France est estimé à 3,5 millions de personnes, soit 5,8% de la population française, par l'Institut français d'opinion publique (IFOP). Certaines évaluations vont jusqu'à 6 millions. Tous ne sont pas pratiquants.
"A propos du halal, je dirai deux choses. La première c'est que l'abattage rituel est un mode d'abattage qui ne fait pas souffrir les animaux plus que d'autres modes. Les études de l'Inra (Institut national de la recheche agricole), disent clairement que le taux d'échec - de 5 à 6% - est le même dans l'abattage rituel et l'abattage classique".
Concernant l'étiquetage, M. Moussaoui rappelle que "les cultes ont également exprimé leur respect du droit du consommateur à être bien informé. Mais il est évident que le fait de dire qu'une viande a été obtenue par étourdissement ou sans étourdissement n'a rien à voir avec le fait de dire que l'animal a été assommé avec un pistolet à tige perforante ou asphyxié par gaz carbonique ou encore assommé par électrochoc."
06-03-2012
Source : Libération/AFP
Viande halal: le CFCM refuse que les musulmans servent de "boucs émissaires"
Publié dans Médias et migration
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