mardi 26 novembre 2024 16:49

Wadie Rahal est rentré de Libye vendredi dernier : 22 ans et déjà 8 ans de "tamara"

C’est un jeune encore sonné par ce qui lui arrive qui s’est présenté à notre rédaction. Une casquette vissée sur le crâne, ce plâtrier de 22 ans ne sait plus où donner de la tête. Cela faisait six années qu’il travaillait à Tripoli, en Libye, jusqu’au jour où un certain Seif el Islam Kadhafi à promis des “rivières de sang”. De retour au Maroc, le jeune homme ne souhaite qu'une seule chose: trouver du travail...

“J’ai vu beaucoup de gens lors des manifestations, puis la police et l’armée se sont mis à tirer sur les gens. Dés les premiers jours il y a eu 45 morts. Moi je préférais rester chez moi, j’ai refermé la porte de ma maison que je partage avec un copain marocain, également plâtrier. On restait cachés”. C'est ainsi qu'entre enfermement chez lui, refoulements aux barrages de police, et allers-retours à l’ambassade du Maroc, Wadie Rahal a vécu le cauchemar d'un mois de violences dans la Jamahiriya de Kadhafi.

El bouaba et le haut gradé

Wadie raconte que lorsque les hostilités ont commencé, des personnes qui se présentaient comme appartenant aux comités révolutionnaires, rentraient chez les étrangers, et les dépouillaient: “Je sais même qu’il ont tué. Non les autorités libyennes ne se sont pas bien comportées avec nous. Moi par exemple j’étais bloqué dans une autre ville, Khoms, j’ai été plusieurs fois refoulé par la police à la bouaba (barrage de police). Là on m’a confisqué mon portable avec lequel j’avais pris des photos des manifestations. J’ai été refoulé à plusieurs reprises à ce même barrage, et à chaque fois je devais rester quatre ou cinq jours de plus à Khoms, sans pouvoir rejoindre Tripoli” relate Wadie avec un langage où se sont greffés quelques mots du dialecte local. “Mais la délivrance est finalement venue d’un officier de police chez lequel j’avais travaillé. C’est lui qui m’a permis de rejoindre Tripoli”.

Zenga, zenga

Et comme la violence est allée en s’intensifiant et que le guide a promis de nettoyer le pays “zenga, zenga” les vivres commençaient à manquer: “les commerces ont tous baissé le rideau, nous avons consommé tout ce que nous avions à la maison jusqu’à ce qu’il ne reste plus rien… alors on a réalisé qu'il fallait trouver une issue”.

C’est à ce moment qu’ont commencé les allers-retours à l’ambassade pour s’enquérir des moyens de quitter l’enfer qu’est devenu la Libye: “Tous les marocains voulaient partir, à l’ambassade il y avait beaucoup de monde. On nous a remis un ticket numéroté et chacun devait attendre son tour. Il faut dire que les gens de l’ambassade se sont bien occupés de nous. Ceux qui n’avient pas de passeport valide, les gens de l’ambassade leur ont remis des laissez-passer.”

Le bateau de la délivrance

Quand enfin le tour du jeune Wadie est arrivé, le bateau à bord duquel il a été embarqué transportait 3.500 passagers, la plupart marocains, mais aussi des Egyptiens et des Subsahariens raconte t-il. “Quand mon tour est arrivé, il restait encore beaucoup de Marocains qui attendaient toujours un moyen de rentrer. Une fois à Tanger, il y avait des bus en partance vers toutes les villes du Maroc. On nous a distribué de la nourriture. Une fois arrivés à Casablanca, des taxis nous attendaient. Personnellement, j’ai été déposé chez moi”. Wadie tient à souligner, que tout le voyage, de Tripoli jusqu’à chez lui, a été pris en charge par l’Etat marocain: “C’est Sa Majesté qui a envoyé le bateau” témoigne t-il.

Et Maintenant ?

L'enfer libyen ne lui pas fait oublier la galère italienne, où dés l'âge de 14 ans il était allé tenter sa chance pour aider sa vielle mère. Mais faute de papiers réguliers Wadie a été refoulé... Et vogue la galère. Wadie ne cherche désormais qu'une seule chose: rester au Maroc et trouver du travail... Le message est lancé.

25/3/2011, Samir Benmalek

Source : Aufait

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