mardi 26 novembre 2024 17:51

Dans le cadre d'un accord passé entre les parties marocaine et espagnole, près de 3000 ouvriers marocains devraient être sollicités pour la récolte de fruits en cas de manque de main d'œuvre dans la province de Huelva (Sud de l'Espagne). Ce nombre devrait être revu à la hausse si nécessaire.

Juan Antonio Millan, maire de Cartaya (dans la province de Huelva, sud de l'Espagne), a déclaré que le but de cette opération est de garantir que les campagnes de la province espagnole ne manquent pas de main d'oeuvre pendant les récoltes.

Alors que la conjoncture économique fragile avait à un moment donné, poussé l'Espagne à donner la priorité aux travailleurs locaux, il semblerait que le manque de main d'œuvre, surtout dans le secteur agricole, ait amené le voisin ibérique à revoir sa position. Après plusieurs revirements entre les mois de septembre et novembre 2009, il semblerait finalement que les ouvriers saisonniers marocains continuent d'être recrutés en Espagne cette année.

A la base de 3000, le nombre de saisonniers marocains pourrait toutefois être revu à la hausse, selon les besoins sur le terrain, précise EFE. Une bonne nouvelle pour les familles dépendant des revenus générés par ces opérations.

Source : Yabiladi

 

Une rencontre a été organisée, samedi après- midi à Casablanca, avec les écrivains Abdelhak Serhane et Mahi Binebine autour de leurs romans, respectivement, " L' Homme qui descend des montagnes " et " Les Etoiles de Sidi Moumen ", dans le cadre du programme culturel de la 16ème édition du Salon international de l'Edition et du Livre (SIEL).

Maati Kabbal, journaliste et écrivain chargé d'actions culturelles à l'Institut du Monde arabe à Paris, qui animait cette rencontre, a estimé que les deux auteurs ont comme trait commun d'appartenir à la même génération, d'être issus d'une condition assez modeste, de partager un imaginaire révolté et de venir à l'écriture pour dire " j'existe et j'ai quelque chose à dire ".

Abdelhak Serhane a indiqué que dans " L' Homme qui descend des montagnes",

un récit d'inspiration autobiographique, il a essayé de retracer la situation de l'enfance marocaine à une époque donnée au sein d'une famille modeste à Azrou. Une enfance tourmentée, dure et marquée par la violence du père et l'affection de la mère.

Un père et une mère qui se sont mariés sans se connaître, se sont aimés et se sont séparés, résume Serhane, indiquant avoir revisité son enfance à travers ce récit, tout en rendant hommage au courage de sa mère et à son affection, elle qui a eu un destin qu'elle ne méritait pas.

Quant à Mahi Binebine, il a estimé que dans " Les Etoiles de Sidi Moumen",

les enfants sont semblables à ceux qu'il avait côtoyés dans son enfance dans la médina de Marrakech, des enfants qui se croient sans horizons.

Ce qu'il a incité à écrire ce roman, c'est que la violence n'est pas marocaine et que le Marocain est de nature non violent. Il s'est donc demandé comment des jeunes qui n'ont rien à voir avec la religion pourraient devenir une proie facile à ceux qui exploitent la misère, la détresse et la frustration d'une frange de la population, en promettant, malheureusement, Madrid, Paris, Rome ou Londres à certains et le Paradis à d'autres.

Lors du débat, certains intervenants, parmi l'assistance, ont fait remarquer que les choses ont beaucoup changé, durant les dernières années, et qu'un grand nombre de projets socio-économiques sont déjà réalisés et d'autres en cours d'achèvement, ce qui a totalement transformé la situation dans le quartier de Sidi Moumen à Casablanca.

Source : MAP

Quatorze artistes marocains et espagnols exposent à Séville (sud de l'Espagne) leurs œuvres d'art contemporain dans le but de renforcer les liens culturels entre les deux pays et mettre en valeur le patrimoine commun à travers l'art.

Cette exposition, qui s'inscrit dans le cadre du projet "ConeXionarte" visant la promotion de la création artistique, présente les œuvres d'un groupe de jeunes artistes des deux pays à travers plusieurs techniques telles que la toile, les techniques mixtes, la sculpture et les installations audiovisuelles et acryliques.

Initiée par la Fondation "Columba Pacis" en collaboration avec l'Institut de la Culture et des Arts de Séville (ICAS), cette exposition vise notamment l'échange des différentes formes de conception de l'art contemporain entre les artistes des deux rives de la Méditerranée, ont indiqué les organisateurs.

Elle a également pour objectif d'ouvrir de nouveaux horizons entre un groupe d'artistes marocains et espagnols à travers un projet culturel à même de consolider la communication directe entre deux cultures qui partagent un patrimoine commun, ont-t-ils ajouté.

Après Séville, l'exposition, qui se poursuivra jusqu'au 7 mars prochain, sera présentée dans la ville de Tanger.

Source : MAP

Un vibrant hommage a été rendu, samedi à Casablanca, à l'écrivain et journaliste Mohamed Leftah à l'occasion du 16ème Salon international de l'édition et du livre (SIEL), avec la participation d'intellectuels marocains et étrangers.

Les intervenants ont mis en avant la beauté des textes et l'amour pour le verbe du regretté écrivain, qui s'est éteint le 20 juillet 2008 au Caire où il résidait.

D'abord informaticien, puis chroniqueur littéraire au Maroc et en Egypte, Mohamed Leftah est une figure marquante du paysage littéraire marocain contemporain.

Les participants à cette cérémonie ont salué son oeuvre qui décrit un univers complexe, s'interroge sur l'exil et le souvenir, dénonce l'hypocrisie sociale et célèbre la femme, relevant que feu Leftah explore crument, mais avec justesse, les désordres de la réalité.

Ils ont, de même, salué l'initiative des éditions "La Différence", qui publient depuis 2006 nombres de ses romans, dont "Au bonheur des limbes" (2006), "L'enfant de marbre" (2007), "Un martyr de notre temps" (2007), "Le jour de Vénus" (2009), "Une chute infinie" (2009).

Le Salon International de l'Edition et du Livre, organisé sous le Haut patronage de SM le Roi Mohammed VI, place sa 16ème édition sous le thème "La lecture: une clef pour la société du savoir" et donne la part belle aux Marocains du monde pour célébrer leur créativité et production littéraire et la faire connaître au public marocain.

Source : MAP

La stratégie nationale au profit des MRE, créée en novembre 2002 sur Hautes instructions Royales, se poursuit tambour battant. Mohamed Ameur, ministre délégué auprès du Premier ministre chargé de la Communauté marocaine résidant à l'étranger a présidé, mardi dernier à Rabat une conférence, afin de présenter un des axes majeurs de ce plan d'action qui repose sur le renforcement et la mobilisation des associations des MRE.

Lors de son intervention, le ministre délégué a rappelé les mutations démographiques socioprofessionnelles et culturelles qu'a connues la communauté marocaine de l'étranger ces dernières décennies et les nouveaux besoins et aspirations de cette dernière. Il a par ailleurs réaffirmé l'importance de ce partenariat avec les associations MRE qui démontre la volonté politique marocaine d'orienter, d'accompagner et de soutenir les Marocains du monde dans leurs droits socioéconomiques et culturels mais aussi de les impliquer dans les projets nationaux. «Ce programme, a-t-il précisé, a été mis en place après une série de consultations avec les associations des MRE. Il a pour objectifs de conjuguer les efforts de part et d'autre de la Méditerranée et de favoriser l'établissement de partenariats multipartites avec tous les acteurs au niveau des pays d'accueil comme du Maroc ».

Ce programme s'articule autour de trois volets fondamentaux . Il s'agira tout d'abord de renforcer les capacités des acteurs associatifs outre Méditerranée par un dispositif de formation destiné « à les aider à s'intégrer dans leur pays d'accueil tout autant que dans leur pays d'origine », selon le ministre délégué. Une action pilote sera, à cet effet, initiée au niveau de trois sites, en France, en Italie et en Espagne, dans la perspective de sa généralisation dans d'autres pays. «On n'est pas capable de former les associations sur leur objet, mais on peut renforcer leurs activités au plan transversal en technique d'animation, de gestion, de négociation ou encore en mobilisation des ressources, autant d'expertises dont elles sont fort demandeuses» a déclaré Aziz Amar, président de l'association AMDAM (Association médicale d'aide au développement entre l'Auvergne et le Maroc) qui doit piloter le projet sur la région Rhône-Alpes. L'Association migrations et développement (AMD), quant à elle, devra chapeauter celui sur Marseille, Montpellier et la Corse.

Le second volet de ce programme vise en partenariat avec les pays d'accueil, la réalisation de projets novateurs qui répondent à des besoins urgents manifestés par la communauté marocaine établie à l'étranger, notamment dans les domaines sociaux, culturels et éducatifs. « Les projets soutenus par le gouvernement marocain seront ceux axés sur la préservation de l'identité nationale, de l'enseignement de la langue arabe et de la culture marocaine », a souligné Mohamed Ameur. «Seront également accompagnées par nos soins les associations qui œuvreront en faveur de la protection des droits et des devoirs des MRE, en particulier ceux des populations les plus vulnérables, des jeunes, des femmes, des personnes âgées ou à besoins spécifiques », a-t-il poursuivi. Une aide financière de l'ordre de 30% sera apportée par les autorités marocaines à chaque projet, les 70% restant seront à la charge des partenaires locaux. Pour ce faire, un appel à projet a été lancé officiellement aux associations MRE courant février qui traduit la volonté du ministère d'instaurer une nouvelle démarche multipartite basée sur une action globale et participative d'un grand nombre d'acteurs territoriaux des pays respectifs. Le troisième volet de cette stratégie gouvernementale porte enfin sur la mobilisation et l'encouragement des associations MRE au développement local du Maroc.

«La communauté marocaine résidant à l'étranger participe depuis toujours activement au processus du développement du pays à travers son implication dans la réalisation de projets dans les villages d'origine », n'a de cesse de dire Mohamed Ameur.
En effet, les exemples de réalisations et de co-développement de la part des MRE ne sont plus à démontrer tant ils sont légion.

L'ambition de cette stratégie est de poursuivre et de consolider cette relation solidaire au-delà des générations. En outre, la mise en œuvre de ces différentes actions aura pour objectifs de rendre professionnelles et crédibles les associations des MRE vis-à-vis des autorités des pays d'accueil, des autorités du Royaume et des bailleurs de fonds, d'assurer leur ancrage dans les deux pays, d'optimiser le rôle et d'amplifier leurs initiatives au service du développement local. «Les Marocains vivant à l'étranger constituent des acteurs de coopération "à part entière" du fait de leur "double référence", se plait à répéter Mohamed Ameur. Cette coopération, en tout cas, aura été scellée lors de cette rencontre par la signature de deux conventions entre le ministère chargé de la Communauté marocaine résidant à l'étranger, l'Association médicale d'aide au développement entre l'Auvergne et le Maroc (Amdam) installée en France, et l'Association migrations et développement (AMD).

Quelques données chiffrées

La date limite des dépôts de dossier relatifs à l'appel de candidature des associations est fixée au 16 mars 2010.
Le plan d'action concernant le renforcement des capacités devra à terme toucher plus de 500 associations à l'horizon 2012.
Depuis ces 5 dernières années, on note une nette orientation vers un système de parrainage entre les associations de migrants ou de leurs enfants et les associations au niveau local voire régional.


Questions à: Mustapha Boujrad • Expert dans le monde associatif

«S'enraciner sans déracinement»

• Il faut, a déclaré le ministre M. Ameur, conjuguer tous les efforts pour établir des partenariats multiples avec els associations au niveau des pays d'accueil et du Maroc. Quel est l'état des lieux de ces associations ?

Les actions de solidarité entre les MRE ont connu une évolution selon les générations. Au départ, c'était des interventions individuelles ou collectives sans organisation officielle et formelle. La solidarité concernait la recherche du travail et l'hébergement des nouveaux immigrés, le soutien en cas de maladie et de décès.Pour organiser les immigrés et les mobiliser pour défendre les causes nationales, l'Etat a encouragé la création d'associations qui ont bien réussi leurs actions à cette époque. Avec le temps la solidarité commence à prendre forme autour de thématiques qui faisaient l'unanimité, à savoir le cultuel et l'apprentissage de la langue arabe. Des associations commencent à avoir le jour selon les lois des pays d'accueil.
Les nouvelles générations jeunes et cadres ont préféré s'attaquer à d'autres thématiques en laissant les thèmes classiques à la première génération. Ils s'intéressent plus aux activités culturelles, sportives et artistiques. D'autres se sont même investis dans l'action politique et syndicale. Les apports des unes et des autres sont importants. Cependant, ces associations souffrent de plusieurs carences.

• Précisément, quel diagnostic peut-on faire ?

Le diagnostic du secteur associatif des Marocains du monde se caractérise par la diversité de son intervention et la précarité de son organisation. La majorité des associations œuvrent dans le domaine cultuel. Le culturel, le sportif et l'artistique intéressent particulièrement les jeunes motivés par une carrière souvent politique dans le pays d'accueil. La grande majorité d'entre eux est gérée de façon traditionnelle. Rares sont les associations qui respectent les règles de transparence, de démocratie interne, etc. Le constat le plus alarmant est que ces associations n'ont souvent ni le souci d'encadrement et d'accompagnement de la population MRE, ni une vision ni une stratégie bien fondée pour aider ces derniers à s'enraciner sans se déraciner (slogan du ministère chargé de la Communauté marocaine résidant à l'étranger). Par contre, certains sont forts dans la mobilisation des fonds sans pour autant que cela profite directement aux MRE. Il faut noter une évolution certaine. Les politiques menées vis-à-vis des MRE par les pays d'accueil et le pays d'origine étaient aussi circonstancielles et ponctuelles. Les pays d'accueil considéraient, au départ, les MRE comme une simple main-d'œuvre puis ces dernières années comme une assiette électorale. Quant au pays d'origine, les MRE étaient considérés comme des mobilisateurs de fonds et de devises. Les actions menées pour eux avaient plus un caractère folklorique, individuel et ponctuel sans aucune stratégie bien réfléchie et durable. Depuis les événements du 11 septembre, la vision sécuritaire s'est amplifiée dans les deux rives.

• Actuellement quelles sont les spécificités du secteur associatif ?

Les amicales qui avaient joué un rôle important, à une époque déterminée, particulièrement pour défendre les causes nationales ne bénéficient plus du même appui de l'Etat qu'auparavant. Leurs actions restent très limitées et dépendantes des personnes. Elles vivent encore sur leur histoire et sont absorbées par la question de la légitimité de représentation des MRE. Les associations cultuelles, quant à elles, sont souvent déchirées par les conflits subjectifs de leadership et d'appropriation des locaux. Elles sont très fortes dans la mobilisation des fonds et des personnes. Malheureusement, leur action se limite à la construction des mosquées où la pratique des rituelles prédomine. Leurs revendications se résument à la construction, l'accomplissement des travaux ou la rénovation des mosquées ; à l'affectation des imams et au souci d'apprentissage de l'arabe et des rituels de la religion aux enfants et aux jeunes. Ces dernières années, elles se sont livrées à d'autres batailles sur la représentation de la religion islamique dans les pays d'accueil avec d'autres courants et d'autres associations (les Algériens, les whabites, les chiites…etc.). Le danger réside dans la personnalisation des associations et dans leur envahissement par des courants extrémistes et intégristes au nom de l'Islam.

• Qu'en est-il des associations des jeunes qui souffrent le plus de problèmes d'identité ?

Les jeunes de la deuxième et troisième générations ont constitué des associations ou se sont intégrées dans des associations thématiques ou de quartier. Les actions sont destinées à tous les jeunes sans souci d'appartenance à une nation ou autre. Cela a permis à plusieurs jeunes d'émerger, en particulier des jeunes femmes. Ils ont été intégrés par des partis politiques. Ils sont des élus, des cadres des organisations syndicales, sociales, etc. Même si leur action est plus globale, ils ont encore un penchant vers le pays d'origine. Elles peuvent jouer un rôle important dans l'encadrement et l'accompagnement des MRE. Ils sont motivés et pleins de volonté et mobilisateurs de moyens, de compétences et de jeunes. Ce qu'il faut faire avec eux c'est de les orienter vers la stratégie du ministère qui consiste en l'enracinement sans déracinement. Les associations qui œuvrent dans le domaine social (femmes violentées, alphabétisation, enfance, prisonniers, retraités, cas sociaux, etc.) sont bien structurées quand elles sont gérées par des femmes ou des jeunes. Elles bénéficient souvent de subventions des autorités locales. Les associations créées par des cadres et des professionnels. Elles sont spécialisées dans la mobilisation des fonds, des équipements et des fournitures au nom du co-développement. Elles sont bien organisées et structurées, ont un réseau important au niveau du pays d'accueil et du Maroc. Parmi elles, on distingue des associations sérieuses et d'autres moindres.

• Concernant les dysfonctionnements, que peut-on noter ? Quels sont les problèmes communs à toutes ces associations ?

Ces problèmes sont nombreux et on peut les résumer ainsi : absence d'une vision stratégique commune relative aux finalités des interventions et leur rôle dans la mise en œuvre de cette vision ; un faible encadrement et accompagnement des MRE; une incapacité de profiter des offres faites par les autorités locales et la société civile dans les pays d'accueil ; une grande fréquence des conflits personnels ; rareté des mécanismes démocratiques de prise de décision ; un professionnalisme associatif faible. Malgré ces insuffisances les associations des Marocains du monde ont un apport considérable qu'il ne faut pas négliger. On compte parmi elles, des associations et des cadres associatifs de très haut niveau. Ils ont besoin de la reconnaissance, de l'accompagnement et d'un renforcement de leur capacité. C'est pourquoi on considère que l'initiative du ministère chargé des MRE mérite un encouragement et un appui de haut niveau.

Source : Le Matin

Souvent ce sont les intellectuels et les écrivains qui parlent de l'émigration et de différents aspects et dimensions liés à cette question, mais la rencontre "Paroles ouvrières", organisée vendredi soir à Casablanca, constitue l'une des rares occasions où les travailleurs marocains, émigrés de la première génération, ont la voix au chapitre.

"Les Marocains du monde à l'honneur", slogan hissé par le Conseil de la Communauté marocaine à l'Etranger pour la 16ème édition du Salon international de l'Edition et du Livre (SIEL) a trouvé son expression la plus éclatante, le temps de cette soirée, tellement ces émigrés marocains de la première heure avaient soif de s'exprimer et avaient besoin de relater la "vraie" parole, partant de leurs propres expériences. C'est la voix qui manquait au chapitre de l'émigration marocaine en France, en Belgique, en Allemagne et dans d'autres continents.

Si le "SIEL 2010" a honoré les Marocains du monde en impliquant plusieurs écrivains, intellectuels et créateurs marocains vivant à l'étranger dans les débats sur la culture, en général, la restitution de la parole aux anciens travailleurs de l'industrie automobile et des gisements de charbon, témoins de coups de grisou et qui se rappellent avoir observé un arrêt de travail d'une semaine pour revendiquer des gants de travail, constitue l'un des moments forts de cette édition du Salon.

Quatre d'entre eux, des immigrés de France, outre une dame de la seconde génération vivant en Grande Bretagne, se sont ainsi, tour à tour, prêtés au jeu des questions-réponses de Zakia Daoud, qui animait la soirée, relayée par un parterre d'intellectuels et d'étudiants passionnés de l'histoire de l'émigration et de ses dimensions sociale, culturelle, religieuse et familiale.

Mohamed Amri, Abdellah Samate, Mustapha Idbihi et Mohamed Ouachekradi, ce dernier qui avait la chance de s'inscrire à la faculté, dans une revanche inachevée, avant de devenir ouvrier dans le secteur de l'automobile, outre Souad Talsi, se sont adonnés à la narration de leurs "romans-feuilletons".

Le point de départ était un départ à travers des réseaux ou par le biais de l'Office des Migrations internationales (OMI) vers des mines, pour certains, pour battre le charbon, une tache que la plupart des travailleurs du pays d'accueil ne voulaient pas accomplir, et, pour d'autres, c'était vers l'industrie automobile, comme destin.

Sur place, les conditions d'accueil et de logement étaient déplorables et le climat difficile à supporter: une chambre louée par ceux qui exploitaient la misère des nouveaux arrivants et 12 heures de travail par jour, y compris le samedi, se remémorent-ils, ce qui va rendre, dans une phase ultérieure, la réalisation du rêve du droit au regroupement familial incertaine du fait que le logement "décent" était une condition sine qua non, pour ce faire.

Bien sur, l'émigration à travers les réseaux ou l'OMI était entourée, au préalable, de conditions d'âge (18-28 ou 30 ans maximum), de célibat et d'acceptation de contrats de courte durée (18 mois en général) pour contourner le regroupement et "se débarrasser" au besoin des personnes atteintes de tuberculose ou d'autres maladies "professionnelles" non reconnues à l'époque en tant que telles, relatent certains d'entre eux, la mémoire fertile.

Même dans les cas où ils ont réussi, tant bien que mal, beaucoup plus tard à faire venir leur famille, les épouses n'arrivaient pas à s'adapter à la nouvelle situation et restaient donc cloisonnées chez elles. "C'est où la cuisine?", s'est demandée l'une d'elles au seuil de la chambre unique du couple faisant office de logement!

"Je devais lui acheter du pain et faire le marché, chaque jour avant d'aller au travail", raconte son époux, ajoutant que l'idée de retour au pays était, par conséquent, présente et posée tout le temps, mais jamais mise en exécution.

"Nous sommes une génération du va-et-vient, nous vivons dans +l'entre-deux+ et c'est une réalité qui doit être reconnue et traduite en droit", dit-il, ajoutant que "parti à 18 ans", l'enfance du Maroc lui manque énormément, c'est une sorte de blessure inguérissable.

Abdellah Samate, originaire de Taroudant, ouvrier totalement dévoué à son travail et décoré, par la suite, de la Légion d'honneur, plus haute distinction honorifique de la République française, pour ses activités syndicales et son combat pour les droits des travailleurs, se rappelle notamment que le chef d'atelier, qui lui tapotait gentiment l'épaule en disant : "Bravo Mohamed" (parce que tous les Arabes à l'époque étaient des Mohamed), a arrêté son cinéma dès qu'Abdellah a eu un accident de travail grave. Il a plutôt commencé à voir le moyen de le renvoyer au "bled", ce qui a suscité, en revanche, en Abdellah une prise de conscience de la nécessité de s'engager dans l'action ouvrière avec ses compatriotes et dans l'action syndicale française.

Il apporte son témoignage quant aux grandes grèves des Marocains des mines en 1962, 1968, 1980, et 1987.

Dans ce registre, son compatriote, Mohamed Ouachekradi, qui avait dans son CV une inscription à la faculté de sociologie, a saisi à bras-le-corps, l'action syndicale notamment au sein du "Mouvement des Travailleurs arabes" et, dans un deuxième temps, au sein de "l'Association des Marocains en France".

Cependant, tout n'est pas peint en noir. Ces ouvriers portent, en effet, en eux-mêmes, un riche apport culturel légué par les pays d'accueil, les traces des combats pour des droits démocratiques et égalitaires et pour des valeurs culturelles et sociales. Ils se déclarent, dans ce cadre, fiers des luttes menées par le grand philosophe français, Jacques Dérida, pour les droits des immigrés, et sont émus par son soutien et son engagement public aux côtés des immigrés marocains et maghrébins.

Ce rapprochement entre les penseurs et les ouvriers porte également l'empreinte du sociologue Pierre Bourdieu et d'autres intellectuels, qui se sont engagés dans le combat social, témoignent ces braves compatriotes dont certains se remémorent également de l'héritage de Mai 68 en France et son apport indéniable à la devise de la France : "Liberté, Egalité, Fraternité".

L'autre apport positif est l'espoir sur lequel ils ont vécu en tentant d'assurer la jonction des générations et en investissant dans la scolarisation et l'éducation de leurs enfants.

Résultat mitigé, pour certains, et mission réussie, pour d'autres qui constatent le succès d'un grand nombre des enfants de l'immigration dans leur vie professionnelle ou politique et dont certains sont devenus des parlementaires dans les pays d'accueil.

Source : MAP

La poétesse et traductrice marocaine, installée en France, Siham Bouhlal, réfute la catégorisation : "littérature de l'immigration" et "littérature de l'intérieur", faisant remarquer qu'elle n'écrit pas parce qu'elle est une "immigrée", mais pour satisfaire le besoin d'écrire.

Siham Bouhlal a indiqué, dans un entretien à la MAP, qu'elle écrit en français parce que les écrivains ou les créateurs ne choisissent pas leur langue d'expression, la langue s'impose d'elle-même.

Pour cet écrivain qui s'exprimait en marge de la 16ème édition du Salon international de l'Edition et du Livre (SIEL), l'écriture donne un sens à l'existence, citant à ce propos l'écrivaine française Marguerite Duras (1914-1996) qui affirmait: "J'écris pour ne pas mourir".

Vivant en France depuis plus de vingt ans, la poétesse, qui a publié récemment à Paris son premier récit "Princesse Amazigh" aux éditions "Al-Manar" précise, d'ailleurs, qu'elle est marocaine et française, en même temps.

Celle qui a déjà publié les recueils de poèmes, "Poèmes bleus" (Editions Tarabuste, 2005), "La tombe d'épines" (Editions Al-Manar, 2007) et "Corps Lumière " (Editions Al-Manar, 2008), précise que la question ne concerne pas la langue mais, plutôt, le contenu véhiculé par cette langue. Ce qui compte, pour elle, c'est la création en elle-même et les sensibilités du poète.

Tout en soulignant que l'écriture exprime les spécificités de chaque poète ou romancier, elle estime que la création authentique devient universelle et transfrontalière.

Quant à son attachement au patrimoine culturel arabe depuis son enfance, elle l'attribue au lien fort que sa mère avait avec la poésie. En effet, sa mère lui lisait des poèmes et l'a ainsi initiée à la poésie.

Siham Bouhlal exprime particulièrement sa reconnaissance au professeur, écrivain et spécialiste de la littérature arabe médiévale, Jamel-Eddine Bencheikh (1930-2005), qui l'a introduite, dit-elle, dans le monde de la littérature et qu'elle considère comme un modèle.

Et puis, "non seulement il m'a orientée vers la poésie, mais il m'a impliquée là-dedans. C'est lui qui a envoyé mes premiers poèmes aux maisons d'édition", précise-t-elle.

Jamel-Eddine Bencheikh, qui a également fait d'elle une passionnée du patrimoine culturel arabe, a accompagné une partie de sa production littéraire et a enraciné en elle le désir de faire connaître la civilisation arabe en Occident.

Le dernier roman de Bouhlal, "Princesse Amazigh ", qui a été présenté dans le cadre du programme culturel du "SIEL 2010", est tissé de souvenirs d'enfance, de réflexions sur l'amour, les rapports entre les hommes et les femmes et la religion.

Cet ouvrage de 112 pages vient ainsi enrichir la création de l'auteur qui travaille actuellement sur un nouveau recueil intitulé "Mort à vif".

Titulaire d'un doctorat en littérature de l'Université Paris-Sorbonne, Siham Bouhlal a traduit des textes médiévaux, comme elle a contribué, entre autres, à la réalisation de l'ouvrage "Amazigh ou voyage dans le temps berbère".

Source : MAP


A l'écart du Front national pour différentes raisons, des Lorrains et des Franc-comtois se sont réunis pour constituer deux listes aux prochaines élections régionales. Deux listes nationalistes qui n'ont qu'un objectif: dire non aux minarets.

Exister à tout prix. Exclus du Front national, ou déçus par l'attitude un peu moins provocatrice de Marine Le Pen, certains nationalistes ont décidé de se rassembler et de constituer deux listes autonomes pour les prochaines élections régionales. Leur programme tient en une phrase: "Non aux minarets". Ou comment surfer sur la médiatique votation suisse rejetant les édifices religieux musulmans.

Les Lorrains auront la possibilité de voter pour la liste "Non aux minarets", les Francs-comtois pour la "Ligue comtoise-non aux minarets". Ces listes regroupent des membres de la Nouvelle Droite populaire (NDP) de Robert Spieler - un régionaliste alsacien d'extrême droite -, du Parti de la France (PdF) de Carl Lang et du Mouvement national républicain (MNR) d'Annick Martin. Le but de leur engagement politique: transformer "cette élection en référendum local contre les minarets et (...) contre l'islamisation de notre société". Une politique simple (iste) et des arguments qui ne le sont pas moins. "Les gens qui vont voter pour un mouvement comme le nôtre, qui n'est pas très connu, ne nous attendent pas sur le plein-emploi. Le thème qui mobilise dans nos milieux, c'est l'islamisation, indique ainsi Roland Hélie, de la Nouvelle Droite populaire. Si on veut percer, il faut des slogans "radicaux" qui correspondent à ce que pensent nos électeurs potentiels."

Les associations scandalisées

Plusieurs citoyens avaient demandé le retrait de ces listes en raison d’une possible atteinte aux valeurs républicaines mais les préfectures ont déclaré qu'elles avaient été déposées dans des conditions conformes au code électoral et donc que rien ne justifiait une suspension ou interdiction d’être présentée aux électeurs. Des associations se sont aussi mobilisées, comme le Mrap (Mouvement contre le Racisme et pour l'Amitié entre les Peuples), dans un communiqué, qui indique que "l'objet de ces listes est manifestement illicite, puisqu'elles adoptent pour seul programme la discrimination sur une base religieuse". Le Mrap rappelle que "ces documents peuvent et doivent être attaqués en justice si des propos constitutifs de l'incitation à la haine, à la violence ou à la discrimination envers un groupe de personnes, défini par leurs origines ou leur appartenance à une religion déterminée, y sont tenus."

Même réaction pour le Conseil français du culte musulman (CFCM) qui "ne comprend pas qu'un tel enregistrement soit possible alors que le programme de ces listes est une apologie manifeste de la discrimination religieuse". Mohammed Moussaoui, le président du CFCM, "déplore profondément la validation de ces listes dont le programme peut nourrir la haine envers les musulmans de France". Une information qui intervient au lendemain de la décision du tribunal administratif de Marseille de rejeter mercredi un recours contre la candidate voilée du NPA (Nouveau parti anti-capitaliste, en Provence-Alpes-Côte d'Azur. Ilham Moussaïd pourra se présenter dans le Vaucluse. Quid des ultras nationalistes lorrains et francs-comtois?

Source : JDD


Google+ Google+