Le Koweït et l'Arabie Saoudite s'apprêtent à réduire d'une manière drastique le nombre d'immigrants présents sur leur sol. Sur deux millions d'immigrés le Koweït se fixe comme objectif de réduire leur nombre à un million dans les dix années à venir.
Au même moment l'Arabie Saoudite affiche sa ferme intention d'expulser les immigrés en situation irrégulière avec l'introduction d'une mesure restrictive concernant la législation du travail. Dorénavant un étranger ne peut plus avoir sa propre activité commerciale, il sera dans l'obligation de travailler uniquement pour son ''Kafil'' saoudien. Ainsi la peur s'est emparée des immigrés, objet de contrôles de police et de mauvais traitements depuis l'annonce par les autorités saoudiennes de ses mesures drastiques. Certains se terrent chez eux, d'autres ferment leurs boutiques. Des informations font état de véritables chasses à l'immigré.
La psychose gagne les communautés pakistanaise et indienne très présentes en Arabie Saoudite, Mais pas seulement : le Yémen, le pays arabe le plus pauvre du Golfe, s'inquiète pour sa population immigrée. On avance le chiffre de 200 000 à 300 000 yéménites que l'Arabie Saoudite s'apprête à expulser dans les prochains mois.
Au Maroc, des observateurs optimistes estiment que cette nouvelle politique migratoire saoudienne pourrait profiter aux candidats marocains à l'immigration, qui pourraient remplacer ces départs massifs. Ils mettent en évidence l'excellente relation qu'entretient le Maroc avec l'Arabie Saoudite, et la bonne image des migrants marocains qui plaident en leur faveur.
Une gouvernance migratoire comme une arme politique
Pour mémoire, en 1990, l'Arabie Saoudite avait expulsé 800 000 Yéménites par mesure de rétorsion contre le soutien apporté par le Yémen à l'invasion du Koweït par l'Irak de Saddam Hossein.
Au sujet de ce nouveau cap, l'argument officiel avancé est la préférence nationale en matière d'emploi. Avec comme objectif d'obliger les entreprises saoudiennes à embaucher des saoudiens et de prévenir parallèlement des éventuelles grognes sociales dans un contexte de révoltes qui secouent le monde arabe. D'un autre côté, le renvoi des milliers de travailleurs chez eux, dont les pays d'origine seraient privés de ressources en devises, peut s'avérer être une source de déstabilisation, voire une véritable poudrière dans une situation de crise économique mondiale.
La gouvernance mondiale de l'immigration ne peut être que restrictive
Dans un contexte de crise économique mondiale, la fermeture des frontières et le repli sur soi deviennent monnaie courante. L'Espagne, étranglée par le chômage et la crise vient de lancer une campagne de retour volontaire des immigrés dans leur pays d'origine.
L'arrivée des socialistes au pouvoir en France n'a pas changé radicalement la donne : acculés par une opinion publique hostile et par des positions de fermeté de la droite conservatrice, il n'y a pas eu de miracle en matière de régularisation des sans papiers. La montée en puissance des mouvements nationalistes d'extrême droite, qui prônent le rejet des étrangers, s'est généralisée dans pratiquement toute l'Europe.
Une gouvernance mondiale positive de l'immigration est pour l'instant un vœu pieux. Nous sommes bien en présence de gouvernances unilatérales soumises aux impératifs du principe de souveraineté nationale et de contrôle des frontières.
Hamid Soussany