mardi 26 novembre 2024 23:23

Vote des étrangers : Sarkozy se renie

Dans un discours très politique devant 3 000 maires réunis dans la grande salle de réception de l’Elysée, Nicolas Sarkozy n’a pas hésité à contredire, sans vergogne, un certain… Nicolas Sarkozy. Réagissant à la proposition de loi PS de légaliser le droit de vote des étrangers non-membres de l’Union européenne aux élections locales, le Président a déclaré, solennel : «Je crois que le droit de voter et le droit d’être élu dans nos territoires doit demeurer un droit attaché à la nationalité française.» Et d’enfoncer le clou sous les applaudissements frénétiques d’une salle qui affichait sa couleur politique : «Il n’y a rien de choquant, rien d’anormal à ce que les électeurs et les élus des territoires de France soient français !»

Pour un futur candidat qui fait vœu à longueur de discours de tenir un langage de vérité, Sarkozy aurait pu avoir l’élégance de rappeler qu’il s’agit, sinon d’un reniement, au moins d’un changement d’opinion. En 2001, dans son livre, Libre, il écrivait : «A partir du moment où ils [les étrangers non communautaires, ndlr] paient des impôts, où ils respectent nos lois, où ils vivent sous notre territoire depuis un temps minimum, par exemple de cinq années, je ne vois pas au nom de quelle logique nous pourrions les empêcher de donner une appréciation sur la façon dont est organisé leur cadre de vie quotidien.»

En 2005, rebelote. Nicolas Sarkozy réaffirme sa position, dans une interview dans Le Monde, mais aussi en marge d'une conférence de presse à Calais, le 24 octobre :«j'ai considéré que le droit de vote aux seules municipales, pour des étrangers présents depuis dix ans sur le territoire national, respectant nos loi, payant leurs impôts, et ayant des papiers était une question qui devait être ouverte. En ce qui me concerne, j'y suis favorable»

Trois ans plus tard, en 2008, il se dit toujours favorable «à titre intellectuel» au vote des étrangers non européens aux scrutins locaux «sur la base de la réciprocité», tout en ajoutant ne pas «avoir de majorité pour faire passer» cette mesure. Même son fiston, Jean avait soutenu la mesure.

Pourquoi cette soudaine amnésie ? Parce que le futur candidat compte pilonner la proposition socialiste pour donner des gages à la droite dure de l’UMP. «Sur le fond, la mesure peut se justifier, confie un de ses conseillers, mais le Président a le devoir d’éviter un nouveau 21 avril. Or, ce genre de proposition va faire monter Marine Le Pen.» Le 8 décembre, le Sénat reprendra la proposition de loi votée en 2000 par l’Assemblée nationale, mais qui avait été retoqué par la Chambre haute.

24/11/2011, GRÉGOIRE BISEAU

Source : libération

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