samedi 30 novembre 2024 06:44

La politique d’immigration menée sous l’égide Nicolas Sarkozy depuis son élection est-elle efficace et rationnelle au plan économique, ou s’agit-il seulement d’un affichage politique censé piquer des voix au FN?

«Nicolas Sarkozy se veut le champion de la “culture du résultat”. Le moment est donc venu d’évaluer cette culture à l’aune de ses résultat», ont annoncé hier des parlementaires de tous bords.

Concrètement, une vingtaine de députés - dont des députés européens - et sénateurs vont lancer un audit de l’action du gouvernement en matière d’immigration.

Ces élus relèvent que le Parlement va bientôt examiner un «nouveau projet de loi visant à réformer le code d’entrée et de séjour des étrangers et du droit d’asile (Ceseda)». «Cette cinquième loi en sept ans appelle à s’interroger: s’il faut au gouvernement vingt fois sur le métier remettre son ouvrage, ne convient-il pas désormais de demander des comptes à la politique d’immigration?», questionnent-ils.

Fer de lance de cette contre-expertise de l’action du gouvernement en la matière, l’association Cette France-là, créée en 2007 par un groupe d’universitaires, militants associatifs, journalistes. En mars 2009, ils ont publié un premier bilan critique de la politique française d’immigration sous forme d’un ouvrage également intitulé «Cette France-là». Le second tome sort, demain, en librairie.

A leur tour, et en association avec le collectif Cette France-là, des députés et sénateurs ont décidé de soumettre la politique d’immigration de Sarkozy, à une véritable évaluation. Ils sont une vingtaine de tous bords. De gauche évidemment, mais également de l’UMP comme Françoise Hostalier et Etienne Pinte, et du Modem avec Jean-Luc Bennahmias.

Pour donner du poids à leur initiative, ces élus vont demander officiellement la création d’une commission d’enquête parlementaire. Cette création nécessitant l’aval du gouvernement et des présidents de groupe, puis étant soumise au vote des parlementaires, il n’est pas sûr qu’elle aboutisse. A défaut, ces députés et sénateurs créeront un groupe de travail informel.

«En tant que parlementaires, nous avons chacun, de manière individuelle, un pouvoir de contrôle légal de l’action du gouvernement. Nous allons le mettre au pot commun», précise Daniel Goldberg, député PS.

Pour réaliser leur audit, les élus vont auditionner des responsables politiques, des syndicalistes, des représentants du patronat, des militants associatifs et des chercheurs.

Hier, ces parlementaires ont donné quelques indications sur les questions qu’ils entendent leur poser. «Je voudrais savoir quelles sont les politiques qui pourraient être mises en place pour prévenir les vagues migratoires qui sont devant nous», indique Françoise Hostalier. Martine Billard, député Gauche démocrate et républicaine, s’interroge, elle, sur «les bénéfices que retirent les entreprises qui utilisent des travailleurs sans-papiers». Richard Yung, sénateur PS, voudrait des précisions sur «l’efficacité des systèmes dits “de retour”». Les étrangers touchent une aide pour rentrer chez eux. Daniel Goldberg souligne que beaucoup d’étrangers en situation irrégulière travaillent dans le champ de «l’aide à la personne». «Comment peut-on faire sans eux?» s’inquiète-t-il.

L’audit prendra la forme d’un rapport dont la date de la parution - ainsi que le calendrier des auditions - seront précisés le 4 mai, date du lancement officiel de cette opération vérité.

Source : Libération

Qui sont ces femmes qui constituent la moitié des 214 millions de migrants dans le monde ? Quels sont leurs parcours, leurs aspirations ? Même si le regroupement familial demeure un motif important de déplacement, la migration des femmes s'opère de plus en plus en solo. Telle est l'observation qui ressort non pas des chiffres, très rares sur cet aspect de la migration, mais des études sociologiques.

49 % des migrants seront des femmes en 2010

Selon les Nations unies, les femmes représenteront 49 % des migrants en 2010, contre 49,4 % en 2000. C'est en Europe que leur part est la plus élevée (52,3 %), suivie de l'Océanie (51,2 %) et du continent américain et des Caraïbes (50,1 %). En Afrique en revanche, la migration concerne en majorité les hommes - les femmes ne sont que 46,8 % -, comme en Asie (44,6 %) où il existe cependant de fortes disparités : plus de 70 % des migrants en Indonésie sont des femmes.

Dans Migrer au féminin (PUF, 192 pages, 15 euros), à paraître le 16 avril, Laurence Roulleau-Berger, directrice de recherche au CNRS, lève un coin du voile sur les parcours de quelque 187 femmes venues de Chine, d'Afrique subsaharienne et du Maghreb, ou d'Europe centrale et orientale et installées en France depuis moins de dix ans. La sociologue a également interviewé certains de leurs employeurs.

Trait commun à toutes ces femmes, leur migration, assure Mme Roulleau-Berger, témoigne d'une conquête de leur autonomie. Même si les raisons économiques sont assurément à la base de leur départ, "le désir de se réaliser" n'est jamais très loin. "Ces femmes en migration ont décidé de partir pour accéder au "gouvernement d'elles-mêmes"", assure la sociologue, en reprenant une expression du philosophe Michel Foucault.

Leur position sur le marché du travail dépend de leur capacité à parler ou pas la langue du pays d'accueil. "Si elles se trouvent en insécurité linguistique, la première étape sera très souvent de travailler dans une enclave ethnique." Toutes les communautés possèdent l'équivalent de leur "Chinatown" qui distribue le travail dans les entreprises contrôlées par la diaspora, dans le textile ou la restauration.

La "niche ethnique" constitue un pas de plus vers l'intégration. Contrairement aux enclaves, les employeurs sont des nationaux et les populations étrangères y sont mixées entre différentes nationalités et origines, comme dans les entreprises de nettoyage.

"Les employeurs contribuent à la formation de niches ethniques et pluriethniques en favorisant l'embauche de femmes en migration originaires d'un même pays", écrit Mme Roulleau-Berger. Parfois avec des raisonnements à la limite du racisme. "Je me suis retrouvé avec cinquante Laotiennes et quinze Françaises. Alors pourquoi ça a bien marché ? Parce que je pense que les Asiatiques ont une culture de l'entreprise, de la famille, une culture de la qualité (...). Tout ce dont on a besoin, ces gens l'ont en eux (...). Elles sont contentes aussi car je paye à la pièce. Donc, certaines emportent leurs pièces à la maison et elles continuent de les faire le soir", raconte ce patron d'une entreprise de produits pharmaceutiques de Marseille.

DES COMMERÇANTES

Entre les femmes sans papiers, en grande insécurité sociale, celles recrutées dans les services d'aide à la personne (garde d'enfants, soins aux personnes âgées, etc.) dont l'Europe vieillissante a besoin et les femmes très qualifiées qui composent une partie des élites internationales, la sociologue fait également apparaître des commerçantes qui traversent la planète.

A l'image de ces Africaines qui font du commerce de bijoux ou de vêtements qu'elles vont chercher en Arabie saoudite et en Italie et viennent revendre en France ou au Sénégal, ces migrantes "fabriquent de la globalisation et à d'autres moments en sont l'objet", commente la sociologue.

Comme la Sénégalaise Tyffanie : "J'ai commencé à faire des économies pour faire du commerce de produits cosmétiques que nous exportons au Sénégal. Nous les achetons en Italie, aux Etats-Unis et récemment nous avons commencé la vente de bijoux fantaisie que nous achetons en Chine (...). Je voyage beaucoup et je travaille avec d'autres gens, des Sénégalais et d'autres nationalités qui sont sur place dans les pays où je vais, cela facilite mes voyages et mes déplacements pour l'achat de marchandises."

Ces "entreprises ethniques" ne peuvent en effet fonctionner sans des réseaux de ce genre, typiques d'une "mondialisation par le bas" et dont les femmes disposent dans leur pays d'origine. Un capital qui, à défaut d'être sonnant et trébuchant, n'en est pas moins fondamental.

Source : Le Monde

Sur proposition de M. Stefaan De Clerck, ministre de la Justice, le Conseil des ministres a approuvé un avant-projet de loi qui mofidie le Code de la nationalité belge. L'avant-projet est basé sur l'accord gouvernemental de mars 2008, qui prescrit une législation plus objective et plus neutre en termes d'immigration.

Concrètement, seuls les étrangers qui séjournent régulièrement et légalement en Belgique peuvent introduire une déclaration ou une demande d'acquisition de la nationalité belge.

L'acquisition de la nationalité belge par naturalisation est réformée sous trois aspects :

Les conditions d'accès deviennent plus rigoureuses

L’étranger doit être en séjour illimité au moment de sa demande

L’étranger doit démontrer sa volonté d'intégration sur la base de deux éléments jugés essentiels : la connaissance d'une des langues nationales et la participation à la vie de la communauté d'accueil

Le champ d'application de la déchéance de la nationalité belge est étendu aux personnes qui sont condamnées pour des infractions faisant preuve d'une hostilité évidente à l'égard de la société belge ou qui ont été commises grâce à la possession de la nationalité belge. Les personnes qui ont acquis la nationalité belge sur la base d'un mariage blanc peuvent également en être déchues.

Source : International press center Brussels

Des cinéastes marocains, réunis dimanche au Caire dans le cadre d'une conférence sur la réalité et les perspectives du cinéma marocain, ont plaidé pour une implication effective du secteur privé pour assurer une large distribution du film marocain dans le monde arabe, notamment en Egypte.

Intervenant lors de cette conférence, organisée en marge de la semaine du film marocain, le réalisateur Chakir Lakhlifi a insisté sur la nécessité de l'ouverture des Egyptiens sur d'autres expériences cinématographiques, comme celle du Maroc.

Tout en rappelant l'histoire du cinéma marocain, qui vient de fêter son 50ème anniversaire, le cinéaste a souligné que le cinéma est un art qui puise sa force et sa richesse essentiellement dans l'image, en faisant allusion aux reproches selon lesquelles la question du langage utilisé (dialecte) est la principale cause qui entrave la distribution des oeuvres cinématographiques marocaines en Egypte.

Dans ce sens, il a relevé que l'organisation de davantage de manifestations et de semaines culturelles et cinématographiques marocaines en Egypte ainsi que le recours au doublage et au sous-titrage sont de nature à contribuer à surmonter la question du langage utilisé dans les films.

Pour sa part, l'actrice marocaine, Sanaa Mouziane, a mis l'accent sur la "renaissance que connaît le cinéma marocain au cours des dernières années", rappelant la qualité des productions cinématographiques qui ont raflé des prix dans plusieurs festivals internationaux à travers le monde, ainsi que le nombre de plus en plus croissant des films produits chaque année.

Tout en déplorant les difficultés de distribution rencontrées par le film marocain en Egypte, elle a préconisé une diffusion des productions marocaines par les chaînes de télévisions locales en vue de rapprocher et faire connaître la culture et le dialecte marocains au citoyen égyptien.

L'actrice marocaine a appelé aussi à la réalisation de productions conjointes pour surmonter les difficultés de distribution du film marocain en Egypte.

L'actrice marocaine Karima Badaoui a, quant à elle, qualifié de "riche" le cinéma marocain qui reflète différentes tendances et régions du Royaume, insistant dans ce sens sur le rôle du secteur privé pour assurer une large distribution de ces productions.

Elle a aussi plaidé pour des partenariats avec des sociétés de production dans le monde arabe et la réalisation de productions conjointes pour renforcer les efforts déployés par le Centre Cinématographique Marocain.

L'ouverture de cette semaine, à laquelle a assisté l'ambassadeur du Royaume au Caire, Mohamed Faraj Doukkali, a été marquée par la projection du film "en attendant Pazolini" de Daoud Aoulad-Syad.

Le programme de cette manifestation, organisée par l'ambassade du Maroc au Caire avec l'objectif de mettre l'accent sur les expériences réussies du cinéma marocain, sera ponctué également par la projection d'"Islamour" de Saad Chraibi, "les anges de Satan" d'Ahmed Boulane, "Où vas-tu Moshé?" de Hassan Benjelloune et "la beauté éparpillée" de Hassan Zinoune, ainsi que "Ali Zaoua" de Nabil Ayyouch.

Selon les organisateurs, cette manifestation permettra d'informer le public égyptien de l'essor qu'a connu le cinéma marocain au cours de la dernière décennie.

Source : MAP

Depuis une semaine, des parents se relaient à Lyon pour occuper une école du quartier de la Guillotière, et tenir compagnie à un père de famille au centre de rétention. Ils veulent obtenir la libération et le maintien en France de Guilherme Hauka-Azanga, Angolais de 45 ans, arrivé en France il y a huit ans, dont les enfants sont scolarisés à l’école Gilbert-Dru (7e arrondissement). Une audience est prévue ce matin après l’appel par le parquet du refus, dimanche, de la prolongation de sa rétention...

Asile. Depuis le centre de rétention où Libération l’a rencontré dimanche, il raconte qu’il a fui son pays juste après la mort de Jonas Savimbi, ancien chef de l’Unita, mouvement rebelle replié dans le nord du pays. Il a appris deux ans plus tard la mort de son ex-compagne, d’une crise cardiaque après s’être fait tirer dessus. «Là-bas, explique-t-il, quand tu portes un vêtement avec le coq [l’emblème de l’Unita, dont le chef était surnommé «le Coq noir», ndlr], ils te disent qu’ils veulent pas te tuer, seulement tirer sur le coq.» Ses deux plus jeunes enfants ont disparu après la mort de leur mère et les trois aînés se trouveraient en république démocratique du Congo, sous l’autorité parentale d’une religieuse catholique.

A Lyon, Guilherme a eu deux enfants, avec Florence, qui est en situation régulière et souffre d’un sérieux problème de thyroïde. Ils élèvent également les deux premiers enfants de celle-ci. Après plusieurs refus d’asile politique, Guilherme a refusé en janvier d’embarquer à bord d’un avion pour être expulsé. Ce qui lui a valu deux mois de prison à Corbas, maison d’arrêt proche de Lyon sur le chantier de laquelle, ironie du sort, il avait travaillé au noir quelques mois plus tôt.

Couverture. A sa sortie, des policiers sont venus le chercher, sans lui laisser le temps de voir sa compagne et son avocat, ou de prendre des affaires. Il s’est recouvert de matières fécales pour éviter d’être expulsé, mais des policiers l’ont enveloppé d’une couverture avant de le sangler. Un pilote a refusé de continuer le voyage dans ces conditions après une escale en Allemagne. La préfecture a demandé la prolongation de cinq jours de sa rétention, le temps d’organiser une nouvelle expulsion. Un juge de la liberté et de la détention (JLD) a refusé et le parquet a fait appel. Cela doit être jugé ce matin.

Le JLD s’appuie entre autres sur l’article 8 de la convention européenne des droits de l’homme, qui garantit le droit au respect de la vie familiale. La préfecture répond que l’homme a des attaches en Angola, et qu’elle doute de «l’ancienneté» et de «l’intensité» de ses liens familiaux en France. Les parents de l’école Gilbert-Dru répondent qu’ils sont «une bonne centaine» à pouvoir témoigner que «M. Hauka-Azanga accompagne et va chercher [ses enfants] à l’école et à la crèche chaque jour». Ils devraient être nombreux ce matin devant la cour d’appel.

Source : Libération.fr

Depuis 2002, pas moins de cinq lois sur l'immigration se sont succédées, toutes sous l'impulsion de l'actuel président de la République. Largement critiquées lors de leur adoption, elles ont toutes, l’une après l’autre, réduit considérablement les droits des immigrés en France.

Si le texte actuel prétexte une transposition des directives européennes en droit Français pour compléter les réformes entreprises par Nicolas Sarkozy depuis 2002 en matière d’immigration, il donne aussi plus de gage à l’ancien membre du Parti socialiste qui, largement critiqué depuis son arrivée au gouvernement, cherche à asseoir sa légitimité rue de Grenelle tout en justifiant auprès de l’opinion publique le lancement il y a quelques mois par la majorité d’un "débat sur l’identite nationale" jugé par beaucoup comme "inutile" voire "nauséabond". De son côté, le président de la République, en difficulté dans son propre camp, tente de rassurer son électorat traditionnel après la débâcle de la droite aux élections régionales et le bon score du FN.

Impulsé par la réforme de l'immigration dessinée en 2003 par l’actuel chef de l’Etat, alors ministre de l'Intérieur, le texte d’Eric Besson, d’inspiration sarkozyste, durcit de façon considérable les conditions de séjour en France des immigrés, et à l’image des lois sur l'immigration qui l’ont précédé, il est dores et déjà dénoncé par les associations comme "liberticide".

Critiqué encore par l’opposition, le projet de loi ainsi présenté fera peut être, avant d’être adopté, comme il est d’usage depuis 2002 en matière d’immigration, l’objet de modifications substantielles, soit de la part du Parlement, soit du Sénat, soit, le cas échéant, du Conseil constitutionnel.

Dans ces hypothèses, il est fort à croire que les polémiques masqueront les aspects juridiquement plus techniques, donc plus discrets, de la future loi, qui, si elle est validée, ajoutera à la législation déjà en vigueur des dispositions encore plus répressives à l’égard des immigrés.

"Rétrograde"

Déjà, sept ans plus tôt, lors de la présentation de la future loi relative à la maîtrise de l'immigration du 26 novembre 2003, dite loi Sarkozy I, l’opposition montait au créneau, dénonçant avec force une loi jugée "rétrograde". Mais elle n’obtint que quelques maigres consolations et la première grande réforme de la législation en vigueur en matière d’immigration passa sans accroc.

Le contraire aurait été étonnant. Créée dans un climat politique délétère, marqué par l'accession au second tour des Présidentielles, quelques mois plus tôt, du leader du Front national Jean-Marie Le Pen, au détriment du candidat d’une gauche minée par les divisions Lionel Jospin et au bénéfice de Jacques Chirac, réélu à la tête de l'Etat avec un score sans appel de 82,26%, la loi s’inscrit dans la continuité logique d’une campagne politique légitimée par les bons résultats de la droite aux élections.

Elle prévoit notamment un allongement des délais de rétention, la création d'un fichier d'empreintes digitales et de photos établi à partir des demandes de visas, un renforcement des peines en cas d'aide à l'entrée et au séjour irrégulier, et un alourdissement des sanctions en cas d'emploi d'un étranger démuni d'autorisation de travail.

À l'époque, les sénateurs et députés de l'opposition, qui contestent une quinzaine d'articles, saisissent le Conseil constitutionnel. Par une décision en date du 21 novembre, celui-ci retouche en partie le texte, annulant par exemple une disposition de la loi qui fait le plus polémique car elle vise à légaliser les statistiques ethniques. Mais, d’un autre côté, il valide le dispositif offrant au maire le pouvoir d’enregistrer sur un fichier informatique les certificats d'hébergements nécessaires à l'étranger désirant entrer pour un court séjour sur le territoire français, dispositif que le groupe socialiste à l'Assemblee nationale désigne pourtant comme étant un "contrôle aggravé" sur la vie privée et familiale des étrangers.

Malgré la validation par les "Sages" des dispositifs les plus techniques, la Ligue des droits de l'homme se félicite que le Conseil constitutionnel ait "gommé quelques-unes des dispositions les plus scandaleuses" regrettant toutefois qu’il ait "consacré un droit d'exception au préjudice des étrangers", tandis que les sénateurs socialistes expriment "leur satisfaction de voir invalider des points fondamentaux de la loi Sarkozy".

D’autant que le Conseil constitutionnel censure également une partie de l’article 76 de la loi, relatif cette fois au contrôle de la réalité du consentement des futurs époux qui assimile l'irrégularité de séjour à un indice sérieux de "mariage blanc" en vue d'obtenir des papiers.

Une "victoire", donc. Mais de courte durée. Car Nicolas Sarkozy promet déjà d'élaborer "un nouveau texte tenant compte des observations du Conseil mais permettant aux autorités publiques d'agir" en matière de mariage blanc.

La loi la "plus restrictive qu’ait jamais connu la France"

Ce texte arrivera trois ans plus tard, le 14 novembre 2006, dans le cadre de la loi n°2006/1376 relative au contrôle de la validité des mariages blancs.

Entre temps, la loi du 24 juillet 2006, "relative à l’immigration et à l’intégration", nommée également loi sur l’immigration "choisie", ou loi Sarkozy II, a été adoptée.

Dès la présentation de la loi, le monde associatif se focalise sur le concept d’immigration "choisie", qu’il juge "scandaleux", mais grâce auquel le ministre de l’Intérieur et de l’aménagement du territoire souhaite faciliter la venue et le travail des étudiants étrangers les plus diplômés - qui bénéficieront d’une carte “Compétences et talents” - tout en durcissant les conditions d’entrée de tous les autres.

Dénonçant une loi qu’elles considèrent comme la "plus restrictive qu’ait jamais connu la France depuis la Seconde guerre mondiale", différentes associations, dont Médecins du Monde, la Cimade ou encore le Gisti, se réunissent autour d’un collectif et accusent le gouvernement, dans une tribune publiée dans le quotidien Libération, de sacrifier "l’avenir du vivre ensemble en donnant des mauvaises solutions à des faux problèmes pour de mauvaises raisons”.

Elles critiquent également le durcissement du regroupement familial et les propos du locataire de la place Beauvau, notamment au sujet des travailleurs sans-papiers, qui avait déclaré: "Les étrangers qui travaillent illégalement en France ont vocation à être expulsés".

Mais le ministre de l’Intérieur est en campagne pour l'élection présidentielle de 2007. Il n’aura qu’une réponse à la grogne associative : "les Français savent que les violences qui ont éclaté dans nos banlieues à l’automne dernier ne sont pas sans rapport avec l’échec de la politique d’immigration et d’intégration".

Moins d’un an plus tard, Nicolas Sarkozy est élu président de la République.

Hortefeux et les test ADN

A la tête du tout nouveau ministère de l'Immigration et de l'Identité nationale depuis moins de six mois, Brice Hortefeux, l'ami fidèle de Nicolas Sarkozy, ajoute à son tour une pierre à l’édifice UMPiste de lutte contre l’immigration, en proposant, en octobre 2007, une modification du Code de l'entrée et du séjour des étrangers et du droit d'asile (CESEDA). Le texte reprend largement les orientations fixées par la lettre de mission du président fraîchement élu. Parmi les 64 articles, l'amendement Mariani impose des tests ADN aux migrants souhaitant rejoindre un membre de leur famille résidant en France. Il provoque un tollé. Politiques de gauche et de droite, soutenus par de nombreux intellectuels, contestent vivement le principe : "On sait l'usage qu'ont fait les nazis de la génétique", déclare l'ancien ministre de l'Intérieur Charles Pasqua. "Jeter le doute dans bien des familles qui n'en ont pas besoin est une chose extrêmement dangereuse", s'indigne de son côté l'ancien Premier ministre socialiste Michel Rocard.

Le Conseil constitutionnel est saisi par 60 députés et 60 sénateurs de l'opposition. La contestation atteint son apogée le 14 octobre, lors d'un concert-meeting organisé par Sos Racisme, Libération et Charlie Hebdo, rassemblant politiques et artistes dans un Zénith plein à craquer. L'opinion semble suivre, laissant penser à un retrait du texte. D'autant plus que la majorité est divisée, comme l'illustrent les tensions entre Patrick Devedjian, alors secrétaire général de l'UMP, et Fadela Amara, secrétaire d'Etat chargée de la politique de la ville et emblême de l'ouverture, qui juge "dégueulasse qu'on instrumentalise l'immigration".

Mais malgré l'énorme polémique, le scepticisme d'une partie de la droite et la mobilisation de l'opposition, l'article 13 ne disparaît pas du projet de Brice Hortefeux. Après de vifs débats au Sénat, le texte est seulement amendé : le principe des tests génétiques est maintenu, mais prend la forme d'une expérimentation facultative, dont l'application est incertaine. Une fois modifié par le Sénat, il est déclaré conforme par le Conseil constitutionnel. Bien que les "Sages" émettent quelques réserves, ils estiment "qu’en limitant la nouvelle faculté de 'test ADN' à l’établissement d’une filiation avec la mère", les parlementaires ont pris en compte les principes de valeur constitutionnelle.

L'opposition n'a pas su convaincre l'opinion : 49% pensent que le test ADN est "une bonne chose". Ironiquement, la polémique a focalisé les débats sur le seul article 13 du projet de loi, faisant passer en toute discrétion les 64 autres articles. Malgré la protestation des associations, sont adoptées:

- l'exigence des conditions de ressources pour les handicapés demandant le regroupement familial,

- la mise sous tutelle des prestations familiales en cas de non-respect du contrat d'accueil et d'intégration,

- la non-motivation des obligations de quitter le territoire français .

Seul l'article 63 prévoyant de mettre en place des statistiques éthniques est jugé non conforme par le Conseil constitutionnel, qui rappelle que les données utilisées pour les études de la diversité doivent être objectives et "ne sauraient reposer sur l'origine ethnique ou la race".

En septembre 2009, cependant, Eric Besson provoque la colère des parlementaires UMP en annonçant sans les prévenir son refus de signer les décrets d'application sur les tests ADN. Lors d'une réunion du groupe UMP, l'explication, virile, entre les députés et le ministre d'ouverture, tourne au règlement de compte, et la légitimité de l'ancien socialiste est mise en doute. "J'ai l'impression que c'est comme au PS ici : les soutiens sont privés et la critique est publique. J'ai reçu beaucoup de mails et de SMS de soutien", se défend Eric Besson. Pourtant celui-ci, contre toute attente, obtient le soutien de Nicolas Sarkozy qui déclare : "Les tests ADN, ça ne sert à rien. C'est stupide". Un revirement de position que les observateurs attribuent à l'influence de Carla Bruni. Au final, les tests ADN auront uniquement servi de chiffon rouge, en focalisant l'opinion sur un amendement parmi soixante-quatre articles d'une loi réduisant considérablement les libertés.

Changement de cap

Après la confirmation par Nicolas Sarkozy qu'aucun changement de cap n'était prévu malgré la débacle de son camp aux élections régionales, Eric Besson, en disgrâce depuis l'échec de son débat sur l'identité nationale, propose donc aujourd'hui une réforme ayant tout pour plaire aux élus UMP souhaitant renouer avec leur électorat traditionnel. Mais alors que la droite est en proie à des divisions certaines, qui peut dire ce qui adviendra de cette loi lors de son examen au Parlement ?

Portant de 30 à 45 jours la durée de rétention des étrangers expulsables, le texte prévoit la possibilité d'assortir l'expulsion d'une interdiction de retour sur le territoire français pour une durée pouvant aller jusqu'à trois ans. La Cimade, Emmaüs et le Secours Catholique ont dénoncé dans une tribune au Monde cette "double peine" dont on "sait déjà qu'elle n'aura d'autre effet que de créer et de perpétuer des situations de précarité". Transposition dans le droit français de trois directives européennes, le nouveau dispositif prévoit la création d'une zone d'attente temporaire quand un groupe d'étrangers a franchi la frontière en dehors d'un point de contrôle. Autre signe de durcissement de la loi : même en possession d'un visa en cours de validité, un étranger peut être reconduit à la frontière s'il présente une menace pour l'ordre public. Par ailleurs, l'acquisition de la nationalité française sera conditionnée à la signature d'une "charte des droits et devoirs du citoyen", une préconisation du séminaire gouvernemental sur l'identité nationale. Le non-respect du Contrat d'accueil et d'intégration par lequel le migrant s'engage notamment à apprendre la langue française et à respecter les valeurs républicaines peut entraîner le non-renouvellement du titre de séjour d'un an.

Concrétisation de la politique d'immigration choisie du président Nicolas Sarkozy, le texte introduit le premier titre de séjour européen au bénéfice des travailleurs "hautement qualifiés" (minimum bac+3), valable dans les 27 pays de l'UE. Se présentant comme l'artisan d'une "politique équilibrée" entre "fermeté et humanité", Eric Besson prévoit de récompenser les étrangers qui auront accompli des efforts d'intégration. Alors que les manifestations de travailleurs sans-papiers se sont multipliées ces derniers mois, le projet de loi a prévu des sanctions pénales, financières et administratives contre les personnes et les entreprises qui embauchent des étrangers démunis de titre de séjour.

Dores et déjà le Parti socialiste a annoncé qu'il s'opposerait au Parlement à ce texte qu'il qualifie de "restriction inacceptable des droits des immigrés". Selon le parti d'opposition, le texte est "marqué par une grave restriction des prérogatives du juge de la détention et des libertés avant une décision de reconduite à la frontière". Il dénonce "une loi anti-juge autant qu'une loi anti-immigré. Reste à voir si cette fois, contrairement aux lois précédentes, les polémiques ne prendront pas le pas sur des mesures qui discrètement réduisent les droits des immigrés. "Derrière la technicité du texte se cachent des dispositions qui portent une atteinte grave aux droits des migrants" a déjà mis en garde le Mouvement contre le racisme et pour l'amitié entre les peuples.

Source : Le Nouvel Observateur


Les moyens de renforcer davantage les relations de partenariat entre le Maroc et l'Union Européenne (UE) ont été au centre d'un entretien, lundi à Rabat, entre le ministre des Affaires étrangères et de la Coopération, M. Taib Fassi Fihri et le président du groupe du Parti Populaire Européen (PPE), M. Joseph Daul.

Les discussions entre les deux parties ont également porté sur la situation dans le bassin méditerranéen, l'Union pour la Méditerranée (UPM) et les derniers développements survenus sur la scène régionale et internationale.

"Nous avons aussi examiné les grands défis à relever par le Maroc et l'UE", a indiqué à la presse M. Daul, qui effectue sa première visite au Maroc dans le cadre d'une tournée méditerranéenne.

Plusieurs questions relatives à la politique méditerranéenne de voisinage, la lutte contre le terrorisme, l'immigration clandestine et la pauvreté ont été évoquées lors de cette entrevue, a-t-il ajouté, qualifiant les relations Maroc/UE de "stratégiques".

De son côté, M. Fassi Fihri a fait savoir que la visite du président du groupe PPE au Parlement européen, qui s'inscrit dans le cadre du Statut avancé accordé par l'Union au Royaume, a permis aux deux parties d'échanger les idées et les points de vue sur plusieurs dossiers d'intérêt commun.

"Le Maroc est une voix très écoutée au sein des institutions européennes", a ajouté le ministre des Affaires étrangères, faisant état de la création prochaine d'une commission parlementaire mixte maroco-européenne avec pour objectif de promouvoir et approfondir les relations stratégiques tissées entre les deux parties.

Et d'ajouter que la rencontre avec M. Joseph Daul a été l'occasion d'aborder plusieurs questions ayant trait à la sécurité et la stabilité dans la rive sud de la Méditerranée ainsi qu'à la situation au Maghreb et au Moyen-Orient.

Source : Le Matin/MAP

"Médias et dialogue dans la Méditerranée", est le thème d'un séminaire international prévu les 7 et 8 avril à Séville (Sud de l'Espagne), à l'initiative de la Fondation des Trois Cultures de la Méditerranée et de la Fondation Anna Lindh.

Ce séminaire sera marqué par la présentation des conclusions d'une étude réalisée par la Fondation Anna Lindh sur l'image du monde arabe et musulman dans la presse espagnole, selon un communiqué de la Fondation des Trois Cultures de la Méditerranée.

Ce projet de recherche s'est basé sur une analyse des contenus publiés, durant le premier trimestre de 2007, par les principaux quotidiens espagnols (El Pais, El Mundo, La Razon, ABC, La Vanguardia et El Periodico de Cataluna) sur le monde arabe et musulman.

Il a été procédé, dans le cadre de cette initiative, à une étude de contenu qualitative et quantitative de la production de ces publications espagnoles avec une visée exploratrice, ajoute la même source.

L'objectif final était d'établir un cadre analytique pouvant être extrapolé, dans des développements ultérieurs, à l'ensemble de la production médiatique espagnole et internationale.

A l'occasion de ce séminaire, la Fondation Anna Lindh présentera ses prix journalistiques ouverts à la participation des 43 pays membres de l'Union pour la Méditerranée (UPM) dans leurs cinq catégories : article sur papier, blog en ligne, production radiophonique, production télévisuelle et reportage sur les conflits.

"Journalisme culturel et d'enquête dans la Méditerranée", "la vision arabe et occidentale des conflits à travers les médias", "société, culture et religion à travers les médias", "la culture des blogs et les revues culturelles", "l'Islam et les processus de radicalisation des médias" et "la femme dans les médias arabes et occidentaux", sont les thèmes qui seront abordés lors de cette rencontre.

Créée en 1992, la Fondation des Trois Cultures a pour objectif central le rapprochement entre les peuples et les cultures de la Méditerranée, dans un esprit de paix, de tolérance et de dialogue.

La Fondation Anna Lindh est une institution partagée par les quarante trois pays de l'UPM dont le but est de contribuer au rapprochement des populations des deux côtés de la Méditerranée afin de promouvoir l'entente entre les cultures et de soutenir la société civile qui consacre ses efforts au développement d'un avenir commun pour la région.

Source : MAP

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