dimanche 24 novembre 2024 21:47

Violences contre les migrants : “L'injuste” rapport de Human Rights Watch

Un nouveau rapport de l'organisation Human Rights Watch accable le Maroc dans les violences perpétrées contre les migrants le long des frontières de Melilla et Sebta, avec l'Espagne. Par la voix de Mustapha El Khalfi, le gouvernement marocain a répondu avec véhémence, même si le ministre de la Communication ne devait pas avoir lu le rapport en entier lors de son intervention sur la BBC.

Mustapha El Khalfi, ministre de la Communication et porte-parole du gouvernement, s'est fendu d'une déclaration défensive, lundi soir, lors d'un entretien sur la BBC.

Il a, en effet, qualifié de “totalement injuste”, le rapport de Human Rights Watch (HRW),“basé sur des données et des allégations qui se trouvent dépassées depuis l'adoption par le Maroc d'une nouvelle politique migratoire”. Cette politique, menée depuis septembre dernier sous l'impulsion du Roi Mohammed VI, suite à un rapport du Conseil National des Droits de l'Homme, a abouti à une régularisation exceptionnelle de migrants en situation irrégulière, qui a démarré début janvier 2014.

Mais, que dit ce rapport qui vexe tant Mustapha El Khalfi ? Dans les conclusions de cette étude, décrivant les violences infligées à certains migrants qui tentent de rallier l'Europe, l'ONG HRW a demandé à l'Espagne et au Maroc de mettre un terme à ces mauvais traitements.

L'ONG a souligné, dans ces mêmes conclusions, qu'elle a noté une certaine amélioration depuis l'annonce par Mohammed VI d'une nouvelle direction dans la politique migratoire du Royaume.

On peut donc se demander en quoi ce rapport est injuste, puisqu'il ne fait que décrire une réalité quotidienne pour des milliers de Subsahariens.

L'Espagne en première ligne

Cette déclaration de Mustapha El Khalfi vise-t-elle à se détacher de l'Espagne, embourbée depuis jeudi dernier dans des vaines explications, après la mort par noyade de neufs migrants qui tentaient de pénétrer dans l'enclave espagnole ? La Guardia Civil est en effet accusée d'avoir tiré sur ces personnes.

Pourtant, les observations de HRW sont sans appel. Les forces de sécurité marocaines soumettent régulièrement les migrants subsahariens à des passages à tabac ou à d’autres mauvais traitements, indique le rapport publié lundi. Parfois même, “les policiers marocains les volent”, précise Human Rights Watch.

Ces exactions se produisent lorsque les migrants ont échoué à rejoindre l'enclave espagnole de Melilla. Les forces de sécurité marocaines ne respectent en aucun cas les procédures régulières et expulsent même une partie de ces migrants en Algérie.

HRW a par ailleurs insisté à deux reprises, sur le fait que ces faits rapportés sont antérieurs à septembre 2013 et à l'impulsion royale pour la mise en oeuvre d'une nouvelle politique migratoire.

“Nous attendons du Maroc qu'il fasse clairement comprendre à ses forces de sécurité que les migrants ont des droits.”

Katya Salmi, responsable de HRW.

Il n'en reste pas moins, à la lecture de ce rapport, certes peu à l'avantage du Maroc, que ce sont surtout les forces de sécurité espagnoles qui sont pointées du doigt. Elles utilisent la force pour expulser les migrants de Melilla, en dépit des procédures légales. HRW demande à l'Espagne de cesser les expulsions sommaires vers le Maroc.

Nouvelle politique migratoire du Maroc

Officiellement, près de 30.000 migrants se trouvent actuellement sur le sol marocain dans l'attente d'une hypothétique traversée vers l'Europe. Pour tenter de répondre en partie à la situation, Rabat a lancé une vague de régularisations exceptionnelles sur l'ensemble de l'année 2014. Mustapha El Khalfi a précisé, hier sur la BBC, que 10.000 dossiers ont déjà été déposés depuis début janvier. Si nos forces de police sont briefées, cela sera sans doute le dernier rapport désagréable concernant la politique migratoire du Maroc.

11/2/2014, M.C.

Source : Aufait

 

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